mardi 31 octobre 2006

Pas rigolo

Cette nuit, très gros cauchemar. Donc réveil très matinal, et agitation dans le lit dans une espèce de torpeur angoissante et de malaise persistant. Mes rêves sont toujours détaillés et mes cauchemars rares. cela faisait longtemps que je n'avais eu un tel voyage dans les petits tas de boue des coins de mon cerveau.
Pour résumer, dans ce cauchemar empreint d'implacabilité un tapis roulant (vous savez, ceux des bars à sushis ?) protégé par des grilles amenait des objets divers vers une déchiqueteuse assez obscure. Je ne vais pas tourner autour du pot : l'obscurité voilée dans laquelle elle baignait ressemblait à cette pénombre habituellement merveilleuse dont rêvent les les jeunes hommes. Cette pénombre qui entoure le graal tant désiré, et que nous trouvons au bout de maintes aventures (et que nous découvrons une fois le dernier obstacle-une culotte de coton- franchi dans le ravissement et la stupeur pour les siècles des siècles, amen.)
Un sexe broyeur et dévorant, donc. Et des objets inanimés de toute nature en route pour être détruits. Trois sections protégeaient le tapis : une section de grilles aux barreaux carrés largement écartés, une section de barreaux ronds de type prison, une section de barreaux fins couvert d'une plaque de plexiglas (rendant le tapis inaccessible). Possibilité d'intervenir sur les deux premières sections, donc, mais pas sur la troisième, comme la métaphore d'un écoulement temporel sur lequel on peut ne peut plus agir à partir d'un point de non retour (vous me voyez venir, je pense).
La première période du rêve autour du tapis est confuse, je trafique des choses avec mon frère, peut-être faisons-nous de la peinture sur les barreaux (une peinture un peu épaisse, blanche, qui laisse des gouttes rondes et dures en séchant). La seconde est très claire, et c'est là que le cauchemar débute : un chien arrive sur le tapis roulant, un petit chien presque manga tant ses yeux sont grands, un chiot de cocker peut-être, assis, ne bougeant pas, l'air interrogatif et humain, un bébé plutôt qu'un chien, je dirais. Dans la première section, je le regarde passer tandis que l'on me presse d'intervenir, mais je sais qu'il reste la deuxième section. Dans la deuxième section, une panique m'envahit je sais qu'il faut intervenir et que je ne pourrais bientôt plus rien faire. On me parle, on me presse. Je regarde le chien qui me regarde.
Et je le laisse passer dans la troisième section, derrière le plexiglas.
Le tapis roule en suite et le chien disparait dans l'ombre vers la déchiqueteuse. Il y passe, ce qui ne la ralentit pas une seconde. Peut-être un peu de rouge sur les rouages, à peine.
Et je sors du cauchemar lentement. Pas comme d'habitude en sursaut, le coeur battant. Non, lentement. Le temps de réfléchir et de constater que je viens de vivre une naissance doublement inversée : le chien/bébé retournait vers la matrice, et le processus s'achevait par sa mort. Et moi, je laissais faire tout ça, passif.
Je m'étais promis de rester léger sur ce nouveau blog, mais il semble que quelques angoisses soient réellement en train de me travailler. Promis, je reviens au mode déconne dès le prochain billet.

lundi 30 octobre 2006

Questionnaire

Bon, vu que je viens à peine de coucher sur ce blog mes premières angoisses, y'a pas de risque que quiconque me passe le questionnaire à la mode que je viens de lire chez Ron L'infirmier. Je me le passe tout seul du coup, y'a pas de raison.

1) Attrapez le livre le plus proche, allez à la page 18 et écrivez la 4ème ligne :
« La crampe au mollet est habituelle pour une femme enceinte. En général, elle ne dure pas longtemps. »
Ah sans blague, je te jure, j'aurais pas cru. Chez les femmes enceintes et les footballeurs, donc

2) Sans vérifier, quelle heure est-il ?
Ben, 9h00:00, comme pour mes billets, quoi. Quelle question.

3) Vérifiez :
9h00. Ben je vous l'avez dit, non ?
(En même temps j'ai supprimé l'heure de l'affichage alors vous le voyez pas, vous n'avez que ma parole).

4) Que portez-vous ?
Des habits, et un lourd fardeau moral.

5) Avant de répondre à ce questionnaire, que regardiez-vous ?
Des sites ouaib et des blougs. Celui de Ron l'infirmier. Celui de Mr LeChieur.
Et peut-être un ou deux trucs sur la grossesse, comme ça, pour m'instruire.

6) Quel bruit entendez-vous à part celui de l'ordinateur ?
Ca tombe bien que vous m'en parliez parce que depuis un mois, j'ai un très net bourdonnement au niveau de l'oreille, j'entends mon sang qui tambourine à mes tympans, j'ai des sueurs froides, de la fièvre, des tremblements, j'ai en tête la boucle folle d'un jingle de célèbre test de grossesse ("un t'es sauvé, deux t'es niqué", sur l'air de la Bamba) et parfois j'entends des voix.

7) Quand êtes-vous sorti la dernière fois, qu'avez-vous fait ?
C'est de la provocation cette question.
Je suis allée chercher du pâté pour mon amour-qui-a-des-envies. Je sais, c'est moins glamour que les fraises.

8) Avez-vous rêvé cette nuit ?
Oui, j'étais dans un espace IdZen du TGV, et c'était plein de mômes qui criaient. Affreux.

9) Quand avez-vous ri la dernière fois ?
Je refuse de répondre à cette question. Sauf si le rire nerveux compte. Je ris tout le temps nerveusement.

10) Qu'y a t'il sur les murs de la pièce où vous êtes ?
De la tapisserie, pourquoi ? C'est bizarre comme question. D'habitude, quelqu'un enchaîne sur "Hé bien cher Mr Sigmund, laissez-moi vous annoncer la bonne nouvelle, vous avez gagné une cuisine équipée... non mais je suis pas intéres-... splendide qu'il vous suffit de venir retirer dans notre magasin... non mais pasque je suis pas intéress- ... entièrement offerte au gagnant du tirage au sort de notre magasin Cuisinennor, où je vous prends un rendez-vous avec un conseiller...non, mais moi j'ai pas le temps la cuisine, je vais avoir un bébé, et la priorité c'est d'éviter les crampes, donc...ah, ah, cher monsieur Sigmund, la crampe, bonne astuce, je peux vous mettre en relation avec notre magasin Tout pour le bébé, où vous avez d'ores et déjà gagné un magnifique berceau qui ... nân mais là j'peux pas j'ai un questionnaire à finir...Ah bien Monsieur Sigmund, je suis très déçue que vous ne profitiez pas de cette offre exceptionnelle - oui je suis déçu moi aussi. Bonne journée, Monsieur Sigmund. Ah ben voui, salut.

11) Si vous deveniez multimillionnaire dans la nuit, quelle est la première chose que vous achèteriez ?
Un billet de bateau pour le Brésil et un passeport falsifié.

12) Quel est le dernier film que vous ayez vu ?
Alien, le premier. Je ne sais pas pourquoi j'ai eu une envie terrible de revoir ce film.

13) Avez-vous vu quelque chose d'étrange aujourd'hui ?
Ah p'tain môrde je ne sais pas ce qu'il vous faut, ni comment il faut le chanter : ma femme a des crampes au mollet en se levant, vous trouvez pas ça étrange, vous ?

14) Que pensez-vous de ce questionnaire ?
C'est un peu long, en fait j'ai pas que ça à fout'. En plus je me le suis passé tout seul c'est carrément naze.

15) Dites-nous quelque chose de vous que nous ne savons pas encore :
Tout, je vous ai tooouuuuuut dit .

16) Quel serait le prénom de votre enfant si c'était un garçon ?
Sigmund

17) Quel serait le prénom de votre enfant si c'était une fille ?
Sigmund

18) Avez-vous déjà pensé à vivre à l'étranger ?
Je l'envisage depuis maintenant un mois à cause de problèmes personnels.

19) Que voudriez-vous que Dieu vous dise lorsque vous franchirez les portes du paradis ?
Je crois pas en Dieu. Surtout après le coup qu'il m'a fait.

20) Si vous pouviez changer quelque chose dans le monde en dehors de la culpabilité et la politique, que changeriez-vous ?
Je sais pas moi, là comme ça j'ai pas d'idée. Un truc sur les lois de la nature et les besoins de reproduction des mammifères supérieurs, peut-être.

21) Aimez-vous danser ?
Ah non. Vous voulez m'inviter, ou quoi ?
Je peux pas je garde le sac à ma copine (elle est aux toilettes en train de vomir).

22) Georges Bush ?
Un gars qui aime autant les enfants ne peut pas être net.

23) Quelle est la dernière chose que vous ayez regardée à la télévision ?
Urgences.

24) Quelles sont les quatre personnes qui doivent prendre le relais sur leur blog ?
Je sais pas je connais personne.

samedi 28 octobre 2006

Mystère féminin

Je me demande si elles sentent vraiment quelque chose au début de la grossesse. Entre celles qui vous jurent qu'elles sont capables de savoir qu'une femme est enceinte d'une semaine au premier coup d'oeil (et qui généralement ne voient pas que votre amour-engrossé est en train de se retenir de vomir sur le beau parquet) et celles qui s'extasient devant la première échographie en refusant de croire que c'est une image de l'intérieur de leur propre ventre (et on les comprends, franchement cette pauvre image en noir et blanc, on m'a déjà fait le coup la fois où j'avais le rein en carafe, et moi aussi j'aurais pu la jouer regarde chérie je suis enceint, là le coeur, là les mains, là le foie, oh ça va être un solide gaillard, bref), il y a peut-être un juste milieu (et là du coup vous ne vous rappelez plus le milieu de quoi, c'est ma faute je mets trop de parenthèse, mais relisez lentement vous allez y arriver).

Oui parce que bon. Hier je draguais nonchalamment sur les forums "Etre enceinte" d'un site important consacré au domaine médical (genre médicalissimo, vous voyez ?) et j'ai lu tout et n'importe quoi. Attendez, attendez, quand je dis je draguais, il faut bien comprendre que je cherchais des informations, pas que je cherchais à rencontrer ni l'âme-soeur, ni la brunette disposée à un petit coup sauvage dans les toilettes de la gare d'Austerlitz. D'abord sur ce forum on retrouve essentiellement des femmes à gros bidon (ce qui n'est pas pratique dans les toilettes d'une gare) et puis j'ai déjà ce qu'il faut en matière de femme enceinte, et de femme tout court d'ailleurs, c'est fou comme on peut s'enfoncer à partir d'un mot malheureux, je suis sûr que tous les hommes connaissent ça, mon amour-unique-j'le-jure j'espère que tu ne me lis pas. Bon sang, je suis complètement décousu ce matin. Je ne sais même plus ce que je disais.

Oui donc le forum "médecinissimo". Les échanges regorgent de témoignages et d'interrogations, certaines un peu rigolotes ("jé oublier ma pilule mon copain a craquer le préservatif je vomi é j'ai pa de règle vou croyé que je sui enceint ?"), d'autres effrayantes ("cé vrai qu'on peu tomber enceinte si on fait l'amour par le cul" ?), certaines empreintes d'autosatisfaction (j'ai su que j'étais enceinte, j'ai l'habitude, pensez donc c'est le neuvième) et d'autres carrément étranges : "j’ai senti confusément que j’étais enceinte". Oui, car il apparait qu'un sixième sens inconnu permette aux femmes de savoir si elles sont enceintes. Et là, je doute vachement. Outre le fait que mon amour-qui-connait-pas-google-ouf doute toujours d'être enceinte même après le test à petits points roses et l'échographie de notre ami Batman, j'ai l'impression que ce ce sixième sens est aussi fiable que les habituelles serinades sur la connaissance a priori des caractères des gens (sixième sens pas spécifiquement féminin d'ailleurs) ou la connaissance de l'avenir par au choix les lignes de la main ou la forme du crâne (j'adore cette technique : en examinant la forme de vôtre crâne que je viens d'extraire, je peux prédire que vous êtes mort).
A force de sacraliser la reproduction et la période prénatale, on tombe forcément dans des dérives plus ou moins mystiques, comme dans n'importe quelle autre activité humaine. A voir la place de la femme enceinte dans la société (héritée je le précise de notre société machiste, j'y reviendrais, bon gu), il ne faut pas s'étonner des monceaux de mièvrerie et d'opinions à deux balles qui s'expriment à cette occasion. Et c'est ça qu'on appelle le mystère féminin ? Misère !

J'aurais du me douter que dans ces forums j'allais retrouver les mêmes figures que dans les autres forums ; celle qui sait tout, celle qui doute des autres, celle qui trolle, celle qui modère et celle qui jette de l'huile sur le feu (non, y'a pas encore celle qui répond RTFM, quoique). Mais apparemment, il en va de la grossesse comme du reste : quand on la subit, y'a parfois pas de raisons de s'en préoccuper plus que ça...

jeudi 26 octobre 2006

Arithmétique des femmes à gros bidon

C'est fou le nombre de femmes à gros bidons que l'on croise dans la rue. Hier, cinq en rentrant chez moi. Bon, je me dis, est-ce que c'est normal ? Combien de femmes simultanément présentent ce ventre rebondi signe d'une future maternité (ainsi qu'un faciès réjoui de la bonne blague qu'elles ont faite à leur malheureux concubins, mais j'extrapole peut-être, c'est peut-être la simple joie d'avoir un -gros- polichinelle dans le tiroir), oui donc combien ?

Notre ami l'Insee nous informe que le nombre de naissance en 2005 est 774 600. Quooiii ? Tant que ça ? La vache. Oui, bon. En gros, 64 550 naissances par mois, si l'on excepte la légère variation saisonnière de début d'année résultant de l'accroissement des fécondations en période d'été (voilà qu'je cause comme l'insee, bref on baise beaucoup plus quand il commence à faire beau, et comme des pécaris en plus). En considérant que l'on rentre dans la catégorie de femmes à gros bidons au bout de cinq mois de grossesse (ou bien je me gourre ?) ça nous donne 64 550 x 4 = 258 000 femmes à gros bidon en liberté dans les rues.

Je rapporte ça à la population parisienne (eh oui, j'habite à Paris, bienvenue Sigmund dans un monde de brutes où de monstrueux 4x4 campagnards te pollueront la gueule dans ta poussette, qu'ils empêcheront d'ailleurs de passer en se garant sur les clous) du XIIème arrondissement (je suppose que les femmes a gros bidon ont une mobilité réduite), ça nous fait (hummpf, putain, une règle de trois, mon pire ennemi) 258 000 x 148 000 / 60 000 000 = 634 femmes à gros bidon dans le douzième arrondissement. Ah ben non, vous voyez, ça fait pas des masses, hé ben y'en avait cinq dans le trajet de dix minutes qui va de la station de métro jusqu'au local poubelle où gisent injustement ma console de jeux, mon ordinateur, etc... C'est pas croyable, vous ne trouvez pas ?

C'est un signe du destin, le fuerza del destino. Ou une malédiction. Ou bien c'est parce que j'y pense tout le temps, et que je les vois, elles, alors qu'avant pas du tout, je savais même pas que leur gros ventre c'était à cause d'un bébé. On en apprends tous les jours, j'te jure.
Ou alors c'est que j'habite entre l'hôpital Saint-Antoine et la clinique du Bien-Naitre, qui sont des repères connus de femmes à gros bidons. MAIS OUI ! C'est ça ! Je comprends pourquoi mon amour à petit bidon (pour l'instant) y est rentré pour consulter les tarifs...
Y'a vraiment des jours où je suis lent.

mardi 24 octobre 2006

C'est bizarre, elle ne vomit pas

C'est vrai quoi, on m'avait tellement chanté pouilles sur le sujet que je m'attendais à un déferlement massif (ou à une régurgitation massive plutôt) de toutes les douceurs les moins grasses, les moins sucrées, les plus aériennes que je concocte pour lui faire plaisir. Mais non là, rien. Quelques intolérances aux odeurs, à peine exprimées. Moins que d'hab, c'est dire. Pas de courses désespérées vers les toilettes, pas de cuvette à portée de main, rien. Je suis un peu déçu, quand même. D'autres ont vu des signes plus tangibles. Mais pas moi. ET je me pose la question : est-ce que ça cache quelque chose ?

En cherchant Grossesse+nausées sur un moteur de recherche anonyme, je n'ai rien trouvé de bien intéressant à part le lien "Cool Grossesse : je suis enceinte : nausées et vomissements" qui m'a laissé perplexe. Cool, je vomis, cool cool ! Mais pourquoi certaines et pas d'autres ? Hein ? A moins que l'on ait affaire à une simulatrice !

[Silence stupéfait]

Est-ce possible ? Aurais-je été embarqué à l'insu de mon plein gré dans une mystification dont le but ultime serait de me faire adopter des bébés issus de je ne sais quel ventre lointain et probablement rastaquouère ? Qui y a intérêt ? Des gangsters étrangers ? Est-ce une filière clandestine ? Peut-on s'en défendre ? Vais-je finir par voter pour Iznogoud ? Les indices concordent pourtant (pas sur le fait que j'aille voter bientôt pour le ludion pénible, mais sur ce complot gigantesque que l'on aurait ourdi contre moi).
Oui ! Oui ! Car qui a sciemment préparé le terrain par cinq années de conditionnement mental à base de "je veux un bébé" répété toutes les cinq minutes. Oui ! Vous avez trouvé ! Elle ! Qui a utilisé un colorant rose pour marquer un deuxième point sur ce test de grossesse ? Elle ! Qui virevolte dans la maison en désignant mes pauvres affaires qu'il faudra évacuer (l'ordinateur, la console, la bibliothèque, ma collection de playboys) ? Elle, encore elle !
Mon amour mordoré est de mêche avec le complot qui vise à me rendre père d'un orphelin importé, fils ou fille je le pressens d'un cador de triade poursuivi par des tueurs impitoyables. Je vais mourir pour protéger un enfant qui n'est pas le mien ! Vous vous rendez compte ?
Sigmund si, par delà les mers, tu m'entends du fond de ton landeau en bambou, je t'en supplie ne viens pas briser une honnête famille française qui ne demandait rien à personne, même pas une réduction d'impôts supplémentaire. Pitié !

En même temps, j'ai ta mère putative sous la main. je vais lui faire cracher le morceau ce soir, ca va pas traîner. Je vais préparer deux kilos de bardes de lard revenues au beurre et couvertes de sucre. S'il elle ne les vomit pas, c'est qu'elle n'est pas enceinte. Infaillible.

lundi 23 octobre 2006

Est-ce que je suis bien le père ?

C'est légitime de se poser cette question. D'abord parce que grandeur et décadence de la race, tralala tsouin tsouin lien du sang perpétuation du nom et tout le bataclan (mais à vrai dire je m'en moque complètement), ensuite parce que ça pourrait m'exonérer d'un coup de toute responsabilité. KOOUUAAA ? Tu as fauté avec Marcel le meilleur ami de Sybille ? Ben voilà, tu n'as qu'à t'occuper du fruit (tiens d'ailleurs j'ai vérifié pour le coup des pépins, non non non les enfants ne sont pas des fruits) de vos amours avec lui. Et vlan. Voilà une grosse responsabilité qui s'éloigne à tire d'aile. Qu'importe si j'ai moi aussi couché avec Marcel, j'avais pris mes précautions, moi. Nananère.

C'est bien tout ça, mais c'est quoi au juste cette histoire de responsabilité ? Pourquoi devrais-je être responsable du résultat de cinq malheureuses minutes d'activité forcenée ? Sous prétexte que cet enfant baveux (pardon Sigmund) sera incapable de se défendre contre le monde cruel, et aura besoin de protection, d'aide, de soutien et de cinq euros par semaine d'argent de poche pendant au moins quinze ans ? Mais c'est totalement disproportionné ! Passe encore sur l'aide et le soutien, mais cinq euros ! CINQ euros ! Mais on veut me saigner aux quatre veines ou quoi.

Transigeons : zéro euros jusqu'à cinq ans, trois euros jusqu'à dix, cinq après jusqu'à quinze ans. Voilà. C'est à prendre ou à laisser. Je peux pas faire mieux. Les traites du crédit, les crédits pour les traites, les charges, les impôts, tout ces trucs de sous où je ne comprends rien (c'est mon amour financier qui gère les dépenses) tout ça pèse sur notre budget familial. Faut faire un effort. Donc voilà Sigmund, tu as les cartes en mains. On se revoie dans une heure pour signer le contrat ou bien c'est fini. Voilà pour la responsabilité.

Bon voyons les dates maintenant. Je reprends un des calculateurs si pratiques. Voyons, date des dernières règles, ah ouais voilà, hum, date des saillies (j'utilise un calculateur vétérinaire, beaucoup plus pratique) ah ben ouais pas de doute. La fécondation date de nos vacances sur cette île déserte de la banlieue des bahamas. Oui, c'est bien ça, pendant cette semaine de farniente vigoureux et d'abandon, sans un seul autre mâle à la ronde. Moui, c'est ça. Et ça me vérifie du coup les autres calculs sur la date de vêlage, voyons voir, ouaip le 8 juin, ou le 17 si on est des dauphins. Non, non, je suis bien le père. Pas de doute.

Caramba, encore raté.

samedi 21 octobre 2006

Un polichinelle dans le tiroir

Il faut qu'on le dise à tout le monde. D'accord, d'accord, ne criez pas, je sais qu'il ne faut pas le dire tout de suite. Attendre d'abord les trois mois fatidiques, et la deuxième prestation de notre Batman échographe. Pour qui me prenez vous, d'abord, je me suis renseigné, je suis presque un père responsable. Je ne frémis plus en disant le mot "père". Aaaargh !

[Deux minutes d'interruption]

Bon bref, qu'est ce que je disais ? Ah oui bon, l'annoncer. Je vois déjà le truc d'avance. Tout le monde va comprendre qu'on a fait l'amour. Enfin, plutôt baiser, comme des pécaris en plus. Ouah, la honte. Annoncer ça comme ça ? Je veux dire, aux copains, d'accord, mais à mes parents ? Leur raconter que j'ai introduit mon pénis dans le vagin de mon amour libidineuse, et que par un va et vient sensuel, ponctué de coup de reins ravageurs et de ralentissements suaves, j'ai fini par déverser quelques centilitres de semence parfaitement fertile, et que... non j'oserais jamais. Je vais plutôt employer une métaphore, genre les fleurs et les abeilles. Ca devrait coller.

Et mes beaux parents, hein, qu'est ce que je vais leur dire, hein ? Désolé m'sieur-dame, je crois que j'ai mis votre fille en cloque, la brioche est au four, le petit jésus dans la crèche, le polichinelle dans le tiroir ? Autant me couper la bite tête tout de suite (la moitié de ma belle-famille est affiliée aux triades asiatiques). Je vais laisser mon amour fécondée le faire, je pense, elle s'en sortira mieux que moi. Dur d'être père. Aaaargh !

[Deux minutes d'interruption]

Ou alors je peux envoyer un mail sybillin, avec une photo de tiroir et un dessin de polichinelle. C'est bon, ça. Suffisamment allusif pour que je puisse m'en tirer si ça tourne au vinaigre. Genre "Ah non, c'est pour vous annoncer que je me reconvertis à l'ébénisterie et à la comédia dell'arte". Hum.

Je le sens mal. Plus que deux mois de tranquillité.

jeudi 19 octobre 2006

Echographie

Donc voilà. L'échographie est un système qui permet de voir des trucs à l'intérieur de notre ventre en envoyant des sons et en étudiant les rebonds. Comme les chauves-souris, les ailes à la batman et le petit corps poilu en moins. C'est la gynéco qui nous expliqué le principe, avec des mimiques compassés à la Bruce Wayne. Tout ça n'est pas très net à mon avis, je me demande si les images ne sont pas truquées.

Oui c'est vrai, ça bouge vaguement. En même temps, moi aussi j'ai toujours des trucs qui bougent dans le ventre. Mais bon là, dans le ventre de mon amour chéri sans pilules, la gynéco nous a montré un truc d'un centimètre cube qui serait Sigmund. Inutile de dire que je suis profondément déçu. Ca ne fait pas vrai du tout cette histoire. Ca ne colle pas avec tout ce que j'ai lu la dernière fois sur Internet. Sur Bébé-Entertainment par exemple, j'ai vu qu'on faisait des films avec les échographies. Or, suivez bien mon raisonnement, les films qu'on voit habituellement sont super-net et en couleurs, avec des tas d'effets spéciaux, des lasers, Bruce Willis qui pète les dents d'un type hargneux, une happy-end et des danseuses à poil. Et là, rien du tout. Un vieux truc en noir et blanc qui ressemble justement à un film d'il y a un siècle. On dirait du Bela Lugosi, ah c'est ça, je vois mieux le rapport avec les chauves-souris. Pas la moindre meuf à poil, vous pensez, sauf mon amour chéri gélifiée.

Il parait que le coeur de Sigmund bat. Ca situe le niveau de précision de notre batman d'opérette. Tout juste bon à confirmer le résultat du test de grossesse à sept euros cinquante avec les trois points roses qui deviennent deux ("un t'es sauvé, deux t'es niqué", c'est leur slogan), c'est un peu léger pour un médecin spécialiste hors de prix la consultation, faut bien payer l'entretien de la batmobile, qu'est-ce qu'elle suce celle-là. Bon, on se contentera de ça. Mais moi, ce que j'aurais bien voulu savoir, c'est si Sigmund savait déjà qu'il s'appelait Sigmund et que dans pas longtemps il se mettrait spontanément à parler pour dire "Salut, je m'appelle Sigmund, je suis né le 8 juin, ou alors le 3 mai si je suis un dauphin, Maman se porte bien, j'aimerais bien un costume de Robin pour Noël et quelqu'un peut dire s'il vous plaît à mon père d'arrêter de raconter n'importe quoi ?"

"...A mon père...". Putain. Qu'est-ce que j'ai pas écrit, là.

Technorati Profile

mardi 17 octobre 2006

Je me suis renseigné

C'est fou ce qu'on trouve sur internet concernant les bébés. Du tout et n'importe quoi, notez bien. Il suffit de chercher Bébé et l'on se trouve confronté à des associations plus ou moins mystérieuses : bébé-prénom, à la limite je comprends (enfin, nous c'est réglé pour Sigmund) mais alors Bébé-Passion, je ne sais pas. Un parfum de glace ? Ca existe la glace au bébé ? A moins... à moins que les bébés soient une passion pour certaines personnes ? Comme les capsules de bière ou les strings en viscose (mes deux plus grandes passions).

D'autres sont énigmatiques : "Bebé-Vallée, Permet de se glisser dans la peau de parents devant éduquer des bébés apportés par les cigognes". Je croyais que c'était terminé cette histoire de cigogne. Ou alors Bébé-Conseil. Ah oui, je les vois déjà les consultants en Bébé, avec leurs slides sur la grossesse ("How to improve your ROI"), sur la conduite du changement ("Anticiper les besoins, changer les couches") ou sur les prénoms ("Marketing direct, signifiance des marques"...bon sang mais puisqu'on vous dit que c'est Sigmund).

Bon, ne nous arrêtons pas à ces détails. Ne cliquons pas sur Bébé-SOS (le site pour aider à se sortir de toutes les difficultés de la grossesse, aaarghh, parce que ça peut mal se passer, en plus ?), ni sur Espace-Bébé, on n'a pas de temps à perdre avec des conneries d'envoyer des bébés aux extraterrestres en guise de bonne volonté. Non, parons au plus simple. Première étape, la date de l'accouchement.

Bon c'est facile, j'ai trouvé quatre calculateurs, et quatre dates d'accouchement présumé entre mai et juillet de l'année prochaine. C'est pas possible, j'ai du me connecter sur Bébés-Mammifères et choisir le calculateur des dauphins, je ne vois pas d'autres explications. C'est très confus.

J'ai également fait la liste des aliments interdits. C'est pas joli-joli. Seul autorisé, le céleri, en gros. C'est très restrictif, cette grossesse, quand même. Je n'ai rien contre le céleri, mais bon, ça va être monotone. Ah non, tiens, j'apprends à l'instant sur Bébé-Bricolage que le céleri est interdit aussi. Tout cela est vraiment très confus.

Ou bien c'est moi qui suis confus.

dimanche 15 octobre 2006

Comment ça, enceinte ?

Ah ah ah, voyons voir. Comment ça, enceinte ? Tu veux dire un bébé ? Un polichinelle dans le tiroir ? Mais comment est-ce arrivé ? Oui, non, je sais, arrête avec tes abeilles et tes fleurs. Mais quand ? J'étais d'accord ? Vraiment ? OK, disons que j'étais d'accord. Oui je me rappelle, maintenant que tu le dis. Cette histoire de prendre la pilule ou d'arrêter la pilule. Hum. Si j'avais su que ça nous mènerait là.

Mais non, je te fais marcher, j'adore les enfants et j'ai toujours voulu en avoir. Je n'ai que 37 ans c'est l'âge parfait pour le premier. C'est une décision mûrement réfléchie. Je le vois déjà, tout petit, courant vers moi les bras tendus (il sera très en avance bien sûr) riant aux éclats à l'idée de faire une bagarre avec son papa d'amour. Je nous vois en famille heureuse.

En même temps, j'ai comme une angoisse. A voir les litres d'amours dégoulinantes et mièvres qui suintent des jeunes parents que je connais, je me demande ce qui va advenir... Faire un enfant est tellement facile et banal, n'importe quel imbécile remuant sur n'importe quelle crétine y arrive ; et le fruit (mais pourquoi le fruit, bon sang ? Y'à des pépins dans un bébé, ou quoi ? Faut que je vérifie ça rapidos.) de leur copulation est toujours exceptionnel. Toujours. Hum, c'est louche.

Pourquoi les parents parlent-ils sans arrêt de puces et de bouchons ? Pour les puces je me doute que les bébés ayant grosso-modo la même taille que les chiens, ils doivent être bourrés de puces. Mais pour les bouchons, hein ? C'est à cause de l'interdiction de boire de l'alcool pendant la grossesse ? Ca va être dur, tiens, je ne sais pas comment je vais faire.

Et pourquoi le bébé parle tout le temps dès qu'il est naît ? "Bonjour, je m'appelle Jasmine et je suis né il ya deux heures, je vais bien et Maman me déteste. Papa s'est évanoui dans la salle de travail." "Bonjour, je m'appelle Kevin et franchement j'ai pas de bol, vu le prénom qu'on m'a choisi." Je ne comprends pas ce qu'ils ont à dégoiser ces mômes. Il faut que je me renseigne, il doit y avoir une raison.

Comment va-t-on l'appeller, d'abord ? Hein ? Je n'en ai aucune idée.

Pour l'instant, appelons-le Sigmund.