mercredi 29 novembre 2006

Le retour de l'ennui

Bon d'accord c'était rigolo d'avoir annoncé la naissance de Sigmund à toute la famille. Hier soir j'avais encore ma mère au téléphone pour me transmettre les félicitations de cousines dont j'ignorais jusqu'à présent l'existence. J'ai l'impression que mes parents font des recherches poussés dans l'arbre généalogique de la famille pour trouver des personnes à qui l'annoncer. Je vois déjà la tête de l'arrière-petit-petit fils du frère de mon nouvel ancêtre Georgi le boucher (le roumain dont j'ai déjà parlé) quand ma mère va lui téléphoner avec des trémolos dans la voix. J'suis pas sûr qu'il sache ce qui lui arrive. Le pire c'est que ça ne va pas déranger ma mère qui va lui expliquer les beautés de son petit fils sur l'échographie. Brèfle.

C'était rigolo, mais maintenant je pressens le retour de l'ennui jusqu'à la deuxième échographie. A part peut-être l'arrondissement de bidon que je pourrais m'amuser à photographier. Ben oui c'est vrai on trouve bien sur internet des dingues qui se photographies tous les jours pour faire un film accéléré de leurs changement de têtes, pourquoi je ferais pas un film où l'on verrait le bidon de ma bien-aimée s'arrondir d'un coup comme une baudruche qui se gonfle ? Du coup on m'appellerait Paco l'infaillible, je pense... D'un autre coté j'ai pas que ça à foutre que de photographier un bidon, j'ai du boulot je vous rappelle, toutes ces prises électriques à réparer ça me fout le bourdon d'avance. Non, y'a pas à dire, on est parti pour se faire chier dans les mois qui viennent, c'est lassant cette grossesse.

Y'a peut-être un petit espoir du coté de la famille quand même ; c'est vrai quoi, l'annonce va forcément générer un peu de pression. J'compte là dessus pour que ce soit un peu sportif sinon c'est à désespérer. je vais bien avoir un appel du cousin Georgi pour me féliciter et m'annoncer qu'il débarque pour faire du tourisme à Paris. Je vais bien avoir une tripotée d'arrière-tantes relous qui vont m'appeler pour des conseils à la noix ; vu ma région d'origine, ça va tourner autour de l'utilisation de vinasse et d'ail dans les biberons des bébés, je sens. M'étonnerait pas qu'on me conseille de frotter le cul de Sigmund tous les matins avec de l'huile d'olive de Nyons, ou qu'on me suggère fortement (sous peine de double fracture du genou) de tremper chaque jour le doudou du minot dans une décoction d'ail. Et j'magine qu'il faudra obéir à la belle-famille et rajouter du nuoc-mâm dans la décoction d'ail et des crevettes séchés dans le biberon).

D'un autre coté j'ai intérêt à m'ennuyer maintenant. Je sais pas si j'aurais le temps de m'ennuyer tranquillement après, quand le mouflet sera né. Ca m'étonnerait, même. Je vais bien profiter de mes dernières journées d'ennui, peinard. Avant le big bang (et je ne parle pas des court-circuits des prises électriques).
Sinon demain on va à l'hôpital réserver notre place pour l'accouchement. Je me demande s'il faut graisser la patte des infirmières pour avoir une bonne place. Je vais amener un poulet à tout hasard. J'vous raconterai...

lundi 27 novembre 2006

Aménagement d'intérieur

Il faut que je commence à me préoccuper de l'aménagement de la maison pour la venue de Sigmund. Je peux grossièrement classer les travaux à faire en deux catégories : le dégagement d'un espace de vie pour un bébé (table à langer, lit, le rack pour les bouteilles d'air comprimé, le placard pour les combinaisons...) et la sécurisation des autres espaces de la maison. Oui, parce que je ne sais pas si vous vous rendez compte mais les trucs genre les prises électriques qui se déboitent c'est pas bon du tout pour les bébés. Déjà pour nous c'est limite et rien qu'à voir ces jolis petits fils bleus et marrons qui dépassent de derrière la prise quand je tire un peu trop fort sur le fil de l'aspirateur, j'ai envie de tripatouiller avec les doigts pour tout remettre en vrac et cacher la merde au chat, mais pour les bébés c'est pire, c'est assez basique un bébé ça fait pas la différence entre les clignotements d'un moulin à musique offert par les grands-parents gâteux et les étincelles du court-jus de la prise mal ajustée dans le mur.

Donc faut que j'agisse. Et là blang je pose une question, pourquoi c'est toujours moi qui bricole, hein ? la malédiction des lampes grillées, des prises en carafe, des tableaux de guingois à refixer dans le mur porteur, de la cuvette de chiotte qui se barre et de la fuite sournoise qu'on entend dans les tuyaux de la gaine technique mais qu'on ne détecte qu'en passant ses pauvres petits doigts usés entre des tuyaux rouillés plein d'immondices et ben figurez-vous que c'est toujours pour ma pomme. Hein, oui, pourquoi moi ? Je sais, vous n'avez pas la réponse. Et d'un autre coté je suis pas occupé à fabriquer un bébé. Tiens une idée, et pourquoi ce serait pas le bébé qui s'en occuperait, hein ? Je vais te me le former à la plomberie Sigmund, ça va pas traîner... Donc pour l'instant c'est moi le bricoleur de la semaine des quatre jeudis. C'est vous dire si j'ai envie. Mais là, parait que c'est un cas de vie ou de mort. C'est mon père et mon beau-père qui me l'on dit, genre tranquillise-toi, un bébé c'est pas la mer à boire, mais si tu ne répares pas immédiatement cette étagère trop penchée de trois millimètres tu auras la mort de Sigmund sur la conscience jusqu'à la fin des temps et ayayaye père indigne de mon petit-fils je te maudis et te déshérite, ma fille ne méritait pas un schmuck comme toi ou j'aurais préféré que tu sois mon beau-fils. Un peu hystériques, les grands-parents je vous le dit.

Donc faut que je répare, y'a pas d'échappatoires. Et la liste est foutrement longue. D'abord les trucs qui tombent, ce tableau en équilibre sur une chaise (j'trouve que ça fait artiste) ou ces piles de bouquins calées par un masque en bois massif genre tueur de nourrissons (je trouve que ça fait style je lis vachement, mais en fait je les ai acheté en gros) et puis aussi les coupes en bronze sur la télé, ça peut vous fracturer une fontanelle aussi nettement qu'une hache. Ah oui les lances d'attaque calédoniennes bien pointues posées contre le mur ça va pas être possible je pense. La guitare sur son présentoir non plus (vouais, j'ai une guitare, je pensais devenir une rock-star mais maintenant avec un gosse c'est foutu, foutu, tout au plus je ressemblerais à Ozzy Osbourne et quand tu vois la tronche de ses morpions ça fout les jetons). Donc la guitare, niet. je vais enlever les cordes d'ailleurs dès fois une corde qui lâche c'est violent ça peut de refendre un oeil de moutard plus surement qu'un couteau tranchoir à viande.

Après y'a les trucs qui brûlent ou qui électrocutent, ces satanés prises qui foutent le camp les lampes en tissu brodé avec des ampoules hyper-brûlantes à portée de petite main, ça nous promet des scénarios à la Indiana Jones quand le méchant il se tatoue le pendentif dans le creux de la main. Sauf que là "Osram 60 W" c'est nettement moins classe comme tatouillage. Je parle même pas des radiateurs, ça les bébés s'en méfient rapidement. Enfin les bébés en général, Sigmund c'est moins sûr s'il tient de sa mère et surtout de son grand-père paternel, surnommé Michel Stroggoff pour sa capacité à se tatouer les formes les plus improbables à grand coup de portes de four ou de grilles de barbecue.

La meilleure solution, ce serait peut-être de capitonner l'intégralité de l'appartement et d'enlever tous ces menus objets qui finalement ne nous servent à rien et qui sont trop dangereux. Exit les bibelots, les livres, les tableaux, les tables, les chaises. Dehors les ustensiles de cuisine ! Tous à poil à boire des biberons froids vautrés sur des sols en mousse. Ouaih !
Bon c'est pas que je m'embête, mais là faut vraiment que j'y aille.

samedi 25 novembre 2006

Envie de fraise ?

Dans tout ce que je lis sur la grossesse (et croyez-moi, vu la littérature que je m'envoie je deviens aussi calé en obstétrique qu'un interne de maternité) revient sans cesse le thème des envies. Et que je te glose sur les fraises qu'il faut aller chercher à pas d'heure ou sur les rouleaux de printemps obsessionnels. Et que je te ressors les clichés du pauvre mari qui court dans le matin blême pour satisfaire les besoins irrépressibles de sa femme (vous vous rappelez de la pub à la con où un jeune mari dévoué se faisait enfermer dans un camion frigo et qui en plus se faisait engueuler quand il revenait ?). Brèfle. Outre le fait que ces envies me semble sujettes à caution (mon amour-toujours-pondérée ne manifeste en fait d'envie qu'un terrible besoin de dormir et d'avaler des assiettes de pâtes), je m'interroge sur cette victimisation du rôle du mari et sur les ressorts de cette présentation des "envies".

Merde. Mais comment qu'je cause, moi.
Je reprends. J'ai l'impression qu'on nous beurre la mouillette avec cette histoire d'envies. Pasque bon, c'est pas compliqué : si le pauvre, pauvre mari accepte sans rechigner les tâches ingrates que lui impose sa terrible femme tyrannisée par ses "envies", c'est pour une bonne raison. Oui pasque bon faut pas déconner, moi la meuf qui me demande d'aller lui chercher des fraises à trois heures du matin, je lui colle direct une mandale en travers de la figure. Ou plus exactement (mon naturel poétique prenant la plupart du temps le pas sur le coté bestial et brutal de ma masculinité) je lui dis gentiment de se bouger le fion s'il elle se veut des fraises et plus vite que ça, grognasse. Ou quelque chose du genre. Gentil et poétique, quoi. Mais bon.

Oui donc, la bonne raison à tout ça. Si le gentil mari accepte de se faire chier à dévaliser un primeur à trois heures du matin, c'est parce que sa bonne femme est enceinte. Hé oui, je sais. Mais enceinte a ici le sens de sacré. Oui parce que le mâle normalement constitué ne se dérange que si sa femme est enceinte de sa descendance, ce qui lui confère un caractère sacro-saint qui n'est pas sans me rappeler une bonne vieille rengaine genre "travail, famille, patrie". Ouais, ouais, c'est bien ça : en fait le truc des envies c'est avant tout une idée machiste. La petite bonne femme, on lui passe tout parce qu'elle porte le fruit (ah merde non, j'avais dit plus le fruit) le germe de notre descendance, l'avenir de notre famille, le futur de notre race (c'est tout un vocabulaire finalement). Mais en temps normal, elle peut se les carrer ses fraises, et le respect avec. Elle peut rester la souillon qui se tape toute la merde à la maison, corvéable et taillable à merci et surtout n'oublie pas la pipe avant le dodo parce qu'il faut bien penser aux besoins du mâle. Elle est toujours l'esclave éternelle de nos sociétés masculines.

Alors oui c'est ça les envies : le petit caprice que l'on passe parce pour le reste de la vie ce sera à la femme d'aller satisfaire les envies de son gros beauf de mari. C'est pas trop équitable, je trouve. D'ici que toutes les meufs de ces gros nazes enquillent les mômes pour ne pas subir la tyrannie de leurs cons de maris, y'a pas loin. En tout cas c'est pas reluisant. Je vais rester méfiant sur cette histoire d'envie, du coup, vaut mieux pas marcher dans ces combines. J'aimerai pas me retrouver dans le peau de celui qui troque des services dans son couple et qui fait confiance au marché pour réguler le donnant-donnant de sa vie amoureuse, si vous voyez ce que je veux dire.

jeudi 23 novembre 2006

Le jeu des 7 erreurs

Alors bon, puisqu'il n'y a pas de raison de ne pas s'amuser un peu, voici le jeu des 7 erreurs de Sigmund. J'ai placé côte à côte deux échographies prise à 10 minutes d'intervalle par notre Batman préféré. Il y a sept légères différences, à vous de les trouver, je vous préviens, c'est méga-dur.



Ah ah ah, je vois que vous vous gaussez... en tout cas je trouve que ces échographies non trafiquées prouvent de façon indubitable que Sigmund est promis à un bel avenir. Non pasque c'est pas le tout de faire des bébés, mais faut encore se préoccuper de ce qu'ils vont devenir. Quelques indices portent à croire que Sigmund sera attiré par l'eau. Je vois pour lui un métier d'avenir, passionnant, plein de rebondissements, épanouissant, genre puisatier ou ajusteur de palmes. En tout cas les sept différences sont :

- le tuba
Oui pasque bon franchement comment y font les bébés pour respirer, hein ? Si quelqu'un a la réponse, j'aimerai bien savoir. C'est quand même pas des poissons. A la limite le tuba ça sert quand ils vont à la surface, mais après hein ?

- les palmes
Bon là c'est évident. Des palmes y'a que ça de vrai pour se déplacer vite vite quand la maman pose les daphnies à la surface à midi. En même temps je ne sais pas exactement comment le bébé mange mais je suppose qu'en milieu aqueux ça marche comme les poissons rouges. D'ailleurs on commence à voir le bocal sous le ticheurte de mon amour-à-moyen-bidon.

- le bonnet de Cousteau
C'est franchement la classe et je suis hyper fier de Sigmund. Pasque y faut oser le porter le fameux bonnet. Ca vous donne tout de suite le genre j'ai ma cagoule qu'est trop petite, ou bien j'ai mis un chapeau rouge dès fois qu'un pêcheur me confondrait avec un thon. En tout cas c'est la marque indubitable de l'affiliation de Sigmund à une lignée d'hommes généreux, intelligents et rigoureux...bref. Oui, c'est vrai y'à tout de même Falco dans le lot.

- la ceinture de plomb
Misère, là je me fais du souci. Le plomb c'est vraiment mauvais pour la santé. Et puis les bébés ça porte tout à la bouche, alors...

- la bouteille
Oui, oui regardez bien, y'a vraiment une bouteille dans la paroi de l'utérus. Ah ben je comprends mieux maintenant comment qu'y font pour respirer.

- le pouce
Oui, c'était pour faire genre y'à une vrai différence, pas du tout pour faire une pauvre blague sur Falco. A mon avis vous avez focalisé sur le bonnet rouge, mais le pouce vous l'avez pas vu. Alors que Batman ça lui aurait sauté aux yeux, tiens. Ils ont tellement les boules d'oublier de dire un truc aux parents et puis de se faire traîner en justice...

Et voilà. C'était vachement dur, hein ? Si vous êtes sages je vous ferai d'autres jeux. C'est incroyable ce que la nature nous apporte de créativité et de diversité. Un bébé avec des palmes, c'est à peine croyable.
Et je sais, y'en a que 6 des erreurs mais c'est pasque j'ai pas réussi à trouver de photo adéquate de masque de plongée sur internet. Photoushoup, c'est tout un métier, quand même.

[Disclaimer] : En vrai je sais exactement comment ça fonctionne et tout ça vu que je zone comme un malade sur les forums de Toubibissimo : vous me reconnaitrez mon nom de code c'est Killer_one, je sais c'est con mais j'ai gardé le même login que sur les forums de jeux c'est plus facile pour le mot de passe et tout ça. Et si vous me reconnaissez, vous pouvez me parler pasque là y'a bizarrement pas grand monde qui m'adresse la parole.
Allez, au revoir et bon vent, comme on dit à Thalassa.

mardi 21 novembre 2006

Parentèle

Départ ce soir de mes parents, venus pour une petite semaine de détente à Paris et partis avec la nouvelle de la venue prochaine de Sigmund. C'est dingue l'effet que ça leur fait. Depuis l'annonce, j'ai beau parler de mille autres sujets, mon père garde les yeux dans le vague et puis soudainement me coupe pour me demander comment je vais aménager la chambre ou protéger les fils électriques. Ma mère n'a qu'une envie, c'est d'annoncer la nouvelle à sa famille et à ses copines, et me demande l'autorisation à chaque coup de fil passé à une quelconque cousine du fin fond de la famille. Je les ai surpris en train de se congratuler, dans les bras l'un de l'autre, sautillant en rond dans leur chambre. Ce doit être le coté turco-gréco-roumano-franco-familial qui s'exprime.

A la fin de la semaine, nous ferons l'annonce dans la branche franco-vietnamienne de la famille (celle de mon amour-eurasienne). Je pressens des larmes, des cris de joie, des choix de prénoms vietnamiens (enfin pas tout de suite rapport à la superstition), des repas de cérémonie et une deuxième longue, très longue, très très longue litanie de conseils. Ah ça ! Un nouveau bébé dans la famille après les deux adorables bambins du beau-frère, ça va remuer dans le landerneau prénatal. On va avoir droit à la totale prise en charge.

Tout ça ne calme pas mes angoisses. J'ai l'impression qu'une énorme machine s'est mise en branle, et que des grands-parents survoltés viennent me disputer le volant. Déjà que j'avais du mal à conduire. Comme me disait mon oncle-frère (même âge), c'est une super nouvelle ; disant cela il avait joint ses deux mains poignet contre poignet et les faisait se refermer l'une contre l'autre avec un clac audible, comme les mâchoires d'un piège qui se referme. Tout concourt à une paisible tranquillité d'esprit, vous voyez.

Me voici entré du pied gauche dans la ronde infinie de la parentèle. J'ai pas fini d'en chier, pour faire bref.

dimanche 19 novembre 2006

Les errements de Batman

Bon je vous l'avais promis, voici la photo de Sigmund prise par Batman (j'ai décidé de simplifier et d'appeler Batman tous ceux qui utilisent les ultrasons pour dessiner des trucs improbables). Ah ah ah, ça vous la coupe, hein ? Incroyable, non, une échographie de bébé, personne n'a jamais vu ça !
Bon c'est vrai ce n'est pas très lisible et il a fallu que Batman nous explique où se trouvaient les différentes parties du corps, je vous ai fait des flèches des fois que vous seriez miros.



Ce qui est étonnant avec cette échographie, c'est que Batman semble très sûr de lui, alors que les pauvres parents éplorés et terriblement anxieux qui ont attendu deux heures dans la salle d'attente avec le radiateur de torture ont du mal à comprendre quoi que ce soit à la bouillie noir et blanc que l'on peut voir sur l'écran. La mise en condition psychologique est digne des tortures de l'inquisition et de la Question : boire un demi-litre d'eau une demi-heure avant le rendez-vous. Ah ouiche ! Avec une heure et demie de retard, nos vessies ressemblaient au zeppelin juste avant le crash final. Ben oui, puisqu'évidemment j'avais voulu faire le malin en accompagnant mon amour-à-miction-contrôlée et que j'avais bu deux fois plus d'eau pour l'encourager. Dans la salle d'attente un radiateur à l'ancienne produisait d'insupportables bruits de fontaine et des gargouillements qui nous ont mis les nerfs à vif et la vessie au bord de l'implosion. Quand Batman nous a montré Sigmund, nous étions en condition pour croire à peu près n'importe quoi.

Bon je vais pas faire mon malin en disant que c'est pas émouvant cette petite vie fragile qui se développe dans le ventre de mon amour-fécondé-cette-fois-c'est-sûr, mais bon Batman en a un peu trop rajouté dans le style "C'est d'l'émotion, c'est d'la bonne" et autre platitudes stéréotypées alors que nous, on était surtout terriblement préoccupés sur quand c'est qu'on pourrait aller aux toilettes après. Alors bon, les simagrées, c'était de trop. Et que je te mets du gel, et que j'appuie bien fort, et que je te reproche d'avoir mis de la crème qu'on voit pas bien la tête à Sigmund, la vérité j'ai failli lui rouler sa cape autour du cou pour le faire la boucler. Bref. Donc on était là, anxieux de savoir si la longueur du fémur serait jolie ou la clarté nucale vraiment bien claire (laissez tomber, c'est des trucs de pro de l'échographie, j'ai appris ça sur internet) et quand on a pu bien voir, on a pas vu grand chose. Qu'est-ce qui fait sombre, là-dedans ! On avait besoin des sous-titres. Apparemment Sigmund va bien, avec tous les trucs qu'il faut en place. Mais bon quand même, vu qu'on est dans un milieu aqueux tout de même, ç'aurait pu donner ça :



qu'on aurait pas fait la différence. Je trouverais ça plus vraisemblable, même. Mais bon.
Après on a eu droit à des tas d'explications techniques sur Sigmund et tout ça, mais là c'est moi qui ai un peu abrégé parce j'y tenais plus, fallait vraiment que je fasse pipi. Bilan des courses : un bébé qui marche, les premiers achats dans un magasin spécialisé dans les pantalons de grossesse (c'est les mêmes mais plus chers), un examen urinaire pour moi. Mes angoisses sont pas près de se calmer, je vous l'annonce !

vendredi 17 novembre 2006

Ascendance

Je profite de l'endormissement général de la maisonnée pour mettre à jour ce bloug qui reste pour l'instant chose secrète. Nous revenons du restaurant où nous avons fêté quelques anniversaires et la venue de Sigmund. L'échographie prévue s'est bien déroulée, sous la houlette quelque peu autoritaire de Robin, une échographiste amie de notre gynécologue Batman. Mais je ne peux en dire plus pour l'instant. Je suis cerné par mes parents, mon frère et mon amour-qui-a-chialé-en-voyant-un-fémur-de-18-mm et je ne peux m'exprimer librement ; et puis franchement j'ai drolement picolé. Je me tiens au clavier pour pas déraper de l'écriture. L'alcool, ça me guinde vachement, je trouve.

Sinon ça va. Sigmund est en forme. Forme de quoi, je ne sais pas trop bien, je vous montrerai dès que j'aurai de nouveau librement accès à mon scanner. En rentrant à la maison, on a montré les photos à ma parentèle et je ne savais pas que l'on pouvait générer autant d'émotion avec un truc au nom aussi barbare d'échotomographie. La famille, c'est quelque chose. Ca promet, tiens. Et ca dure depuis la nuit des temps (déjà au temps des égyptiens, oui allo ici Gérard Képhris du cabinet d'échotomographie... mais vous étiez pas dans la banque avant ?). Et l'on a tracé la généalogie de notre franco-viet-bulgaro-greco-roumain de Sigmund. Roumain je l'ai appris ce soir, notez.

Ah, je dois lâcher le kompiutair. C'est l'heure du dodo. Et je suis vraiment trop raide. Bonne nuit les petits. Noapte bună !

mercredi 15 novembre 2006

Marcellinette

OK bon, j'avais presque juste : le deuxième enfant de Marcella est né. Elle s'appelle presque Marcellinette (le vrai prénom a été changé pour préserver l'anonymat des protagonistes de cette douloureuse affaire). C'est effectivement une fille, et Marcello est ravi, bien qu'il tire un peu la gueule en son for intérieur. Il ne reste plus qu'à se remettre à l'ouvrage pour tenter de tirer un garçon à la loterie de la procréation (en essayant d'oublier le docteur March). Quant à Marcella, elle est fatiguée et ne souhaite toujours pas parler à mon amour-à-mini-nausées.

Sigmund sera-t-il une fille ou un garçon ? Un garçon, bien sûr cette bonne blague. Sinon son nom de code ne serait pas Sigmund, mais Alberta (ça me semble tomber sous le sens). Je ne comprends d'ailleurs pas cette mode des noms de code à la con, les aliens, crevettes et autres bestioles. Encore une superstition à la noix qui oblige à éviter de donner un nom humain ? Dès fois qu'une divinité mal lunée provoque une fausse-couche pour punir les insolents qui ont tenté de créer un être humain ? Relents de vieilles superstitions. Faut oublier ça et donner un vrai nom tout de suite : franchement Sigmund, ça a de la gueule et en plus ça m'attire toute une population de psychothérapeutes gratis, trop ravis de faire une analyse expérimentale avec un angoissé à tendance psychotique (oui bon, je vous ai pas tout raconté, aussi). Ah tiens, je vais en attirer d'autres : Freud, Freud, Freud ! Ca devrait suffire. Qu'est ce que je disais, déjà ?

Ah ouais, un garçon. On verra en vrai, hein ? Si c'est une fille, je l'appelle Sigmund quand même, ça lui apprendra à venir me faire chier avec ses robes à la con, ses poneys multicolores et ses playbacks de la Starac, alors que j'ai envie de faire du mécano et de la playstation. Comme le dit mon thérapeute (enfin bon, un des thérapeutes que je rencontre sur internet), notez bien mon chez monsieur Sigmund que vous commencez à vous faire à l'idée d'avoir un enfant. Ce à quoi je réponds, dis-donc pomme à l'eau, est-ce que j'ai vraiment le choix ? Mon destin sera scellé ce vendredi, avec la première échographie officielle de Batman. Dans la foulée on a prévu de l'annoncer au monde entier complètement ébahi, de faire notre coming-out de grossesse, d'envoyer des faire-parts, de téléphoner à Marcella, d'acheter un lit, de repeindre la chambre, de refaire la cuisine, de créer un service web 2.0 intitulé GreetingsSigmund.com où vous pourrez déposer des messages pour Sigmund et laisser des appréciations des messages des autres (ça c'est de la vraie interactivité, coco : par ailleurs vos coordonnées mail seront revendues à des spammeurs pour payer la peinture bleue et la poussette), de commencer à tricoter la layette, d'acheter une voiture, de réserver une place en crèche, de payer un appartement à mes parents à coté du nôtre pour qu'ils soient prêts à le garder le moment venu (quand on voudra faire la soirée romantico-tous seuls-baise du mois), bref des petits trucs quoi.

Voilà, c'est juste pour dire que je me prépare psychologiquement à cette journée décisive de vendredi. Ca va être la veille préparatoire d'une rude journée d'action, avec des efforts, des larmes, du bonheur j'espère. Une semaine pour se remettre et on doit arriver produire un résultat potable. C'est un travail d'équipe après tout, on va s'épauler. L'heureuse conclusion est au bout de nos tentatives et de nos essais.
Je parle du match contre les all-blacks, bien sûr.

[...]

Psychotique, je vous dis. Allez en paix, je vous promets la photo de Sigmund pour bientôt...

lundi 13 novembre 2006

Je les dégoûte

Vous connaissez la 11ème plaie biblique ? Mais si, cherchez bien... oui, oui c'est bien ça. C'est bien le quatuor infernal : le vendeur de cuisine, le conseiller en patrimoine, le responsable d'agence bancaire et le chargé d'étude statistique. Déjà au temps des pharaons leurs appels empoisonnaient la vie des fils du l'empire: "Oui bonjour monsieur Horemtep, j'ai un magnifique cadeau pour vous à notre magasin Kuisinis, au pied de la pyramide de Khéops", "Allô Madame Hyéromsis ? Bonjour, Gérard Képhris à l'appareil, je suis le nouveau responsable de votre agence du Crédit du Nil", "Oui bonjour je suis le scribe Hamssat chargé par Pharaon d'une étude...". Bon vous voyez le genre, quoi. Rien n'a changé de nos jours. Toujours les mêmes casse-bonbons qui appellent au milieu des mezzes, pardon, de la choucroute au moment où Navarro va serrer le coupable. Ils sont spécialement formés pour profiter de votre gentillesse et ne pas vous lâcher tant que vous n'avez pas accepté d'acheter quelque chose chez eux, de préférence à crédit pour vingt ans. Il est parfois impossible de s'en débarrasser. Ils sévissent partout et tout le temps. Ils sont infatiguables.

Sauf que...
Je ne sais pas ce qui se passe, mais ils me semblent légèrement moins insistants en ce moment.

Je finissais tranquillement mon seau de danette vespéral quand Mme Cuisinentock de la société Dupont m'a appelé. Pour me proposer une cuisine, évidemment. Comme j'en avais un peu gros sur la patate (à moins que ce ne soit la danette, il faut que je réduise ma consommation, ou alors que j'alterne avec des viennois), je commence à lui expliquer que oui, j'aurais besoin d'aménagements dans la cuisine, du genre un placard supplémentaire pour la centaine de biberons prévue, un stérilisateur atomique, de nouvelles portes de placards à clés pour éviter tout incident, des plaques à protection thermique, une nouvelle machine à laver pour laisser place à l'indispensable lave-vaisselle et au sèche-linge et puis refaire le sol pour les problème de microbes dans le vieux carrelage, et aussi les plinthes qui sont vraiment trop décrépites et on pourrait en profiter pour mettre des prises sécurisées, et puis des filets de protection pour prévenir les chutes d'objets des placards et du rembourrage sur chaque angle, ah et puis aussi changer le gaz pour passer au tout électrique, et tant qu'on y est refaire l'aménagement des placards et des lampes et le frigo faudrait pas le changer le frigo y va jamais être assez grand, et y'a même pas de congélateur. Quelques changement simples, quoi.
Alors elle s'est mise à bredouiller que non les gros travaux, ils faisaient pas trop, que c'était trop compliqué et le devis infaisable, et qu'elle devait voir avec son supérieur, et comme j'insistais pour expliquer ma conception du tiroir à couteaux totalement sécurisé, elle a bredouillé quelques paroles à propos des travaux d'Hercule à voir plutôt avec des grecs qu'avec une honnête entreprise égyptienne (là, j'avoue que je n'ai pas trop compris) et puis elle a raccroché sans même me sussurer d'un ton mielleux qu'elle rappellerait bientôt, comme elle le fait d'habitude. J'étais très déçu.

Avec Monsieur Rémi Rémi, le chargé d'étude par un ministère du marketing, la déception a été encore plus grande. Pourtant j'avais fini de gober mes anti-dépresseurs du soir et ce Monsieur Rémi tombait à pic, avec sa voix si avenante et ses questions précises sur notre train de vie. Ca s'est gaté quand on abordé la famille. Vous avez des enfants en bas-âge? Oui absolument, enfin bon je m'habitue à l'idée pour être précis, un seul, le petit Sigmund. Ah très bien, est-il en crèche, avec une assistance maternelle ? Ah c'est drôle que vous en parliez parce que franchement je me pose la question...les avantages...les inconvénients...la socialisation. Comme je l'ai lu sur Diafoirussimo, vous comprenez... Quel budget mensuel consacrez-vous à Sigmund ? Ah je vous coupe, rien que faire le calcul j'en ai la chair de poule, tiens va falloir que je fasse un prêt je sens, et tout cet argent foutu en l'air quand on a jeté ma playstation et tous les jeux. Ah, votre enfant joue déjà aux jeux vidéos ? Ah non pas du tout quoique à voir les photos de Batman ça fait un peu Alone in the dark, ah ah ! Monsieur, je ne comprend plus trop, votre enfant joue à Batman ? Non, non vous n'écoutez rien, Batman c'est le gynéco -mais oui à cause de l'échographie- qu'on va voir, la prochaine c'est vendredi. Echographie ? Ben oui le truc avec du gel comme dans Alien, m'enfin mon vieux vous débarquez d'où ? D'égypte ? C'est la caméra cachée dans le téléphone ou quoi ? Attendez monsieur, vous voulez dire que votre enfant n'est pas encore né ? Ben évidemment nez de fifre sinon j'aurais pas le temps de te répondre, je serai en train de courir entre deux biberons, trois couches, un lavage d'estomac et un ulcère. Ah mais c'est que ça met tout mon questionnaire par terre, il faut que je recommence, ça bloque mon ordinateur... J'ai tout mon temps... Non je ne crois pas, merde, oups pardon et bien au-revoir Monsieur Sigmund... Allô, Allô ? Mince il a raccroché.
La cata.

Voilà, c'est pareil avec tous. Pour une fois que des gens prêtaient une oreille complaisante à mes angoisses (vous ça compte pas pasque vous m'avez pas en direct). Je les dégoûte, je les fais fuir. Misère. Et ils appellent de moins en moins.
La vie est trop injuste.

samedi 11 novembre 2006

Sixième sens

Bon, le truc rigolo quand on démarre un nouveau blog, c'est de voir au bout de combien de temps on aura des requêtes farfelues sur des moteurs de recherche qui font tomber des internautes en quête d'on ne sait trop quoi sur vos pages. C'est vrai que je m'attendais à de la recherche lourde sur les mystères de la grossesse et de l'enfantement, et que j'espérais un peu dérider des papas angoissés et des mères conscientes d'avoir fait une lourde erreur (ceci est une blague, je le précise).

Donc bon. Pas la peine de s'attarder sur Je vais coller mon pénis dans votre vagin, si ce n'est pour noter l'intéressant vouvoiement (le conserver en mémoire pour l'échographie de vendredi prochain, Hé dis donc Batman, je vais coller mon poing dans votre gueule si tu ne nous fais pas des clichés plus mieux que ça). D'ailleurs on ferait bien de se méfier, j'ai aussi échographie truquages, dès fois qu'il y aurait un rapport ; c'est peut-être un gynéco désespéré qui cherche à camoufler à des futur parents d'un pauvre petit Sigmund que leur gamin a dix-huit mains à cause des fromages de chèvre au thym qu'ils ont mangé en 86, je vous le dit il a intérêt à se tenir à carreau le praticien vendredi.

Bon sinon, y'a de bonnes questions relatives à de légères angoisses : pourquoi femme enceinte vomit ou bien pourquoi vomi t on quand enceinte, alors là ma vieille pas de chance, j'en connais qui ne vomissent pas. Par contre si c'est le père qui vomit, c'est juste l'angoisse. D'ailleurs annoncer grossesse au papa hé oui, c'est le coeur de problème, le big sac de noeuds, le risque majeur... ah non tiens, la régie m'informe que 86% des hommes souhaitent avoir des enfants (bon d'accord, mais souhaitaient-il les avoir juste là maintenant quand ils avaient plutôt envie d'acheter la nouvelle PSIII, hein ?). Et si c'est un accident, hein ? Par exemple etre enceinte et cracher y a t il une relation, on sent l'angoisse adolescente (rassurez-moi, y'a pas de lien, quand même ?) ou alors tomber enceinte si huile qui me laisse perplexe. Une trop grande consommation d'huile pourrait mener à tomber enceinte ? C'est bizarre. D'alcool, je ne dis pas, mais d'huile. A moins que... de l'huile qui aurait désagrégé un préservatif, comme il est bien spécifié sur les emballages ? Allez chérie tourne-toi, je vais te mettre avec de l'isio4, ca va glisser tout seul. Les mystères de la sexualité, y'a pas à dire.

Bon mais entre autres la majorité des recherches porte sur le mystère du féminin, le sixieme sens féminin ou le sixieme sens des femmes amour ou bien encore Avez-vous un sixième sens ?. Toujours ce fameux sixième sens dont j'ai déjà parlé. C'est fou ces fariboles. Tout le monde sait que ce sixième sens n'existe pas. Ou plutôt si. Il existe, tout les hommes vous le diront. C'est ce fameux sixième qui permet à une femme de détecter le clic discret d'un ordinateur qui s'allume à l'autre bout de l'appartement quand vous êtes censés étendre le linge. Ouais bon, ce sixième sens-là, on est d'accord, il est terrible, genre c'est le même qui détecte le clic discret d'une télécommande qui allume une télé (et les clics répétés sur le bouton de baisse du volume) un soir de match quand vous aviez promis de réparer le pied du tabouret à revue dans les toilettes. Là oui je veux bien. On peut ajouter le septième sens du slip de la veille parce que vous avez pas fait la lessive de noir, le huitième sens de la vaisselle encore grasse-style j'ai un peu baclé, le neuvième sens de quand tu cuisines c'est le bordel derrière toi (et alors, puisque que c'est moi qui nettoie après-demain ?), le dixième sens de l'adresse gros-nichons.com mal effacé dans l'historique, etc, etc... la liste est infinie pour les pauvres êtres traqués que nous sommes.

Sinon, l'autre recherche qui fait un tabac, c'est dessin de polichinelle. C'est à se demander si tous les maîtres de France et de Navarre ne donnent pas en devoir à nos chers petits Sigmund la rédaction d'une thèse complète sur la commedia del'arte. Bon les mioches, vous me faites ça en cent pages minimum, et pas d'interligne deux sinon je vous sacque, relié pas broché les pages s'en vont et pour après-demain. Compris ? Et n'oubliez pas, je répète, n'oubliez pas le dessin de polichinelle.
Donc les petits je vous ajoute un dessin de polichinelle pour que vous ne soyez pas déçus :

Et bientôt je vous dessinerai un tiroir...

jeudi 9 novembre 2006

Persécution

Franchement, je ne sais pas ce qui m'arrive, mais je vois des bébés partout. J'ai l'impression qu'il n'y a jamais eu autour de moi autant de femmes enceintes, d'accouchement, de faire-part (la plupart sont niais, c'est obligé ? Et tous ces bébés qui nous écrivent une carte à peine nés, je trouve ça louche) et de bébés dans l'air (métaphoriquement, hein, bien sûr. Je ne suis pas le genre à lancer un bébé en l'air pour voir s'il retombe sur ses pattes). Partout ça grouille de bout-de-choux (ou de trognons de choux, faut voir la tronche de certains).

Dans le dernier mois, nous avons par exemple fêté à mon travail trois naissances et le départ en congés maternité (c'est prévu pour décembre) d'une comptable. Bon je sais ce que vous allez me dire : est-ce que l'enfant d'une comptable est vraiment humain ? Je sais, je me pose la même question d'autant plus qu'elle est mariée à un informaticien. Je veux bien qu'ils m'en gardent un dans le formol, pour reprendre le mot célèbre de San Antonio (ou Woody Allen, je ne sais plus). Bon, faisons comme si et comptons cette future naissance de plein droit dans les rangs de l'humanité, aux cotés de Lucy et de Fabien Pelous (faut pas déconner non plus). Donc voilà cinq bébés en un laps de temps réduit de trois mois. C'est énorme, non ? Surtout dans une boite de cinquante personnes !

Je ne vais pas refaire des calculs d'arithmétique de gros bidons (j'en ai eu mal à la tête pendant trois jours) mais bon je trouve que ça fait beaucoup. Et donc paf, complot. Y'a pas de raison que j'ai pas le droit de crier au complot avec les loups, après tout. Qui est derrière tout ça ? Les sages de sion, les franc-maçons, les mafias, la finance internationale, la capitalisme sauvage, ma belle-mère, les triades chinoises, la CIA ? Une organisation internationale des femmes pour les bébés ? Va savoir. Mais on veut me faire craquer, c'est sûr. M'angoisser, comme si je ne l'étais pas déjà assez.

Je ne parle même pas de mes amis ; adoption, naissances se succèdent à un rythme effréné. C'est l'âge qui veut ça, dit-on. Ouais. Je veux bien. Mais ça semble difficile à croire ; ce n'est pas fortuit. Complot, je vous dit ! C'est une véritable persécution. Des bébés, des bébés partout !
Je ne sais plus quoi faire. Ooooh, je vous vois venir. Vous me direz que ce n'est pas si grave, tous ces bébés, que c'est la nature et tout ça. Mais comme le disais Nicolas Hulot, les bébés sont responsables du réchauffement du climat à cause du méthane qu'ils émettent dans l'atmosphère. Vous voyez bien que c'est du sérieux, quand même. C'est quelqu'un, ce Mr Hulot, faut pas se tromper. Et cette étude, c'est très précis, scientifique et tout, je l'ai sous les yeux.
Hopopop ! Attendez voir deux secondes...attendez, attendez, non c'est pas ça, j'ai mal lu. Je confonds avec les vaches. Les vaches bon sang, pas les bébés. Autant pour moi (au temps s'il y a des casse-couilles de puristes dans la salle). J'ai rien dit. C'est pas la faute au bébés, mais aux vaches. Et c'est vrai que je vois nettement moins de vaches autour de moi que de bébés. Bon mettons que je n'ai rien dit. Tout est normal. Je ne dis plus rien. Pas de complot, pfuiiit, plus rien.

N'empêche que bon, quatre bébés sur cinquante... et bientôt Sigmund...

mardi 7 novembre 2006

Instinct maternel

Ah ben ça mon bon monsieur, l'instinct d'une mère c'est ce qu'il y a de plus fort au monde. Un lien incroyable. Patiemment construit. Une connexion échappant à la logique, à la raison, voire à la science, une sorte de septième sens (je rappelle que le sixième c'est çui pour savoir si on est confusément enceinte). Nul homme ne peut comprendre.

Ou plutôt, il le comprend ce fameux instinct maternel quand sa maman vient de l'appeler pour la huitième fois de la journée au boulot pour lui demander s'il a bien mis son suppositoire pour soigner cette vilaine toux, avec le haut-parleur branché par un collègue facétieux. Enfin je suppose, hein, parce que moi évidemment ma maman est pas comme ça, pas du tout. Adorable qu'elle est. En plus elle se sait se servir de gougueule, alors ne prenons pas de risque...
Bref pour les autres que moi, dès fois c'est pas de chance, rapport à cet instinct maternel qui nous les brise menu, surtout quand le répondeur se déclenche à la maison avec un long message concernant le sirop qu'il faut ajouter au suppositoire au moment même où Pamela, la jeune stagiaire affriolante vous autorise à lui enlever son chemisier beaucoup trop serré et pfiou avec cette chaleur c'est pas possible.

Bon, et ben moi j'ai justement choisi mon amour-rugueux pour sa capacité à ne pas me materner (sauf quand je suis balade, mais là c'est pas du jeu). J'aime bien qu'on me pousse, qu'on me maltraite, qu'on me malmène, oh oui, oh oui. Bah, et puis quand ça se passe comme ça on est plus inventif, créatif. le fameux truc de travailler sous pression, vous voyez ? Oui, oui, je parle bien de cette méthode scientifique que vous avez appliqué pendant vos études, genre je fais mon rapport de stage la veille au soir ou bien je révise mes contrôles dans les transports. Bon ben dans la vie ça marche comme ça. En tout cas pour moi. Quand je fais la buse, je n'écris rien. Quand je suis à la bourre, ça marche. La preuve c'est que n'ai plus rien écrit sur mon bloug depuis je sais pas combien de mois et là paf, il suffit de me faire un enfant dans le dos et floush je te fais un blog sur mes angoisses et tout ça. Incroyable. Qu'est ce que je racontais déjà avant de tartiner sur ma vie inintéressante ?

Ah oui donc l'instinct maternel. Mon amour-allez-bouge-toi en manque complètement, à part quand y'a des bébés (d'où le rapport avec le truc de Sigmund qu'elle m'a fait) qui sont tellement mignons avec leurs petites mains et leurs grand yeux - et si on achetait plutôt un chaton - non un bébé - bon va pour le bébé alors. Mais c'est en train de changer. Une autre preuve de sa grossesse et de la réalité de Sigmund.
La petite cousine - 19 ans quand même- de mon amour-oooh-regarde-ses-petites-mains-potelées est restée chez nous pour une semaine de vacances parisiennes. On lui a fait le coup de la vie parisienne pendant ce temps. Sympa. Cool. Elle s'est baladé, piercing au vent, et épaules roulantes. Ah oui parce qu'elle est plutôt costaud, voyez. Gentille, mais costaud. pas le genre petit chaton en peluche à grandes mirettes. Pas du tout.

Hé bien voyez-vous, sur le quai du TGV qui la ramenait vers son Roussillon natal, voilà-t-y pas mon amour-en-guimauve qui se met à courir tout à coup le long du wagon, éperdue. Est-ce qu'elle est bien installée ? Est-ce qu'elle a pu poser son sac ? Est-ce qu'elle est dans le sens de la marche ? Est-ce qu'elle a bien pris son mercalm pour le vomi ? Et que je tapote sur la vitre pour attirer son attention, et que je colle les deux mains sur la fenêtre pour essayer d'apercevoir la petite (dixit) dans le wagon, et que je tourne en rond sur ce quai qui n'en peut mais.
Et moi qui la regarde, légèrement stressé d'un coup d'un seul. Ah oui la vache, ça commence tôt.
ET pourquoi je suis pas dans cet état-là, moi aussi ?

dimanche 5 novembre 2006

Aaaaaah !

Ce n'est pas un complot. J'ai maintenant la preuve matérielle qui me manquait. Ben oui, parce que sous mes airs de gros dur, vous vous doutez bien que je n'ai pas forcé mon amour-renard-complice à manger les fameuses bardes de lard au sucre et au beurre pour voir si elle était réellement enceinte. Non. J'ai l'âme sensible d'un poète russe exilé dans le blizzard qui voit mourir les albatros dans l'huile visqueuse d'un pétrolier échoué par une mer déchainée, alors pensez, merci bien. En plus l'odeur du beurre sucré me dégoute (ainsi que celle du beurre salé, d'ailleurs, mais je ne voudrais pas me fâcher avec d'éventuels lecteurs bretons, kénavo, kénavo !). Donc mon test ayant échoué, je restais dans l'incertitude de cette grossesse. Mais là bing ! Depuis hier ! Le truc imparable, bien plus sûr que les photos à Batman.

Mon amour-blizzard-proof a froid ! Et ça je vous jure que c'est une grande première ! Depuis hier, Paris est congelé comme une toundra arctique sur laquelle un poète russe exilé verrait mourir des albatros, etc, etc. Un air sibérien s'est abattu sur la capitale et les trottoirs se transforment lentement en patinoire à pingouins, tandis que les mac-dos devient des cantines à ours polaires (j'exagère à peine), bref on se pèle les miches, on se caille les meules, on a les bonbons comme des cacahouètes et on tremble plus que Michael J. Fox dans son dernier numéro sur Youtube (oui je sais celle-là est de mauvais goût). Et dans ce déferlement glacé, pour la première fois depuis que je la connais, mon amour-à-régulation-thermique a froid elle aussi.

Non parce que d'habitude c'est plutôt le genre à dormir la fenêtre ouverte par moins dix pour l'hygiène, à sauter du lit le matin et faisant fi de mon haleine qui tombe au sol et se brise en mille glaçons à ouvrir en grand la fenêtre pour aérer, à vaquer en petit culotte affriolante quand l'air est pratiquement solidifié, et à se demander pourquoi je ne lui saute pas dessus alors que mon bigorneau se recroqueville en lui-même comme une bite exposée au froid. C'est ce genre là, voyez. Le genre aussi a laisser la porte fenêtre de la cuisine grande ouverte la nuit à cause des odeurs de nourriture. Parfois j'arrive à me préparer un thé chaud avec mes mains congelées le petit matin, mais pas toujours. Je souffre le martyre, voyez. Le martyre du froid et du courant d'air facétieux qui vous gèle les roupettes si vous ne les avez pas enveloppées de deux slips, d'un caleçon long extrêmement sexy et de deux pantalons en flanelle.

Mais à présent elle a froid ; je ne sais quelles hormones responsables de la régulation thermique ont été bouleversées par la grossesse, mais y'a de la frigorification dans l'air. A elle maintenant les matins glaciaux pour essayer de se faire un café -décaféïné, en plus, ah ah- dans la cuisine givrée. A elle les petits courants d'air taquins sur le cou dans le lit, juste là, oui, là où vos vertèbres finissent par se souder. A elle, la chair de poule qui râpe comme du papier de verre sur le tissu froid des chemises. A elle, l'haleine qui se condense en brouillard froid. A elle les roupettes congelées. Ah non, tiens. Je veux dire, à elle les nichons durs comme du bois (hum). Je suis vengé ! Je suis vengé ! Merci Sigmund de lui faire toucher du doigt l'ampleur de mon martyre quotidien. Merci !

Et la cerise sur le gâteau congelé de picard, maintenant : constatant cette étonnant renversement de situation thermique, j'imagine qu'il y a de fortes chances que Sigmund soit un frileux du même acabit que son père. Alors là ce serait merveilleux. Je nous imagine déjà dans le séjour calfeutré et surchauffé, tremblotants dans les bras l'un de l'autre. Je nous imagine déjà, la main dans la main, faisant le soir le tour des fenêtres de la maison et les fermant d'un air excédé en levant les yeux au ciel. Je nous y vois déjà, tiens.

Tout ça pour dire que c'est une bien belle journée, tiens. Froide mais belle.

vendredi 3 novembre 2006

Superstition

Qu'est ce que je disais. Hier je racontais qu'on allait finir avec des gousses d'ail autour du cou à force de superstition destinée à éviter les faux-culs (je sais on comprend rien à ce que je dis, mais allez voir hier vous comprendrez mieux). Hé ben, paf, ça a pas raté. L'illustration parfaite aujourd'hui.

Mon amour-terrorisé a appelé sa copine depuis qu'elle est petite, sa meilleure amie proche, genre on a fait les quatre cent coups ensemble, et tu te rappelles le concert à la MJC de Melun, la fois où tu avais dragué cette équipe de rugby-non t'es folle raconte pas ça- mais si c'est rigolo... Bon bref, voyez le genre quoi. Bon cette meilleure amie - appelons-là la-meilleure-amie-de-mon-amour pour faire simple, quoique non c'est pas simple, disons plutôt Marcella, c'est joli Marcella - qu'est ce que je disais déjà ?

Ah oui, donc il faut dire que Marcella est actuellement enceinte de son deuxième, accouchement prévu dans deux mois, ça a intérêt à être un garçon pasque le mari de Marcella -appelons-le Marcello- est très à cheval là-dessus, il a été très déçu de la naissance de son premier enfant, une fille (disons Marcelette pour avoir un tiercé gagnant, très à cheval je vous dit). Bref. Donc Marcella est enceinte et va accoucher. Je rappelle que Marcella est la meilleur amie de mon amour depuis au moins la 6ème. C'est pas rien quand même ; c'est même le genre de relation inter-personnelle à dégénérer dans des serments du genre "ah oui nous élèverons nos enfants ensemble", "on se dira tout" et tout ça. D'ailleurs pour l'équipe de rugby, hum, bon, bref. Bon.

Donc voilà mon amour-rajeunie qui appelle sa copine d'enfance, pour lui annoncer que 1/ d'abord elle a un polichinelle dans le tiroir, il était temps et ça se passe plutôt bien du coté du papa et 2/ tu pourrais me filer un tuyau genre comment on fait pour la grossesse et tout ça. Confiant, mon amour. Peut-être un peu naïve rapport à la superstition, aux gousses d'ail et à la probabilité des faux-culs.
Et voilà-t-y pas que Marcella lui claque le téléphone au nez en lui intimant de ne rappeler que lorsque le cap des trois mois sera passé. Comme ça, là, sèchement. Faisant fi d'années passées ensemble à fumer des pétards et à boire des coups avec des rugbymens, ou à faire les quatre coups à la MJC de Melun (c'est tout petit). On en est là. Misère. On n'en sait pas plus. A-t-elle eu peur que cela porte la poisse à Sigmund ? Ou bien à sa future fille (Marcellinette) que je lui souhaite ? Mystère, mystère et boules de gomme à l'ail.

Je sens que nous entrons de plein pied dans les marécages de l'irrationnel. Et moi qui suis toujours abonné à Zététique-Magazine, à Science et Vie, à La Recherche, à La Raison, à Crôa-Crôa et à Macramé-magazine (ce qui n'est pas sans rapport, le macramé étant avant tout rigueur et théorisation). Comment-vais je gérer ce nouveau défi ? Hein ?
Vous aimeriez bien le savoir ?
Moi aussi.

mercredi 1 novembre 2006

On s'ennuie

C'est pas possible cette grossesse. On s'ennuie. Il ne se passe rien. Je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus spectaculaire que ça, franchement.
Neuf mois, c'est long, mais en même temps c'est très court ; depuis que je travaille les semaines passent comme mes jours d'étudiant. A peine les cinq chemises repassées qu'il faut déjà les laver, si vous voyez le genre. Donc neuf mois, c'est quand même pas très long. Et puis la rengaine habituelle sur les gosses "c'est fou comme il grandit vite", je l'ai déjà entendue tellement de fois que je m'attendais à passer ces neuf mois de grossesse dans une apocalypse technicolor d'angoisses, de courses effrénées, d'alertes inopinées et de médicalisation intense.

Ben non, pas du tout. La vie suit son cours. Youhou ? Les trucs spectaculaires, vous êtes là ? Ben non, on n'est pas là. On n'existe pas. Et moi qui m'attendais à un remake de l'exorciste revu par Laurence Pernoud. Avec des gerbes de matières organiques, des cris, des sanglots, des fraises ramenées de Rungis à pied à trois heures du matin (alors que là j'ai juste acheté du pâté au casino en bas, je vous jure), tout le saint frusquin des films à la télé, de ces séries crétines où la grossesse passe en un demi-heure et laisse l'héroïne le teint frais comme une rose fraise (alors qu'en vrai elle doit ressembler plutôt à une tranche de pâté).

Pour peu, je reviendrais à ma théorie initiale du complot. Mais bon. Après mon cauchemar d'hier, je n'ai plus de doute sur ma future paternité. Je me console (du morne déroulement actuel de cette grossesse, pas de ma future paternité, je précise) en me disant que tout s'accélère sans doute ensuite. Et avec encore moins de doute après la naissance. Oui mais je serai parti au Brésil, donc je n'en saurai rien, donc c'est maintenant que j'aurais voulu vivre un peu du truc sportif. Allez, quoi, mince, il ne peut pas se passer un tout ch'ti truc ?

En même temps, je crois que je fais une boulette, là. Justement, pendant les premiers mois, il faut qu'il ne se passe rien, rapport aux f...-c... (c'est le mot que l'on a pas le droit de dire sous peine d'attirer le malheur, ayaa, tu l'as pensé ça va arriver, ayaa). Bon je vais dire faux-cul, les lettres de début dont les mêmes, d'accord ?
Bon, hé bien la crainte des faux-culs nous paralyse, ça doit être pour ça que le sujet est plus ou moins occulté en ce moment. Ce faux-cul de gynéco (attention, c'est pour de vrai là) a dit à mon amour-en-pleine-maturité-sensuelle que quand on était vieille le risque était plus grand. Quel tact et quelle délicatesse. Batman de mes deux, va.
Donc il me l'a toute traumatisée, elle pleure dès fois le matin quand elle se réveille (ou alors c'est à cause des crampes au mollet, va savoir avec les filles). Bon voilà quoi, c'est pour dire qu'on en est pas encore à choisir le prénom. Ayaa ! Ca porte malheur aussi ! J'te jure, c'est pas possible la superstition autour de la grossesse, on va finir avec des gousses d'ail autour du cou pour réussir à passer le cap des trois mois.
Bon je vais profiter de la fête des morts (ayaaa !) pour potasser un peu. Dès fois qu'un truc arriverait.