vendredi 29 décembre 2006

Dugenou-Bourrichon ou Bourrichon-Dugenou ?

Ah la la la, le choix cornélien.
Avant c'était simple, les enfants portaient le nom de l'homme. Fastoche. Et normal, puisque c'est l'homme qui rapportait les brouzoufes à la maison. A quoi ça aurait servi qu'on se fasse chier à mettre en place une société patriarcale, sinon, hein ? Bon. Mais maintenant c'est carrément la galère.

Mettons que mon amour-à-bidon-variable (c'est dingue comme elle prend du ventre le soir et le matin on voit même pas qu'elle est enceinte) s'appelle Dugenou de son nom de famille, et moi que je m'appelle Agato. Non je blague. Je m'appelle Papa-de-Sigmund Bourrichon. C'est des pseudos hein, c'est juste pour conserver l'anonymat des protagonistes de ce bloug, c'est que je bosse dans une maternité, moi, je voudrais pas qu'on m'accuse de sortir de mon devoir de réserve comme d'autres qu'on a fait taire, la honte. En plus c'est pas vrai pour la maternité, je travaille dans les pompes funèbres en fait. Donc nos pseudos c'est Dugenou et Bourrichon. Bon. Ah ouais, j'ai pris ça au hasard, hein, faut pas que des Dugenou ou des Bourrichon me fassent le coup des Bidochons ? J'aurais pu prendre Dupont et Dupond (mais c'est moins drôle) ou Bourrichou et Dugenon. Bref.

Maintenant qu'est ce qu'on choisit pour nom de famille de notre feignasse de descendance (c'est qui bouge pas encore ce couillon) ? Bourrichon-Dugenou ou Dugenou-Bourrichon ? On a droit au deux. On a même droit à en choisir un seul mais on n'a pas réussi car mon amour-têtu-comme-un-âne voulait pas de Bourrichon, elle trouvait que ça faisait un peu crétin (je lui ai pas dit pour pas la contrarier, mais Dugenou c'est pas terrible non plus). C'est pas facile de se mettre d'accord, surtout que franchement Dugenou-Bourrichon ça sonne hyper-mal, alors que Bourrichon-Dugenou c'est fluide, léger, ça coule tout seul. Enfin je trouve.

Tout ça dépend du prénom, bien sûr. Mais bon y'a pas photo entre Sigmund Bourrichon-Dugenou, un nom fier et impétueux comme une charge du général Custer et Sigmund Dugenou-Bourrichon qui ressemble à un mauvais nom de personnage secondaire d'une fiction de tf1. Et encore on a de la chance, parce que le prénom c'est Sigmund, mais si on avait pris je sais pas moi, mettons un joli prénom égyptien comme Hammou, hé ben ça tombait super mal parce que autant Hammou Bourrichon-Dugenou ça évoque Napoléon conquérant l'Egypte, la grandeur des pharaons et patin couffin, autant Hammou Dugenou-Bourrichon ça sonne mal sans qu'on puisse savoir exactement pourquoi. Autant vous dire que c'est pas encore réglé cette histoire, et pourtant il faut qu'on déclare l'ordre pour la mairie et la reconnaissance en paternité.

Bon assez blablaté, ce sera Bourrichon ou rien. C'est pas que je veux me monter quoi que ce soit, mais c'est quand même beaucoup plus joli que Dugenou.
Allez, je vous laisse, faut que j'achète du céleri et un demi-yaourt stérilisé pour le réveillon. Et du champommy.
C'est vraiment la fête cette année, hein ?

mercredi 27 décembre 2006

Félicitations

C'est un peu fatiguant toutes ces félicitations légèrement prématurées.

Non c'est vrai quoi. Je vois pas pourquoi on nous félicite. y'a sans doute une bonne raison mais laquelle ? Ca loupe pas en tout cas, dès que j'annonce le polichinelle dans le tiroir, pardon, la venue de Sigmund, pouf et que je te mouline du félicitations grand comme le bras, et que je te demande des détails, et des dates et quand c'est que vous l'avez conçu, etc.
Ouais c'est ça en fait. C'est presque comme si on te félicitait pour ta partie de jambes en l'air. Parce qu'après tout c'est à peu près la seule chose qu'on ait faite pour le fabriquer ce bébé, à part peut-être un calendrier super interactif pour savoir les bons jours (ceux où l'ovule fraîche et dispose se pavane dans les trompes de Fallope -fallope ! oups, pardon- à la disposition des millions de spermatozoïdes anxieux de bien réussir leur prime sous peine d'être éliminés, je vous le dit une fécondation c'est presque comme la starac).

Ouais, on a pratiquement rien fait, mais à chaque félicitation c'est comme si un présentateur sportif se mettait à nous crier dans les oreilles (genre cochonnet hystérique sur la 2, celui qui commente les courses) : Hé oui mesdames et messieurs magnifique figure libre du futur papa de Sigmund qui vient de placer une double clé aux jambes ce qui permet de voir très nettement la profondeur de la pénétration, oui, oui, c'est très bon pour la fécondation, oui, nous sommes peut-être sur la lancée pour une date historique, oui, c'est beau, c'est très beau, la cadence s'accélère, c'est parfait, attention à la sortie de piste, oholaaala, faut mettre des crampons, beau rétablissement du bout du nichon, ah oui je crois qu'on a une combinaison gagnante là, attention c'est vraiment le jour, oui, oui, quelle magnifique montée en puissance, ohlalala, c'est bien , c'est beau, quel spectacle, je crois que le sprint final s'amorce, oui c'est ça, encore, c'est bien, on est sur les base du record du monde, si ça nous fait pas un bébé, ça, oui c'est ça, ça y est, c'est l'orgasme, ouiiiiii, bravo, but, record du monde, record battu, ça y est, c'est la bonne, c'est sûr, on attends la confirmation officielle, quel grand moment mesdames et messieurs, un grand moment de sport en direct, ah non tiens, pas en direct, oui vraiment, félicitations !

Et encore je vous épargne la version anglaise avec l'autre insupportable, là, qui ne laisse personne en placer une : well, a great moment,this triple lutz with the dick, splendid, and now i am watching a lovely pair of balls balancing in a very charming way upon this recently feconded girl, warm greetings for your performance. Bref, là au moins j'aurais compris, juste avant de leur foutre mon poing dans la gueule (keskifoutraient dans ma chambre, d'abord ?). Mais non. On a les félicitations maintenant. Entre la naissance et la conception. Quasiment pour rien, pour ainsi dire. Attendez au moins qu'on l'ait pondu, le Sigmund. Qu'on voit si y'a de quoi féliciter, s'il n'a pas trop la tête de Sartre qui aurait percuté un trente tonnes (en encore, ce serait la faute à la génétique).

Ou alors, attendez vingt ans ! Qu'on voit si on est arrivé à en faire une femme ou un homme à peu près droit dans ses bottes (c'est à dire qui n'adhère pas à l'ump), capable de s'exprimer autrement qu'en phonétique, ayant lu au moins un Verne et un Zola avec plaisir, préférant la bouffe à l'ascèse et les culottes aux bénitiers et là oui, à ce moment là, vous pourrez nous féliciter. Et là probablement je vous raconterai sa conception et ce fameux triple lutz piqué sur la bite (ma spécialité).

Ouais c'est bien ça. Faisons comme ça, d'accord ?

lundi 25 décembre 2006

Dernier Noël peinard

Après faudra se fader :
- les décorations, les arbres, les épines, les pieds en bois qu'il faut clouer, les guirlandes électrocuteuses, les boules, la mauvaise conscience (à cause de l'arbre abattu), les étoiles, les angelots, la neige artificielle qui colle, les plombs qui sautent,
- les cadeaux, les cadeaux, l'avalanche de cadeaux, cadeaux en plastoc, cadeaux en toc, cadeaux pour soulager une mauvaise conscience, cadeaux pour gogo, cadeaux chérots,
- le papier cadeau que l'on froisse et que l'on jette par tombereau au bout d'une demi-heure pour faire comme dans les films et trouver l'étincelle de joie frelatée du bambin qui déchire, déchire, déchire, et le papier qui vole partout jusque dans les guirlandes qui n'y foutent pas le feu, dommage,
- les parents, les beaux parents, les appels, les contre-appels, les voeux, l'adoration du petit, les rois mages à la con de la mièvrerie universelle, la famille, l'oncle roumain, les cousines aux yeux brillants, les mioches exaspérés,
- les bouses à la télévision pour occuper l'enfant chéri, les remakes bien-pensants d'histoires cul-cultes, les conneries sur les traîneaux, les rennes, les cadeaux, les enfants sages tant qu'ils sont blonds et qu'ils vivent proprement dans des banlieues middle-class américaines,
- la télévision de Noël dans son ensemble et son cortège d'immondices gluantes,
- les repas de Noël, burp, mauvaise conscience,
- son propre attendrissement crétin devant les yeux embués de Sigmund.

Merde.

Déjà que j'aimais pas Noël avant...







Tiens, autant pour l'esprit de Noël : quelqu'un pourrait m'expliquer pourquoi un quidam arrive sur mon blog de père angoissé en tapant la recherche paco se branle dans la voiture avec un un aspirateur ? Ouais franchement, j'aimerais bien savoir...

samedi 23 décembre 2006

J'ai pas trop le temps, là...

Pasque je prépare les fêtes de Noël.

En fait non, c'est pasque je répare des prises électriques.

Ah ah, non, en vrai c'est pasque j'ai pas le temps et que j'aime pas abimer le beau damier de mon calendrier. Voilà.

jeudi 21 décembre 2006

Parce que vous le valez bien

Ouais, comme je suis en repos aujourd'hui tranquille à la maison (après une nuit éprouvante passée à regretter d'avoir ingéré hier soir l'équivalent de deux raclettes/homme, six cocktails et un demi-kilo de chocolats d'origine belge, donc bien crémeux) et que je me traîne comme une savate qui aurait perdu sa bourre, je me suis dit qu'un petit billet pratique ne nous ferait pas de mal (ainsi qu'un litre de citrate de bétaïne mais c'est une autre histoire). Donc aujourd'hui, parce que vous le valez bien je vais vous parler des prises électriques.

En réalité c'est parce que mon amour-à-curiosité-hormonale commence à avoir des doutes alors je fais semblant d'être sur un blog de bricolage. Chuuut. En plus on est vendredi pas jeudi, je sais, mais moi j'aime bien dans le calendrier le damier que ça fait un jour sur deux, alors je publie le vendredi le billet du jeudi, je fais ce que je veux d'abord, ok ?

Donc mes amis, puisque nous parlons de sécurité des prises électriques, je vais vous montrer comment réparer une prise défectueuse. Voici pour commencer une photo de la prise à réparer :


Rhôôô ! Mais c'est super dangereux pour un bébé, ça ! Vous vous rendez pas compte. Mais quel est l'emmanché de précédent locataire qui n'a pas réparé ses prises, laissant le soin à un pauvre être martyrisé par la vie le soin de réparer, encore et toujours, au péril de sa vie ? Hein ? C'est pas bien.
Donc une prise comme ça c'est caca. D'accord ? Les trucs rouges et bleus qui dépassent sur le dessus s'appellent des fils électriques et sont potentiellement mortels pour tout être de moins de soixante centimètres qui baverait dessus (ainsi que pour tout couillon tripatouillant dedans d'une main, l'autre étant occupée à tenir un appareil photo).
Le premier truc à faire, très important, est de faire une prière à Ohm, le grand dieu de l'électricité, pour assurer la réussite de la réparation. Vous avez sans doute vu des gens faire 'Ohm, Ohm, Ooooooooooohmmmmmmmmm !" ben c'est pour ça, ils avaient des prises à réparer. La deuxième hyper importante c'est de couper le courant ou bien vous allez bientôt implorer Biafinos le dieu des grands brûlés (l'imploration fait un truc du genre "Aïeeeuuzzz, bzz, bzzz, aaarhhhgg, pssshhht, bzzzz").
Bon après vous enlevez le cache (c'est le putain de petit truc en plastique qui résiste, ah bordel je vais tout péter) :


Ca y est, c'est enlevé ? Bon. C'est parce qu'on pas que ça à faire, hein. On va pas mettre une demi-heure pour enlever un cache à la con, y'a du boulot après. Le truc maintenant c'est de repérer les petites pattes rigolotes derrière la prise, je vous fais une photo vous pouvez pas vous tromper :


Voilà, je sais c'est con mais c'est comme ça : la prise elle a des petites pattes et quand vous tirez dessus les petites pattes elles s'arquebboutent s'arkbout s'ahrquebh se raidissent et votre prise elle refuse de sortir du mur, exactement comme le cancrelas lors de votre dernière crise de delirium tremens. Bon en tout cas les petites pattes quand on visse les trucs devant, elles se bloquent fort fort fort dans le mur, et la prise tient. C'est carrément miraculeux, encore un coup d'Ohm, il est trop fort.


Là vous voyez bien comment qu'on fait pour visser. Ah la vache on voit mon tournevis sur internet ! Ah ben dis donc. Donc voilà là je visse vachement fort pour que la prise elle reste là pendant mille ans. Jamais plus elle ne bougera. Une offrande éternelle à Ohm. Voilà ce qu'en j'en dit, c'est du beau boulot, hein ? Le résultat final sous vos yeux ébahis :


C'est pas chouette, ça ? Bon d'accord on voit bien le bout de plastique que j'ai pété pour arriver à enlever ce #@!§!! de cache de merde. Mais bon la prise je te dis pas comme elle tient maintenant. Et y me reste plus qu'à m'occuper des dix autres de l'appartement. Mais pas tout de suite, pasque là je suis un peu fatigué, je vais m'étendre un peu pasque j'ai mal à la tête. Et vouais, le bricolage c'est pas facile, surtout quand on confond avec picolage.

mardi 19 décembre 2006

Mon beau Caddie

Oui je sais c'est une marque protégée, j'ai pas le droit de l'utiliser comme ça mais bon, hein, tout le monde dit un Caddie, pas un chariot à roulettes, alors vous avez qu'à imaginer qu'il y a un de ces trucs là, le petit "r" dans un rond pour dire que la marque est protégée (par qui ? par des grands balaises avec des battes de baise-ball ?) après chaque citation du nom. C'est pas ma faute moi si je ne sais pas les faire dans l'éditeur de mon beau dotclear qu'il est chouette. Donc, laissons de coté ces considérations mercantiles et revenons à nos moutons, je chantais donc : mon beau caddie, roi des caddies, que j'aime tes fe-rru-res !

Oui parce que j'ai eu une idée.

Géniale, tout simplement.

Vous savez j'ai pas de voiture. Je sais pas comment je vais faire pour amener mon amour-à-bidon-qui-bouge-toujours-pas à la clinique pour pondre Sigmund. Ah oui, je sais pas si je vous l'ai dit, mais on va avoir un bébé. Je vous l'ai dit ? Ah. Ah oui. Donc. Vous savez combien ça coûte un bébé en fournitures ? C'est pire qu'une console de jeux. Je connaissais bien le monde des vautours de la mort (déformation professionnelle) mais là je découvre les vautours de la naissance ; au lieu de profiter de ta détresse ils profitent de ton bonheur. Enfin pour ceux qui sont heureux d'avoir un bébé je veux dire. ou bien ceux qui sont heureux de voir leur amour-épanouie être heureuse. Ou bien ceux qui sont pas heureux mais qui peuvent pas le dire, clac, parce qu'ils sont coincés. Les autres sont au Guatémala, alors on s'en fout. Donc les vautours de la naissance, vous savez combien ça coûte ? L'épiderme des muscles raidisseurs arrières. Et c'est là qu'entre en scène le caddie(r) (ça va si je fais le petit rond comme ça ? C'est que je suis respectueux des lois, moi monsieur).

Le caddie(r) c'est le couteau suisse de l'équipement des futurs parents.
D'abord je peux m'en servir pour aller à la clinique : avec une couette au fond, j'y fourre mon amour-à-méga-bidon (j'anticipe) et vogue la galère, le temps de dire ouf on est déjà à l'hôpital. Le seul risque potentiel c'est si j'ai une roulette qui déconne et que je me mets à zigzaguer sur les trottoirs comme des fois dans les rayons du super marché qu'on dirait que j'ai bu un litre de rouge avant de venir faire les courses hebdomadaires. Donc pour le transport c'est réglé recta. Ca marche pour le retour aussi, je colle Sigmund et mon amour-à-bidon-dégonflé sur la couette et zouuu retour à la maison. Et pas de risque de crevaison ni de moteur qui démarre pas, la tranquillité d'esprit assurée. Déjà un gros avantage.

Mais en plus ça fait tout le reste ; un lit confortable en rajoutant un petit matelas et des couvertures, et puis des trucs sur les cotés pour que le métal ça soye pas trop froid. Ca fait poussette aussi bien sûr, t'es même pas obligé de sortir le gnome de son lit pour le balader, tu rajoutes juste une couche de couverture et ça fait la rue michel, c'est juste pas trop facile pour les couloirs du métro, c'est que ça pèse un caddie. Mais comme tu trimballes ton chiard partout comme ça, ça fait aussi Cosy et transat pour le prix de gros. Là où ça devient génial c'est qu'en enlevant le matelas ça sert aussi de parc. Et aussi qu'en approchant le caddie de la table et en dépliant le siège intégré, boum t'as une chaise d'où ton gamin y peut pas tomber. Et à roulettes en plus !

En plus ton gamin tu commences à l'habituer aux vraies valeurs de la vraie vie. Il sait déjà que les courses ça se fait avec un caddie(r) dans un supermarché pas cher et pas avec un con de cabas à roulettes dans un marché bio pour parisiens friqués. Il faut juste penser à changer un peu le caddie pour qu'il connaisse toutes les enseignes, ça facilitera son entrée dans la vie de consommateur active. Je suis sûr que Françoise Dolto aurait reconnu les vertus éducatives et pratiques du caddie(r) comme instrument principal de l'éducation des jeunes enfants. Sigmund, tu va être fier de ton papa !

Tout ça pour un euro ! Elle est pas belle, la vie ? Je crois que j'ai pratiquement résolu la quadrature du cercle.

dimanche 17 décembre 2006

Noël, noël, c'est le bordel

Ah ouais tiens. Comment on va faire un repas de Noël qui tienne la route, hein ?

Non mais t'as vu ce qu'on a le droit de manger quand on est une femme enceinte ? Et donc le droit de manger quand on est le roudoudou-d'amour solidaire d'une femme enceinte ? Rien, rien du tout, un quart de branche de céleri, une demi-endive, le désert du Gobi. J'te jure, c'est pas qu'on soit des fanatiques de la consommation hypercalorique et choléstérologène de Noël, mais bon quand même des fois on fait des folies jusqu'à s'autoriser une pauvre huitre ou une demi-langouste mayonnaise à la cafétéria du coin (mais pas de foie gras, suite à cette lecture). Mais pour cette année je te le dis tout net mon gars tu peux te la mettre sous le bras, l'huitre, et je ne parle même pas de la langouste. Ô Sigmund qu'as tu fait ! Et en plus tu ne bouges même pas !

Donc on a pas le droit aux coquillages : les huitres sont out. Pas le droit aux aliments crus, les huitres sont out deux fois, ça y est cette fois deux expulsions temporaires c'est le carton rouge assuré, et oui nous avons tous vu sur l'image au ralenti cette huitre essayer de tacler ignominieusement mon amour-qui-sait-pas-les-ouvrir avec un bactérie potentiellement mortelle pour un pauvre Sigmund. Pas d'huitres, pas de coquilles Saint-Jacques, alors là c'est du scandale, c'est trop injuste. En plus avec les Saint-Jacques y'avait quasiment du religieux dans l'air, l'impression de faire une sorte de pélerinage gastronomique et puis c'est pas dur à préparer (faut pas oublier d'enlever la coquille, comme les huitres). Avec les crustacés, c'est la cata de la mer, interdite, verboten, dehors les femmes enceintes et leurs foetus trop fragiles. Pas de langouste, pas de crabes, pas de homard, Ok d'accord et le poisson pané on y a droit ? Alors d'accord pour le poisson pané de Noël franchement ça va avoir de la gueule le repas de fin d'année je vois déjà la table dressée, les bougies les assiettes, la nappe damassée, les couverts argentées et ces beaux carrés frits, dorés et odorants, avec de la purée ou des endives molles.

Y'a pas de fromage non plus (enfin je veux dire des vrais fromages). Adieu le livarot de Noël, la Coulommiers de Noël, le Mont-D'or de Noël. Adieu le pain brûlé que l'on recouvre généreusement de la crême coulant d'un bon reblochon fermier frotté à la paille bouseuse de l'étable.
Y'a pas de vin non plus et pas de gibiers (because pas de civet). Adieu le grand cru soigneusement gardé pour l'occasion, adieu le Pommard, adieu le Sauternes. Adieu la daube de sanglier aux petits lardons mitonnée pendant cinq heures sur le coin du fourneau.
Y'a pas de champagne. Y'a pas de saumon fumé. Y'a pas de rillettes (Comment ? Vous connaissez pas les rillettes de Noël ? Vous savez pas ce que vous manquez). Pas de saumon, on croit rêver. Finis les repas de mon enfance où nous nous jetions joyeusement des tranches de saumon à la figure en guise de blagues de Noël. Finis (je crois que la faim et la frustration commencent à me faire délirer).
Y'a rien, y'a pus rien.
Et bientôt un billet :
Nouvel An, nouvel an, on mange des glands.

vendredi 15 décembre 2006

Le stress monte

Bon on était peinards et on s'ennuyait ferme pendant cette grossesse, et je me trouvais obligé de martyriser des pauvres conseilleurs innocents ou de gloser sur des prises électriques et sur les recherches d'internautes pour occuper l'espace de ces colonnes. Mais là pour de vrai on commence à stresser. Ouais, ouais, un vrai sujet de stress qui n'a aucun fondement mais qui nous occupe bien la tête. Oui parce qu'on est des parents primipares (ça veut pas dire qu'on descend des singes mais qu'on en est au premier, oh ça va pas la peine de crâner moi aussi je viens de l'apprendre y'a trois minutes), donc forcément on ne sait pas à quoi ressemblent les manifestations qu'on est en droit d'attendre.

Bien sûr je parle pas de manifestations genre Bastille-Nation où qu'on se prend des gnons (celles-là j'ai décidé d'arrêter en même temps que le poids écrasant des responsabilités me tombait sur le râble par une chouette soirée de septembre sous la forme de deux putains de points roses). Non, juste des trucs qui sont censés arrivés aux femmes enceintes. Genre comme on lit des milliards de livres consacrés à la grossesse, on sait pertinemment que là maintenant mon amour-à-nichons-sensibles (oh oui vachement sensibles) devrait commencer à sentir bouger Sigmund. Mais macache. Nibe. Rien ne bouge.

Evidemment elle s'inquiète du style et si il était crevé comme un pélican qui a mangé un hareng frelaté ? Tiens justement j'ai mangé un kiwi pas très frais y'a deux jours et si ça se trouve Sigmund n'a pas supporté. Ou bien c'est cette overdose de lasagnes aux cèpes que j'avais faite y'a trois jours qui s'est peut-être coincé dans le cordon ombilical (on lit beaucoup mais des fois c'est pas très précis : le cordon ombilical je vois comme une espèce de tuyau d'aspirateur -mais sans l'embout hein ?- par lequel passe la nourriture en toutes petites boulettes). J'ai beau essayer de la raisonner, le stress s'installe dans sa tête ravagée par les hormones et se communique à la mienne ravagée par les angoisses et les coups de jus des prises électriques mal réparées. J'essaye de plaisanter et de la convaincre que Sigmund est juste un peu paresseux comme son père : regarde y'a trois jours après les lasagnes je pouvais plus bouger du tout mais pourtant j'étais pas mort, non. Oui bon d'accord j'avais les yeux révulsés, la langue pendante, je bavais et je ne respirais pratiquement plus, mais je n'étais pas mort. Ok d'accord comateux mais pas mort. La preuve j'ai écrit un billet sur mon bloug. Quoi comment ça quel bloug ? Merde je me suis trahi. Non rien, rien du tout, juste un blog de ... de... de bricolage électrique sur comment qu'on répare des menus trucs genre les prises tu vois ? Je pense que c'est intéressant de partager son savoir. Mouais c'est ça, et quand c'est que tu les répares ces prises ? Ouf, je l'ai échappé belle, mieux vaut une bonne dispute que de dévoiler ce bloug.

Bref, c'est l'angoisse totale. Même l'annonce de notre excellent score au jeu de la trisomie ne nous a pas remonté le moral. Ouaip, 1/2151, c'est de la balle. Mais bon en même temps si Sigmund est crevé comme un ragondin qui a boulotté un rat mort, ça nous fait une belle jambe qu'il soit parfaitement normal (enfin, à 2150 chances contre une, j'ai toujours eu une guigne d'enfer aux jeux de hasard genre je fais un jackpot à Las Vegas mais la machine a été vidée juste avant moi, mais c'est une autre histoire). Et bon voilà, on est suspendu au moindre mouvement de bidon, c'est malin. Je vais brûler les bouquins, je te jure. Je sens que les jours qui viennent s'annoncent longs, très longs. Putain Sigmund réveille-toi, sinon on va droit à la dépression pré-natale.

mercredi 13 décembre 2006

Ah ouais quand même

Ce matin vers une heure une internaute affolée a cherché sur Gougueule les mots suivants : "je ne sais pa si j'ai vomi ma pilule". Et cette pauvre âme en quête de réconfort a abouti sur une de mes pages de légèretés badinantes, avec une très faible chance d'avoir trouvé l'information qui lui manquait (à savoir je suppose si sa contraception risquait de souffrir de l'aventure). Je me sens un peu coupable de ne pas mieux réconforter les âmes en peine maraudant sur internet des réponses à leurs questions existentielles. En même temps, franchement...

Nââân, pasque je la vois bien la gonzesse. C'est bientôt Noël alors bon forcément c'est pas rigolo de fêter Noël toute seule, c'est bien la peine de mettre des guirlandes qui clignotent si y'à personne qui est là pour faire des "oh !" et pour faire des "ah !" quand les diodes multicolores se mettent à tournicoter comme des folles. Alors dans un élan d'humanité, elle accepte l'invitation de Kevin qui la tanne depuis des mois pour qu'elle accepte une petite sortie en amoureux, allez déconne pas juste une, j't'emmènerai au bout de la terre au MacDo du boulevard Voltaire, j'déconne on va dans un petit resto trop bien que je connais. Bon, donc Edwina accepte l'invitation de Kevin en se disant que petit 1/ ça occupera toujours une soirée où y'a rien à la télé et petit 2/ si Kevin se révèle de compagnie suffisamment agréable pour prolonger jusqu'à Noël, elle aura gagné une bonne raison de sortir cette fameuse culotte fendue rouge bordée d'hermine qu'elle avait achetée y'à deux ans pour Gérard son grand amour qui l'a larguée, m'en parlez pas, m'en parlez pas, c'est le drame rien que d'y penser je renifle.

Bon, ceci dit c'est qu'une sortie en amoureux, OK ? Donc pas question de baiser avant le resto (comme le sait toute jeune fille bien élevée), on se réserve pour la fin de soirée. Et puis bien sûr on vérifie qu'on est à jour pour la pilule, hein, pasque le Kevin il a des oreilles faut voir comme, donc comme géniteur -même par accident- c'est pas le top du top, même pas le top, y déchire pas trop sa race pour être plus clair. Donc avant de partir, check-list, pilule OK, préservatif OK, dents lavées OK, culotte propre OK, sent-bon à foison OK, collant pas coincé dans la jupe OK, gloss OK, check-list OK paré au décollage.

Ben ouais mais c'est à l'atterrissage que ça a merdé. Parce que le resto chinois il était bien, mais les deux tsing-tao plus le saké pourri à la fin (même pas de gars à poil dans le fond du verre ! Juste un con de rossignol siffleur !) ça fait un peu trop pour Edwina qu'avait bu un porto avant de partir. Et puis Kevin qu'arrêtait pas de la chauffer au rouge et de lui faire goûter son verre et de commander du Mei-Kwei-Lu pour les deux genre je-te-saoûle-je-te-baise, trop con, elle était décidée de toute façon. Et donc paf en rentrant pour un dernier verre -le verre de trop- à l'appart avec ce con de Kevin est arrivé ce qui devait arriver. Un, Edwina a oublié le préservatif, et Kevin était trop pressé de se faire reluire le poireau pour réfléchir (déjà qu'en temps normal c'est pas la Bamba dans le crâne à Kévin). Deux à force de se faire secouer dans tous les sens, et que je te fais la gondole à Venise, et le balancier bulgare, et le champignon anatomique ben c'était fatal Edwina a eu la gerbe et a laissé Kevin-le-penaud la bite à l'air sur le puce pour aller au refile sur la carpette devant la salle de bains.

D'où ce grand moment de solitude, une fois le Kévin viré, sur l'angoisse de tomber enceinte à cause d'une pilule qu'on aurait vomi en même temps que des nems et du poulet aux amandes riz cantonais, sans oublier les boules coco, en fait de boules j'aurais du m'en tenir là.
En tout cas, moi c'est comme ça que je vois les choses. Edwina si tu me lis il faut que tu arrêtes de boire, mais sinon à part ça y'à la pilule du lendemain gratos si tu veux être sûre.

lundi 11 décembre 2006

Fond d'écran

Ok d'accord, on va avoir un bébé. OK d'accord on va gâtouiller comme deux petits vieux qui ont découvert trois biscuits un peu mous au lieu de deux dans le plateau repas de leur maison de retraite. OK d'accord je vais rédiger un faire-part dégoulinant de mièvrerie affligeante, sur lequel une photo de Sigmund louchant accompagnera un texte censément humoristique destiné à faire croire que la naissance d'un bébé est le plus beau jour de la vie de ses parents (alors que tout le monde sait que le plus beau jour de la vie d'un garçon est celui où il achète sa première console de jeu). Oui je sais tout ça. Mais par dessus tout, est-ce que je serai obligé d'avoir une photo de Sigmund en fond d'écran sur mon ordinateur ?

Nan, pasque ce matin dans les dix minutes qui séparent la station de métro du bureau, je suis passé devant au moins trois bureaux dans lesquels des plus matinaux que moi étaient déjà au travail sur leur ordinateur, et à chaque fois le fond d'écran était le même. Enfin, du même style : un bébé rigolard contemplant son géniteur d'un air épanoui. Enfin je suppose que c'étaient leurs géniteurs. Ouais, qui serait assez maso pour placer sur son ordin une photo du bébé d'un autre, hein ? A moins qu'il existe un site super bien genre funnybabieswallpaper.com pour télécharger des fonds d'écran et se moquer... Une belle photo de bébé bien baveux, la bulle au bec et la tête encore déformée par les forceps, c'est vrai que ça crache à tous les sens du terme. Mais non, je crois bien que c'était le leur. Y'avait plein de gars avec la photo de leur bébé sur leur écran. Brrr...

Mais à quoi ça leur sert ? A se rappeler que tous les soirs ils vont devoir se taper le rangement de l'appart, la vaisselle, la lessive etc, pasque l'autre gnome arrête pas foutre le bordel avec ses jouets à la con qu'on se casse la gueule dessus et ses déjections autour de la table, les traînées de soupe envoyées à dache qu'on s'y casse la gueule aussi dessus ? A se rappeler le joli amour puant et bruyant qu'est entré dans leur vie un beau matin à 4 heures comme si y'avait pas déjà suffisamment à faire avec l'autre taré qui met sa musique à n'importe quelle heure de la nuit ? Ouais j'aimerais qu'on m'explique. Je sens qu'on va encore m'objecter l'amour tralala et tous ces trucs qu'on peut pas comprendre tant qu'on n'a pas eu son premier. Mais justement, j'aimerai bien comprendre avant, histoire de pouvoir me casser au Guatemala si ça se présente vraiment trop mal.

Pouf, pouf. On se calme. On ne laisse pas les angoisses prendre le dessus. C'est juste des photos pour se rappeler sa tête à la crèche et pas se tromper, ça la fout toujours mal quand on se pointe la gueule enfarinée genre je suis son père et qu'on prend le moutard d'à coté. Ou alors c'est une espèce de pense-bête pour se rappeler de ne jamais faire deux fois la même connerie. OU alors c'est qu'ils trouvent ça beau les bébés, après tout y'en a bien qui mettent des voitures en fond d'écran, pourquoi pas des bébés. Ou alors c'est pasque ils ne savent pas changer le fond d'écran. Ah ouais, ça doit être ça ! Voilà, c'est tout bête.
Excusez-moi, je m'énerverai plus comme ça, promis. C'est pasque j'ai passé la moitié du week-end à démêler les câbles électriques et j'ai même pas commencer à regarder les prises. Tiens je vais trouver une photo de bébé sur internet et la mettre en fond d'écran pour commencer à m'habituer.

samedi 9 décembre 2006

Peinard, pépouze

Ben ouais, je suis tout peinard ce week-end, vu que mon amour-en-cloque s'est tirée avec une amie faire une thalassotérapie dans une région viticole du sud. D'ailleurs j'ai comme un doute là, c'est crédible cette histoire ? Elle serait pas plutôt allé en cachette se piquer la ruche chez des producteurs de pinard malgré l'interdiction formelle de la faculté ? J'aurais du me méfier quand elle m'a parlé de vino-thérapie prénatale. Bref, ne remuons pas le tire-bouchon dans la bouteille et laissons couler. Ca fait du bien des week-end off comme ça, chacun se retrouve seul face à lui-même (et à une bonne bouteille de whyskie tiens, je vais me rattraper, j'vais m'gêner) pour faire des trucs pour lui hors de la pression continuelle de la grossesse.

Oui je sais je suis pas trop cohérent vu que j'ai dit qu'il ne se passait pratiquement rien, mais bon y'a quand même une certaine pression, faut pas le nier, hein ? Et puis d'abord je fais ce que je veux, je suis sur mon blog de futur papa angoissé, et si j'en envie de raconter n'importe quoi en peignoir et grosses chaussettes de laine, c'est mon droit le plus absolu que j'exerce, un verre à la main. Après tout c'est pas comme si des gens qui me connaissent me lisaient : coucou papa ! (et oui, je sais tout...).
Bref qu'est-ce que je disais. Ah vouaye. Donc ce week-end je fais ce que je veux, en dehors du contexte de l'arrivée de Sigmund, sans même y penser du tout, quoi. Je retrouve mes réflexes d'adolescent de trente ans. Hier j'ai même commencé à faire des devis pour un nouvel ordin, c'est dire. Et puis je réfléchis à un argumentaire qui me permettrait d'importer une Wii à la maison, genre cette nouvelle console fait faire du sport, c'est bon pour une femme enceinte.

A part ça j'ai décidé de ranger la petite chambre, la bibliothèque c'est vraiment trop le foutoir. Toutes ces couches accumulées de livres que je ne relirai pas, de vieux cours, de souvenirs bidons d'époques révolues, de partoches que je saurai jamais jouer, de CD avec des trucs dépassés gravés dessus (genre Rise of the Triad), de disquettes (oui je sais, y'a même des jeunes geeks qui savent même pas à quoi ça sert ces petits bouts de plastiques rigolos, et moi j'en ai trente boites avec des Coreldraw 3 et des Windows 3.1 disk 1/11 marqué dessus). Cette bibliothèque est remplie de merdes sentimentales et de bibelots à la cons. Je vais te me faire un ménage là-dedans, ça va pas traîner. C'est pas pour l'arrivée de Sigmund, notez bien. C'est juste que ça me pèse, d'un coup.

C'est comme ces putains de câbles derrière la télé. Mais comment j'ai pu arriver à faire une aussi grosse boule de trucs emmêlés ? Y'en a dans tous les sens et toutes les couleurs, avec des bouts à nu qui dépassent que ça serait vachement dangereux pour un adulte de mettons, je ne sais pas, 50 cm de haut qui irait farfouiller là-dedans. Et qu'en plus je viens de rajouter un super gros truc de Noël avec des lumières dans tous les sens et qui clignote faut voir comme, pour le coup ça te fait plus de lumière qu'un abus de vinothérapie, je te le dis. Bon donc ce foutoir de câbles je vais te le ranger, mais ça n'a rien à voir avec Sigmund, hein ? C'est juste que ça m'énerve.

Ah non vraiment je me passe un super week-end. Je me détends, peinard, pépouze. Tiens, puisque je suis en forme, je vais même jeter un coup d'oeil à ces prises électriques qui se déboîtent.

jeudi 7 décembre 2006

Ah j'ai pas l'temps, j'ai pas l'temps !

Alors qu'on s'ennuie sur le front de la grossesse, sur le thème de grossit-y-grossit-y-pas-ce bidon, la proximité des fêtes me laisse peu de temps (et peut-être aussi les affres du boulot qu'il faut faire correctement maintenant qu'il va y avoir un Sigmund à maintenir, oups, pardon pour le lapsus informatique, à entretenir). C'est bizarre de courir à cent à l'heure avec la diligence des ces cadres bornés heureux d'être les esclaves de ce marché de dupes qui voudrait que tu sacrifies ta vie à avoir les moyens de la vivre. La plupart des susdits cadres bornés justifient aisément cette routine de merde par leurs enfants, joyaux de leur couronne, couronnements de leurs ambitions, ambitions de leurs vies, viatiques vers une perpétuation existentielle. J'avoue que ça me laisse perplexe de penser que son propre épanouissement puisse passer par l'unique réussite de ses enfants.

Si je prends par exemple Gonzo, le conseilleur de notre dernier repas, j'ai l'impression que ses seuls buts (hormis d'acheter la dernière perceuse multi-percusive à double changement de braquet) était de réussir à se pourrir la vie avec son poste d'ingénieur système, d'acheter sa bagnole tape à l'oeil, de briquer son appartement avec de la déco à trois balles et enfin d'avoir son gnome. Ca m'étonnerait pas que ses prochaines sujets de préoccupation soient exclusivement tournés vers la meilleure crèche pour y coller son chiard, puis sur le classement des écoles, des collèges, des lycées, des études et puis aussi sur le sport et la musique obligatoire (tiens pourquoi pas l'ocarina, ah non tu n'y penses pas c'est le violon ou rien !). Et ce genre de vie, ça me fout bien les boules.

Vivement que Sigmund devienne un peu plus concret, que je puisse m'imaginer en Papa.

Papa...

Aaaaargh !

mardi 5 décembre 2006

C'est vraiment l'arnaque

Ouais, c'est vraiment l'arnaque cette histoire de bébé. Alors que toutes les études historiques montrent que les femmes enceintes continuaient leurs tâches quotidiennes lors de la préhistoire et du moyen-âge, il parait que dans notre monde moderne le futur père doive s'appuyer toutes les tâches ménagères pendant que son amour-à-fatigue-cyclique se prélasse tranquillement sur le divan en matant à la chaîne des épisodes de Desperate Housewives téléchargés illégalement sur internet (mais bon je vois pas un pandore s'amener pour arrêter une femme enceinte, je suis sûr que c'est encore moi qui prendrait). Oui, ben voilà, il paraît que c'est une loi intangible, et que le père est chargé de la vaisselle, du ménage, de la cuisine, des lessives, de l'étendage, du récurage, du rangement, du dégraissage, des courses, j'en passe et des meilleures pas très agréables. C'est dégoûtant ! C'est affreux !

Oui bon je dis pas qu'il faut rester sur le rythme habituel où c'est mon amour-fée-du-logis qui se tape les trucs pénibles pendant que je me prélasse en matant le dernier documentaire d'Arte sur le rôle des nazis dans la déliquescence de l'art du vitrail en Europe (Arte parfois, on dirait que le point Godwin fait partie de leur cahier des charges). OK, OK, je suis prêt à faire des concessions pour l'arrivée de Sigmund, par exemple à étendre le linge d'une lessive sur cinq, à nettoyer moi-même après avoir fait la cuisine, à faire la vaisselle du petit-déjeuner et peut-être même à verser un peu de javel dans les chiottes quand ça devient trop noirâtre. Mais bon, pas plus, quoi. Pasque si je me tape tout le tintouin, qui c'est qui va les télécharger les épisodes de Desperate Housewives, hein ? Ca va se faire tout seul, peut-être ?

C'est drôlement pénible cette histoire de grossesse. Apparemment, ça fatigue pour de vrai, c'est pas juste une astuce pour avoir une bonne place dans le métro. Mon amour-à-bidon-rebondi est toute crevée comme une vieille jument fourbue. Et c'est que le quatrième mois, hein. J'imagine même pas ce que ça va donner donner quand elle aura le profil d'une dirigeable Zeppelin (à ce propos vous connaissez le rapport entre l'entreprise Zeppelin et le chef du parti nazi ? Ben regardez Arte). Elle a même pas la force de mettre les guirlandes de Noël pour que ça clignote dans le salon comme j'aime bien. C'est dire. Je vais être obligé de tout poser moi-même. Il est où l'esprit de Noël, hein ? Je rappelle qu'au temps des cavernes les femmes enceintes posaient elle-mêmes les guirlandes clignotantes pour décorer autour des peintures murales. Et les chinoises, hein ? Tu crois qu'elles s'arrêtent de coudre des vêtements pour bébés quand elles sont enceintes ? Ben non. Et en plus le bébé dès qu'il sort il commence à coudre des ballons et des chaussures de sport. J'vous l'dit, y'a vraiment quelque chose de pourri dans notre société occidentale.

Bon j'vous laisse j'ai la liste de courses à préparer.

dimanche 3 décembre 2006

Les Conseilleurs

J'avais déjà parlé dans ces colonnes de la 11ème plaie biblique. Je crois que j'ai trouvé la 12ème ce week-end lors d'un repas qui restera dans les annales, je veux dire qu'il m'a bien fait mal au cul (oups, désolé, je suis mal embouché ce matin). Il faut savoir que, l'âge aidant, mon petit cercle d'amis s'enrichit ces temps-ci d'une flopée de gamins tous plus adorables les uns que les autres, mais certainement moins jolis que Sigmund (et surtout bien moins intelligents, je n'en ai vu aucun capable d'articuler le moindre mot, alors que Sigmund sera sans doute capable, lui, de signer les faire-parts trois jours après sa naissance et peut-être bien de chanter un petit truc si on l'attache avec une chaîne dorée à l'orgue de barbarie, histoire de commencer à se rembourser des frais qu'il nous occasionne déjà, le petit monstre). Donc inévitablement, on a droit à quelques conseils avisés d'ex parturientes et de nouveaux pères dans le vent. Bon, c'est pas trop grave.

Mais là, incroyable, là on a touché hier soir une véritable jackpot de conseilleurs. Des vrais, des beaux, des qui n'ont pas lâché le crachoir de la soirée entière au grand dam des autres convives qui auraient peut-être souhaité parler d'autre chose que de bébés et d'accouchement. Des conseilleurs, des purs, des esthètes du conseil absolu qui ne souffrent pas moindre objection, ni la simple contradiction des faits. Des absolutistes du conseil et des recommandations. Des prosélytes de la formation mentale et de l'information redondante. Des êtres nuisibles visiblement décidés à prendre notre vie en main, pour la diriger malgré nous, puisque nous sommes bien sûr ignorants par nature, n'ayant pas eu la chance et l'honneur et la responsabilité suprême de mettre un enfant au monde, ce qu'eux ont fait dans les meilleures conditions grâce à leur profond savoir venu de leur expérience millénaire. C'est à se demander comment d'autres personnes dans cette ville à l'ouest du Pécos osent encore accoucher sans leur avoir demandé leur avis, risquant ainsi la vie de leur progéniture qui ne sera de toute façon pas bien maline, vu le niveau de connaissances des parents.

C'est pas qu'on veut pas de conseils, hein, notez bien. Mais des trucs soft, quoi. Je veux dire, la manière dont Gonzo a fait fonctionner la pompe à lait de Gonza, franchement c'est un peu trop intime pour moi. Si j'avais pu placer un conseil (si j'avais pu parler tout court) je leur aurais bien suggéré de prendre à garde à la manière d'éduquer leur tout nouveau petit garçon Gonzinou, parce que sinon ça allait pas être la tarte pour lui. Laissez vivre les autres, boudiu ! On veut des conseils utiles, pas savoir que Gonza s'est éclaté les organes en voulant reprendre le ménage trop vite. De toute façon c'est moi qui fait le ménage. On n'a pas besoin de savoir le détail des douleurs de l'accouchement, ni la quantité de liquide qui s'est échappé de la matrice de Gonza pour s'écouler sur leur beau divan en cuir. Ils m'ont tout secoué mon amour-à-bidon-qui-pointe avec leurs giries.

Mais le plus terrible n'est pas là. Parce que bon, donner des conseils ou nous faire partager leur intimité bouleversée par l'arrivée de Gonzalès (heu non, j'avais dit quoi, ah oui Gonzinou) à la limite c'est un peu très carrément chiant et un peu lassant, mais compréhensible. Mais ce qui me navre le plus, c'est cet absolu manque d'humour. Si les bébés font partie de la vie, on doit pouvoir faire des blagues, non ? J'ai déjà constaté le manque d'humour sur le sujet d'une manière générale. Mais hier, quand j'ai suggéré à Gonzo le bricoleur que pour arriver à faire sortir le lait des nichons de Gonza (ça marchait pas au début, un truc horrible, elle se remplissait de lait de l'intérieur, affreux) il aurait pu utiliser sa sacro-sainte perceuse à percussion, je n'ai eu qu'un regard plein d'introspection ("Mon Dieu, j'aurais pu rater une bonne solution ?") et une conclusion définitive "Non ça aurait fait beaucoup trop mal". Aucun humour, aucune distance. Et après on s'étonne que les gens deviennent chiants. Un bébé, c'est quand même pas la mort intellectuelle, non ? Le cerveau n'est pas soluble dans le lait maternel ni dans le gâtisme paternel ?

Rassurez-moi...

vendredi 1 décembre 2006

On est le numéro 53

Hier on est allé essayer d'avoir une place à l'hôpital juste à coté de la maison pour l'accouchement. Evidemment c'est un très grand hôpital alors la maternité c'est quasiment une annexe ridicule, mais bon y'avait quand même pas mal de monde à l'entrée, les femmes avec leur petits bidons agressivement pointés en avant du genre j'ai priorité parce que je suis enceinte sauf que là ça marchait pas des masses, et les hommes avec cet air angoissé que je connais maintenant bien, vu que je le vois tous les jours dans la glace. La première angoisse d'ailleurs en arrivant à l'hôpital c'est comment qu'on va faire le jour J, vu les sens interdits et les culs de sac entre les bâtiments, impossible d'arriver en voiture jusqu'à la maternité tant pis je la porterais sur mon dos s'il le faut, je ne la laisserai pas accoucher dans la bagnole surtout que bon je viens d'acheter des nouveaux couvre-sièges imitation croute-de-cuir et je sais pas si vous savez combien ça coute les yeux de la tête ces trucs-là (environ 12 mois/couches, c'est dire ! Ah oui, je vous ai pas dit, désormais je compte tout en équivalent mois/couche comme ça je me fais moins peur et je recentre mes priorités financières, avant je comptais en équivalent bière/jeux vidéos).

Donc bon la maternité. C'est fastoche, c'est comme au rayon charcuterie d'une grande surface (c'est un exemple, j'aurais pu dire le rayon poissonnerie ou le guichet de la sécurité sociale), sauf que tu fais la queue pour avoir le ticket au lieu de prendre le ticket pour faire la queue. Donc tu fais la queue sagement avant de passer au guichet pour l'inscription. Quand c'est ton tour et que tu as fini de lire les milliers de mise en garde sur ce qu'il ne faut pas faire quand on est enceinte (genre se bourrer la gueule avec tes copines en souvenir de la fois avec l'équipe de rugby à la mjc de Melun) et sur ce qu'il faut faire quand tu es un papa responsable (style faire ta reconnaissance de paternité pour qu'on soit sûr que tu ne vas pas t'enfuir), tu as le droit d'être prise en charge par une accorte infirmière qui te pose des questions pendant que deux de ses copines à coté parlent d'une dame qui s'est vidée de son sang suite à une épisiotomie où le médecin avait un peu ripé. L'infirmière fait semblant de rien, te prend tes papiers, ouvre un énorme classeur et prend l'air très embêtée.

Elle consulte plusieurs fois son disque pour être sur que le mois de juin sera le bon (je m'attendais presque à ce qu'elle dise "si vous étiez des dauphins, le gestation serait plus longue"). Et d'un coup elle te dit bon ben non juin c'est pas possible, vous pouvez pas nous le pondre pour fin juillet plutôt Ah Ah Ah rassurez-vous je plaisante, alors voilà pour début juin vous avez le numéro 53. Remarquez si vous étiez des dauphins ça tombait pile pour juillet. Ah ah ah.
Apparemment c'est des farceurs à l'hôpital.
Après y'a quelques formalités légères pour la femme, on lui pose des questions sur le suivi médical et tout ça, si l'échographie était bien, si elle continue à faire du sport, à nager un peu, si elle n'a pas de douleurs ou les nageoires raides, si elle mange bien tout son hareng et tout. Pour l'homme c'est beaucoup plus long. Comme ils veulent être sûr que tu ne vas pas abandonner la parturiente, ils prennent tes empreintes digitales, ton ADN, tes empreintes de l'iris, toutes tes mensurations, ils te confisquent ton passeport, ta carte bleue, ta carte de membre du Pink Naked Lady, ils te retirent tes lacets, ta ceinture et t'attachent les mains dans le dos. Pour te faire comprendre que c'est du sérieux, un médecin taillé comme un malabar de gymnase vient de briser la rotule avec un petit rictus qui signifie que ce sera beaucoup plus sérieux la prochaine fois.

Du coup j'ai préféré lui filer le poulet que j'avais apporté pour graisser la patte à l'infirmière. Mon amour-a-moyen-bidon peut accoucher dans les poubelles, je m'en fous du moment que l'autre monstre ne revient pas me voir pour me briser la colonne vertébrale. Je file doux comme un agneau et je ne fais plus de gestes brusques dès fois qu'ils croient que je vais essayer de m'échapper (je suis sûr qu'ils me surveillent). D'un autre coté c'est dur de courir avec des chaussures sans lacets. Non, non. Désormais, mon soutien est sans faille, je vais arrêter de me moquer des femmes enceintes. Je vais brûler ce blog aussi, des fois que le malade mental en blouse blanche saurait se servir de gougueule.
Voila. Désormais, je suis le numéro 53 et fier de l'être. Qu'on se le dise !