vendredi 30 mars 2007

Racket du bébé

Je pense que ce n'est que le premier billet d'une loooooongue série. Ben ouais, pasque y'a un truc avec les bébés, c'est les vautours de bébés. Entendons-nous, je parle pas de grands oiseaux nécrophages perchés en permanence sur l'épaule d'un bébé, hein. Personne a jamais vu ça, ou alors sur des bébés zébus crevés au bord d'une mare africaine. Non, non, je parle des vautours hypocrites qui cherchent à exploiter l'invraisemblable débauche de sentiments mielleux qui jaillit à la naissance des bébés pour se faire du fric (ou bien l'invraisemblable débauche de sentiments de panique à l'annonce de la naissance, pour se faire du fric en vous vendant des billets frelatés pour le Guatémala, mais c'est une autre histoire). Ah ouais, y sont beaux ces vautours là. Et croyez moi, j'en connais un rayon pasque je bosse dans le bizness opposé, celui des vautours qui vous accompagnent dans votre dernière demeure en contreplaqué imitation chêne au prix du teck. On reconnait ces vautours (pas ceux de la mort, ceux là c'est trop fastoche, y sentent le formol, non ceux des bébés) à leur inépuisable capacité à exploiter votre cromeugnon-mania pour vous spolier de vos pécunes durement acquises et en principe destinées à un tout autre usage (genre la dernière playstation).

Avec cette engeance, tout passe par la connivence, genre le pied dans la porte c'est carrément un coup à la chuck norris bruce lee qui te défonce ta misérable porte d'entrée en contreplaqué imitation chêne au prix du teck :
- "oh la la, vous attendez un bébé ! Incroyable !"
C'est vrai que bon tu viens souvent dans une boutique pour bébé pasque t'as que ça à foutre hein ? C'est vrai quoi c'est tip top fun de se fader dix mille magasins tous quasiment identiques (du pareil au même, je dirais) pour trouver une putain de brassière miniature. Ouais, ouais, c'est ça, nân c'est pas pour un bébé c'est juste pour habiller ma barbie.
- "Ooooh, magnifique, et c'est prévu pour quand ?"
Est-ce que ça te regarde, d'abord, connasse ? Qu'est ce que ça va changer au fait que tu vas essayer de nous fourguer de quoi habiller Sigmund jusqu'à ses quinze ans ? Ou alors c'est juste pour savoir à quel point on est pris à la gorge par le temps, dans ce cas qu'on dise "un mois", "deux mois", ou "onze mois, c'est un bébé dauphin" ben ça change rien, y'a enchaînement immédiat sur "ben faut se dépêcher alors". De toute façon, là, tu penses plus à rien pasque tu fais le dos rond en pensant à la question suivante qui te crispe déjà les couilles.
- "Et c'est une fille ou un garçon ?"
Ben en fait c'est un techno-hybride de chimpanzé et de betterave rouge. Ah ah. Non, on ne sait pas, on s'en fout. Mais pitié, pitié, épargnez-nous la...
- "hi hi, ben avec le ventre rond que vous avez c'est surement une fille..."
...prédiction à la noix, on nous les a déjà toutes faites, rhâââ bordel y'en a une qui va bouffer des cintres taille un mois.
- "et je m'y connais, j'en vois beaucoup des femmes enceintes..."
Je n'en doute pas une seconde. Et des maris de femmes enceintes qui t'étranglent dans une cabine d'essayage, t'en vois beaucoup ?
- "...pasque qu'on est dans un magasin de bébés, hi hi."
Ah tiens, j'avais pas remarqué. Je croyais qu'on était dans un sex-shop. Putain. Y'a vraiment des coups de couffins dans la gueule qui se perdent.
A ce stade, faut respirer un grand coup et recentrer le débat sur la brassière. Mais le contact amical que la vendeuse pense avoir établi avec vous lui autorise toutes les audaces. Et que je te fais des commentaires sur la probabilité de respecter la calendrier prénatal, et que je m'informe si le résultat de la dernière échographie de Batman est pas mal, si l'incisure protodiastolique elle est ok, tout ça. Et que je te blablate pendant une heure avec une petite lueur dans l'oeil, genre " tiens mes cochons je vais tellement être gentille avec vous que vous allez m'acheter ce superbe pack combi-naissance trois bodys+deux brassières+un lit+trente-cinq tonnes de couches pour la modique somme de cinq milles euros ni vu ni connu j't'embrouille".

Mais le pire reste à venir. Pasque n'importe quelle vendeuse échouée dans ce boulot pasqu'elle n'a rien trouvé d'autre et qu'on a vaguement pensé qu'une femme ça saurait mieux parler de bébés, ben elle se prend pour Françoise Dolto quand il faut essayer de te fourguer une tétine, une poussette ou un body Burbery's à cent boules (authentique). Nân pasqu'elle sait, alors que toi t'es qu'un pauvre chancre mou qui ne connait rien aux bébés. Des conseilleurs puissance télé-achat, quoi. La crème de la crème des supers-crétins susceptible de te niquer le moral en te faisant croire que tu n'as rien compris à ce qui va te tomber sur la gueule dans pas longtemps, alors qu'il ne s'agit encore une fois que de business bien crapoteux. Comment ? Vous n'avez de turbulette à refroidissement passif et à réchauffage thermonucléaire ? Mais comment allez-vous faire pour ramener le bébé à la maison ? Y vous l'ont pas dit à la maternité ? Ah vraiment c'est incroyable ! Sinon j'ai ce modèle très confortable. Pas cher. Rose. Si c'est une fille, hi hi. Et bleu sinon.
Un maître-mot : l'indispensabilité. La tétine atomique à forme profilée comme un sous-marin d'attaque ? Indispensable. Le hochet ergonomique à peluche colorée ? Indispensable pour le développement psychomoteur de votre micro-tête de lard. La poussette multi-dépliante avec ses trois-mille accessoires, dont le pare-soleil pioneer et le couffin spécial hélicoptère ? Ben comment vous allez faire si vous devez partir en hélicoptère ? Le mignon petit seau à hareng décoré avec des fleurs ? Indispensable, pasque sinon comment vous allez faire si c'est un bébé dauphin ? Hein ? Vous serez bien avancés avec vos biberons mal adaptés, bande de loosers, va. Incapables. Mauvais parents.

Voilà, c'est ceux-là les vautours. On en a vu quelques uns la semaine dernière qui tournaient en rond autour de notre bonheur, la salive dégoulinante du bec, répandant dans l'air une sale odeur d'avidité. On a essayé de s'enfuir en courant, mais va te taper un cent mètres avec une femme enceinte, couillon. Impossible. Alors y nous ont chopés, barricadés dans la boutique, en cercle autour de nous, menaçants, et on a été obligé d'acheter une brassière.
Cromeugnon.

mercredi 28 mars 2007

Marathon Man

Bordel, mais qu'est-ce qu'il fout encore déjà ce moutard ?
Ouais, ouais, ouais, je sais qu'à un moment je me lamentais comme un électeur socialiste un soir de premier tour que le Sigmund y bougeait pas du tout et qu'il était peut-être crevé comme un électeur socialiste le soir du deuxième tour. Bon, ok, mais ça c'est arrangé depuis puisque le petit monstre bouge n'en-veux-tu-en-voilà et que finalement ni l'incisure protodiastolique, ni les disques de Flashdance, ni les indigestions de gaufres n'ont eu raison de lui jusqu'à présent. Mais de là à bouger comme ça. Ben oui, pasque bouger un petit peu le soir pour faire rigoler son papa et grimacer sa maman, ok je veux bien. Mais là quand même, bordel, on commence à se demander s'il a pas monté une boîte de nuit dans l'utérus maternel.

Bon c'est vrai qu'il est plutôt stimulé comme bébé. On joue souvent au jeu du pied, c'est rigolo, y pousse avec son pied, on le voir apparaître sur le ventre, je pose la main dessus, je pousse, le pied disparaît et plaf, réapparaît à un autre endroit, le tout ponctué de petits mots doux "ouais vas-y, shoote, à droite, à gauche" je vous le dit Sigmund c'est le futur Maradona. Ou peut-être c'est pas son pied ? Sa tête ? Mouais. Bon dans ce cas c'est le futur "Oum le dauphin" pasqu'il est trop fort pour soulever des trucs avec sa tête. Ou alors c'est ses fesses et je ne préfère pas savoir quel genre de champion ce sera. Bref.
Y'a le jeu du tourniquet chinois aussi. Rhôôô, arrêtez tout de suite, y'a rien de cochon là-dedans. Le tourniquet chinois c'est quand Sigmund il est par exemple plutôt debout à gauche dans le ventre et qu'en appuyant un peu partout on arrive à le faire tourner sur lui même jusqu'à ce qu'il soit allongé à droite (comme un électeur socialiste en 2002). C'est assez rigolo comme jeu.
Sinon un autre jeu c'est le Vibrator Magique (rhôôô mais arrêtez à la fin, c'est indécent), là c'est mimi tout plein, on pose les deux mains de chaque coté du bidon de mon amour-à-peine-consentant et on remue assez fortement et Sigmund résiste avec des petits cris (bon ok, c'est peut-être moi les petits glapissements de joie) et puis essaye de se réfugier derrière la rate ou le foie. Trop fun. Trop délire.

Mon amour-à-bidon-élastique, ça la fait rigoler les jeux sauf le coup du Vibrator magique pasque quand le Sigmund y se carapate derrière le foie (ou la rate ? ou le pancréas ?) des fois c'est légèrement douloureux style on dirait que Sigmund tape avec une batte de base-ball sur tous les organes qui passent à sa portée. Ceci dit, je me demande ce qu'il foutrait avec une batte de base-ball, quand même (c'est pas pour mettre en question les affirmations de mon amour-à-bidon-douloureux, hein, pas du tout). Mais sinon globalement ça la fait rigoler. Sauf que. Sauf que là ça dépasse les bornes des limites.

Mais qu'est-ce qu'il fout, hein ? Il s'entraîne pour le marathon ou quoi ? Il a décidé d'être DJ, ou c'est juste pour nous faire chier précoce grave ? Ca fait deux jours qu'il bouge non-stop, y'a qu'un grand coup de calva qui le stoppe (mais au boulot c'est pas facile pour une femme enceinte de venir bourrée, bonjour le jugement social). Il passe son temps à faire des cabrioles dans tous les sens, un coup à droite, un coup à gauche, on dirait un centriste. D'après les mouvements, au départ je pensais qu'il jouait au jokari. Oui, vous savez, ce jeu où y'a une balle attachée avec un fil qui part d'un coté puis de l'autre. Mais bon, c'est pas très crédible. Vu que le jokari dans l'eau ça marche pas, j'ai testé une fois à la plage de Palavas les flots ousqu'on m'avait traîné de force (j'ai horreur de la plage, l'eau glacé, les gaufres pleines de sable, beuurk) ben c'était pas hyper-probant. Surtout pour fixer la base dans le sable, finalement on avait dû aller la chercher à la nage et on s'était noyé et en plus comme le CRS il était assommé par la balle, ben globalement c'était pas très super comme expérience.

Nân, c'est pas du jokari. Mais qu'est-ce qui se passe bon sang. Peut-être y va pas bien ? Peut-être que son cordon ombilical il est bouché et il essaie de nous taper en morse "filez-moi du destop" ? Peut-être qu'il en marre de son éducation musicale alternative basée sur l'opposition du beau ("Mozart") et du laid ("Dirty Dancing"). Peut-être qu'il veut nous faire passer un message : genre "la vérité est ailleurs" ou "J'ai été enlevé par des extraterrestres", ou bien "J'aime pas les gaufres", "Déconnez pas, votez pas pour Bayrou" ou encore "Les sanglots longs des violons gna-gna-gna" ?. Pfff. J'te jure c'est compliqué les bébés.
Pasque du coup mon amour-à-bidon-gravitationnel et ben elle douille grave. Elle arrive pas à dormir avec l'autre têtard qui s'agite dans son bocal comme un, comme un, ben comme un têtard dans son bocal. Et que je me tourne, et que je me retourne, et que je rebois un petit coup de calva, c'est pas rigolo les nuits. Putain, je croyais qu'on avait le droit de dormir jusqu'à l'accouchement (au moins pour les pauvres maris harassés par leur nombreuses obligations professionnelles et par le p*t**n de ménage).

Y paraît qu'à la fin on ne pense plus qu'à "vivement qu'il sorte". J'espère qu'on en est pas rendu là.

lundi 26 mars 2007

La chambre à Sigmund

Bon ce week-end on a fini de vider la chambre à Sigmund. Ben ouais, pasque c'est pas tout d'avoir un bébé, mais faut savoir où le mettre. Chez nous c'est pas hyper-grand (rappelez vous, on est des parigots, ça veut dire qu'on loue un gourbi pour une petite fortune), mais bon pas si petit que ça quand même vu qu'on est dans la tronche tranche aisée des ménages (qu'est ce qui faut pas entendre), mais le coup de la fortune c'est vrai, bon dieu, mince, mais je suis pas là pour pleurer sur nos déboires immobiliers. Donc le bébé faut le caser et c'est vraiment pas facile. Pasque ça vient avec des tas d'accessoires, ah oui, on a beau nous faire lanlère avec, je sais pas moi, par exemple au hasard un ordinateur qui serait encombrant, n'empêche que un ordinateur y'a que le clavier, la souris, l'écran plat, emballé c'est pesé. Alors qu'un bébé, misère tu pleures ta mère quand tu vois les accessoires.

Au départ je croyais qu'il allait falloir qu'on vide carrément le salon et notre chambre tellement y'avait de trucs sur la liste. Et puis au final, ça va. On a mobilisé seulement la cave, la plus grande chambre, le balcon, la moitié de l'entrée, un placard sur deux. Ca va. J'me plains pas. Au début j'ai suggéré que le bébé peut-être y pouvait un peu se serrer comme nous, vu que c'est un bébé parisien y'a pas de raison, faut qu'il fasse comme les autres parisiens. J'avais pensé à la cave pour ses affaires, et à l'entrée pour le lit (le balcon en été). Mais non. Faute. Si y'a des futurs papas à l'écoute, ne faites pas la connerie : ne jamais discuter l'organisation du nid. Faut vous résoudre à voir le petit morback agrandir son propre lebensraum au détriment du votre. Point. Pas de discussion possible. C'est vrai quoi, je veux dire. Qu'est-ce que est vraiment indispensable à un jeune (d'accord, pas si jeune) adulte urbain mâle aujourd'hui (à part un gaufrier) : un ordinateur ou un parc à bébé ? Hein ? Je pose la question en toute franchise. Hé bien un panel sélectionné de 1078 jeunes pères joints par téléphone me confirment que c'est bien l'ordinateur.

Ben le mien d'ordinateur maintenant, il est dans une boîte. Pour vous écrire, je suis lamentablement assis en équilibre sur le bord du lit, l'écran posé par terre, l'UC sous les pieds, le clavier sur les genoux et la souris sur la couette je vous jure c'est pas du gâteau. Bon en fait c'est pas tout à fait vrai, vu que je suis au boulot dans mon grand bureau ensoleillé, avec un nouveau PC de la mort (je travaille dans les pompes funèbres) super chouette qu'on m'a installé ce week-end. Mais c'est l'idée quoi. Maintenant en gros je vis dans deux mètres carrés de mon appartement, dans un espèce de combiné bureau-lit-chambre-salon-détente. Le reste c'est plein de trucs pour Sigmund. Sigmund si tu m'entends, je te déteste ! C'est ta faute si j'écris pas assez dans le bloug qui t'est consacré ! Pouf, pouf. Je m'emporte, je m'emporte. Mais en fait la solution là, éclatante, devant mes yeux. Et si je m'installais au boulot ? Mon bureau est plus grand que nos deux chambres réunies... bon je m'égare. Revenons à nos moutons.

Justement y'en a plus des moutons. Pasque une chambre de bébé ça doit être complètement stérile y paraît. Comme je te l'ai briquée la chambre vide ce week-end (ah oui, avec tout ce bordel, j'ai pas dit, mais la chambre est vide pasque les trucs de bébé arrivent par semi-remorque spécial dans deux semaines). Et que je te passe l'aspirateur avec le bout pointu, et que je te fais les plinthes au Mr Propre (sans sous-entendu aucun, je précise), et que je nettoie les encadrement de fenêtres avec des cotons-tiges javellisés. La totale. J'suis fourbu. Mais bon c'est écrit dans le livret de paternité, alors bon c'est obligatoire. Oui, pasque finalement je suis à la lettre les indications du livret de paternité, c'est plus facile. D'ailleurs c'est mon amour-à-bidon-gyroscopique qui le garde, c'est pratique, elle me dit ce qu'il y a dedans et ce que je dois faire (du coup j'suis plus trop sûr, est-ce que futur papa doit faire un spectacle de danse tous les soirs pour faire rire sa petite copine ? Je me demande si elle invente pas des trucs).

Reste le problème de la déco de la chambre à Sigmund. Moi perso je voulais genre hyper dépouillé-zen blanc genre orphelinat de Roumanie. Facile à faire, quoi. Mais bon là aussi j'ai eu le dessous, et croyez-moi avoir le dessous avec une femme enceinte de sept mois, ben c'est vachement douloureux. Donc finalement ça va être genre déco bébé. C'est moi qui doit faire. Ha ha. Comme on n'a pas dit quel genre de bébé ça devait être, j'ai le choix. Je penche pour le bébé néo-punk (tags sur les murs "Mes parents sont des cons" et "No future", vomi par terre et veilleuse-canette de kro) ou peut-être pour un petit bébé grungy (obscurité, huile de vidange, saleté et body trop grand). Ah ah, je vais bien m'amuser. Je vais te lui repeindre son lit en noir, moi, ça va pas traîner. Un bébé gothique, ça aurait de la gueule, tiens : du noir, des flambeaux, des toiles d'araignées (stériles) dans les coins, un lit en forme de cercueil (j'ai ça au boulot en plus), des couches noires... ouais la classe, je crois que je tiens mon idée.

Me reste plus qu'a avoir le dessus. Pour une fois.

samedi 24 mars 2007

Occupons le terrain

Ouais pasque j'ai pas que ça à foutre quand même. Non mais je sais pas si vous vous rendez compte du boulot que c'est d'écrire des billets comme ça sur ce bloug, moi c'est bien simple ça me mobilise la tête faut voir comme, chuis obligé d'y passer une énergie mentale dingue. Et puis ce week-end j'ai pas le temps pasque on doit finir de vider la chambre de Sigmund pour pouvoir la remplir, attendez je m'explique. Mais bon voilà y'a le coup du damier aussi. Le damier c'est sur le coté, le petit calendrier, à droite. Y'a un billet un jour sur deux, alors ça fait un damier. C'est très joli. Très esthétique. Mais hyper chiant. Ben oui pasque un damier ça veut dire un billet tous les deux jours si vous savez compter jusqu'à deux (pour les femmes enceintes c'est pas grave, c'est pas votre faute c'est le bébé qui pompe des neurones, je vais vous faire un dessin). Et ben dès fois c'est vachement dur, alors faut bien que je meuble pour pas abîmer le damier.

Là par exemple on est dimanche soir, alors que j'aurais du faire mon billet samedi matin. Bref, c'est le bordel. Alors soit je fais semblant qu'on est le samedi matin, oh la la quel beau week-end devant nous, on va pouvoir faire la chambre et passer un peu de temps à écrire des couneries. Ou alors je crache le morceau, la loose totale, ben ouais les gars on est dimanche soir, j'ai rien branlé pour le bloug. Mais j'ai vachement bossé quand même, hein, pour la chambre, qu'est-ce que vous croyez. En plus je me suis réveillé ce matin genre aujourd'hui c'est nettoyage de printemps et j'ai même passé l'aspirateur sur les plinthes avec l'embout pointu (signe chez moi de nettoyage de chez nettoyage). Bon bref. Donc j'ai pas eu le temps d'écrire. En plus cet aprèm y'avait des amis qui sont venus manger des gaufres alors je vous fait pas un dessin, hein, (sauf pour les femmes enceintes), bon ben voilà ça pas été spécialement productif, forcément. Y'avait le Tonton de Sigmund qui est passé. Il est toujours là quand y'a des gaufres, y doit avoir un sixième sens des gaufres c'est pas croyable.

Donc c'est pour dire que je suis une grosse feignasse, qu'on est dimanche soir, que mon amour-à-bidon-ellipsoïdal est tranquillos en train de mater un film avec le reste de gaufres et que je me tate (en tout bien tout honneur) pour vous raconter l'aménagement de la chambre. Mais bon, les gaufres, c'est prioritaire hein. je vous le raconterai demain (surtout les gaufres froides légèrement molles). Ah non, après demain puisqu'on est censé être samedi matin, c'est hyper compliqué ct'histoire, brèfle. Lundi quoi. pas à neuf heures, hein, faut pas déconner on plus, on dit midi-midi trente ? Ca vous va comme ça ? OK ?
Y vaut mieux pasque c'est ça ou rien.

jeudi 22 mars 2007

Le dicton qui tue

Ah ouiche il est beau celui-là. Non pasque dès que j'annonce la prochaine venue de Sigmund à de parfaits inconnus croisés au fil des dîners en ville et autres réunions mondaines, ben on se récolte les traditionnelles félicitations de rigueur, les nom de dieu de conseils interminables sur la position optimale du bébé dans la poussette pour assurer son avenir (je résume), mais aussi des maximes absconses frappées au coin du bon sens ras-la-moquette, de la platitude certifiée conforme et du cliché grand format réunis. Les dictons genre confucianisme mal digéré, franchement c'est à la limite du supportable, peut-être pire que les sentences que nous balançaient les grands-parents en guise de leçon de vie express : genre "Comme on fait son lit on se couche", la vache y m'a toujours fait rigoler celui-là, vu qu'au pied de la lettre c'est exquis. Hé ouais, ce matin pour déconner j'ai fait le lit en portefeuille, comment qu'on s'est mal couché ce soir, la galère ! Ah ouais pasque une femme enceinte ça a un peu de mal avec les lits en portefeuille, mais bref. Sinon y'a "La caque sent toujours le hareng", mais bon j'suis pas parti pour parler de ça au départ.

Non, je voulais parler de ce très bel aphorisme que l'on m'a servi chaud sur un plateau au cours d'une réunion mondaine, en référence à Sigmund-le-loustic. Ben figurez-vous que : L'homme est comme un arbre, il doit avoir des racines et des fruits.
C'est beau, non ?
Ca me plonge dans des abimes de navritude.
Déjà pasque se comparer à un arbre c'est con. Non mais franchement, qu'est ce qu'il y a de plus crétin qu'un arbre ? Vous avez déjà vu des arbres intéressants, vous ? Ca court pas les rues. Ca court pas tout court, d'ailleurs un arbre. C'est nul. Ca n'a aucune conversation. Ca prend une place folle. Ca te fait des déchets en veux-tu en voilà, avec ces conneries de feuilles qu'il faut ramasser et brûler, et je parle même pas du fléau principal. Ben ouais, forcément, vous voyez ce que je veux dire. Faudrait faire une loi. Non pasque quand même les arbres sont les complices actifs du pigeon qui te chie sur la tête une belle fiente amniotique ammoniaquée. C'est dégoûtant. Donc les arbres c'est nul. Globalement. Et qu'on vienne pas me la jouer bucolique "les arbres et le bruit du vent dans les feuilles, gna gna gna", non. Moi dans bucolique j'entends surtout colique. Ah tiens, je suis de retour à la case "stade anal". Bon. Donc je disais les arbres c'est déjà pas terrible. Pas malin. C'est pas eux qu'on inventé l'eau chaude si vous voyez. Et puis dès fois ils peuvent être dangereux, d'ailleurs à Paris on les enferme derrière des grilles, c'est dire. Comme un arbre dans la ville, c'est quand même pas moi qui l'ai dit, hein ?

Donc dans la vie faudrait des racines et des fruits. Des racines pour un terroir et une famille ascendante, des fruits pour les enfants. C'est vraiment du n'importe quoi. Non mais franchement. Tu as vu la tronche des arbres des fois ? Ca donne une idée de l'état des racines. Les racines, c'est bien les petits trucs blancs visqueux qui dépassent dans n'importe quel sens ? Ah ben bravo elle est belle la famille. Ah ben bravo le terroir. Nân, mais moi l'idée de terroir déjà j'aime pas ça. Tirer fierté de l'endroit ousqu'on est né, hein, ça fait un peu trop imbécile heureux pour moi. Mes racines je vois pas bien ousqu'elles sont. Oh, globalement dans le sud c'est sûr, vu que je suis frileux comme un canard déplumé et que je préfère l'huile d'olive au beurre. Mais bon c'est pas à transmission automatique le truc : le Sigmund y va pas revendiquer -j'espère pour lui- un héritage sudistique (c'est très joli comme nouveau mot) pasque lui ce sera plutôt un parigot vu comme c'est parti. Ses racines je les vois plutôt genre couvertes de fientes de pigeon et parfumées à l'odeur grasse des boulevards. Donc voilà pour le terroir. C'est du propre.

Les fruits, maintenant. Déjà ça m'énerve, les gamins comparés à des fruits. Le fruit de vos amours. N'importe quoi. Y'a des pépins dedans, peut-être ? Ah oui, on me dit en régie qu'il peut y avoir des pépins, des gros pépins, genre incisure. D'accord. Mais bon c'est pas une raison. Les fruits, ça fait genre caste d'arbre entre ceux qui servent à quelque chose pasqu'ils ont des fruits et ceux qui restent là, inutiles comme des cons, pasqu'ils servent pas çà nous donner des bons gros fruits juteux (c'est bizarre mais cette image de bons gros fruits juteux ça va bien avec des fruits mais dès qu'on l'applique aux gamins c'est nettement moins glamour). Oui donc, cette histoire de fruits ça dit en gros que si t'as pas de gamin ben tu connais rien à la vie. Et ça croyez-moi, c'est une sacré grosse connerie conservatrice. Donc si tu veux pas être un naze d'arbre, genre un mélèze qu'est-ce que c'est naze un mélèze, ben faut faire des fruits. Etre un poirier, genre. Ou un pommier. Ou un prunier. Ou bien un plaqueminier (ouais je sais c'est plus dur, ça. C'est juste pour crâner un peu et montrer que je suis du sud. Ah Ah). Hors des fruits point de salut. N'empêche que comparer les mioches à des fruits, c'est vague. Faudrait être plus précis. C'est quoi, des kiwis ? Des pamplemousses ? Des goyaves ? Ah ça y est j'ai trouvé : les bébés c'est des Durians. On t'en parle beaucoup, le plus souvent en bien. Il parait qu'en posséder un c'est goûter au paradis. Sauf que quand ça te tombe sur la tête, ça t'assomme. Et quand tu l'as, c'est hyper-dur à manipuler. Et quand à l'odeur...

Ah ben voilà je comprends mieux cette histoire de fruit. Y suffisait de m'expliquer. Je suis pas plus con qu'un mélèze, quand même.

mardi 20 mars 2007

Séance de rattrapage

Bon, dans tous les trucs de femme enceinte que je lis, un sacré paquet c'est mon coté rat de bibliothèque, traîne la même vieille antienne sur l'éducation prénatale du nourrisson. Là, vous me dites "c'est quoi", sauf si vous êtes une femme enceinte abonnée à Famili, où bien si vous intéressez d'une manière générale aux enfants, non, non, rougissez pas y'a pas d'mal, sauf si vous êtes un pervers pédophile, là non ça va plus du tout, reposez tout de suite ce Neuf mois mon vieux ou ça va chier, sauf si le magazine vous permet de maîtriser vos pulsions dans le cadre d'un accompagnement médical thérapeutique. Qu'est ce que je disais déjà ? Ah ouais. Donc l'éducation prénatale, c'est le fôôôrmidable lien éducatif que des parents (ou une mère solitaire si le papa est déjà parti au Guatémala) peuvent tisser (tout ce que le papa qui s'est tiré peut tisser en fait, ce sont des feuilles de bananier à la mode des indiens Saragano des jungles guatémaltèques, mais c'est une autre histoire) avec le futur bébé pendant qu'il est encore dans le ventre maternel, douillettement lové à faire les pires cabrioles douloureuses possibles.

Bon alors que faut-il retenir de tout ce fatras galimatiesque qui voudrait que l'on puisse préformer les goûts ou les habitudes d'un futur nourrisson comme on préforme la semelle en caoutchouc d'une chaussure de sport pour qu'elle s'adapte à votre pied en quelque sorte mais je m'éloigne du sujet restons concentré je vous prie. Oui pasque l'idée derrière tout ça, évidemment, c'est de faire en sorte que ton bébé il soit le meilleur des bébés. Ben ouais, sinon ça sert à quoi de faire un bébé si c'est pas le mieux au milieu des autres rogatons de ces cons d'autres parents, hein ? Donc voilà, faut faire le bébé le plus mieux bien, et pour reprendre le bon mot d'un célèbre humoriste reconverti dans la publicité pour grandes enseignes de puériculture, il faut réussir son bébé. Genre tu fais une pièce montée tu vois, elle est réussie si les petits choux se cassent pas la gueule hé ben là c'est pareil avec le bébé, faut le réussir et que ses petits choux, non, son caramel y coule pas, non, enfin bon vous avez compris l'idée, quoi. Un bébé beau comme une pièce montée de commmunion. Et pas con comme une communion par contre. Donc voilà. Oui donc la grande compèt' de bébés de la vie. Tout le monde essayant de faire le bébé le plus réussi, joufflu tout ça et connaissant des rudiments de physique quantique à la naissance ("Bonjour, je m'appelle Kevin, je mesure 54 cm et pèse 3kg450, ce qui nous donne une équivalence énergie-onde de trente-cinq mille electron-volts, Papa est hyper-fier et Maman on dirait le chat de Schrödinger"). Et la compétition doit commencer avant le berceau.

Alors voilà que le bébé faut lui apprendre des tas de trucs directos dans le ventre de sa mère. C'est genre obligatoire si tu veux être parent modèle. Faut lui lire des textes en anglais pour qu'il soit naturellement bilingue. Le papa doit lui parler pour le rassurer "hello kitty boy, aille âme youre fazère ande aille ame note goingue to the guatemala donte bi eufraide" et pour qu'il connaisse la voix de son maître paternel. La maman c'est pas la peine pasque il connait déjà sa voix le Sigmund il l'entend tout le temps en résonance dans le bidon, j'te jure, rien que ça, ça montre que c'est une connerie pasque la voix de sa mère à travers le placenta et le liquide ammoniaqu amniautik améonautiq à bébé ben ça doit ressembler à un gros fumeur qui parlerait au fond d'une piscine ou un truc approchant je crois. Alors que mon amour-à-bidon-circonventionnel et ben elle a la douce voix raffinée d'un colibri des îles qui susurrerait un secret dans le creux d'une oreille attentive (enfin je trouve même si je dois reconnaître qu'au septième mois le colibri a un peu forci, mais bon). Faut que le bébé il goûte aussi à toute les facettes de la culture moderne qui font aujourd'hui l'honnête homme. La vache, c'est pas gagné. On est obligé ? Ah ouais. Bon. Le monde, les peuples, les langues, la société, les aventures de Pom le poney et du petit Nicolas (pas celui de la présidentielle, non, celui qui est rigolo), et puis l'île aux enfants, Nicolas et Pimprenelle (pas la dominatrice des élections présidentielles, non, celle qui se tape Nounours ) et puis tous les trucs de grands bien relous genre les trucs pas bien du monde, pffff, y'en a tellement, tellement.

Puisqu'on est obligé, on est obligé. Alors on a fait un programme pour Sigmund. C'est pas genre on va le faire gagner aux concours du bébé absolu, hein ? Avec les parents qu'il se paye ce sera déjà bien s'il termine premier du concours du plus gros mangeur de gaufre de l'outre-quiévrain (là ouais, fastoche). Ni du plus beau bébé, non plus, ça va c'est bon on connaît les lois de la génétique, hein bon, on s'est tapé les haricots du père Mendel et tout ça, on sait que chez Sigmund tous les gênes récessifs de trucs beaux qu'il aurait pu grapiller du coté maternel vont se faire laminer la gueule par les gênes dominants de la mocheté du coté paternel (genre le gêne du gros nez franchement çui-là si c'était possible de faire du maïs OGM pour se le changer, j'te jure que je voterai pas pour José Bové aux élections. Mais comme ça existe pas je vais être obligé de voter pour lui, hein. Bon). On néglige rien. Dans notre programme, cent-vingt-cinq propositions pour redresser la france dresser Sigmund. A commencer par ses goûts musicaux, et son éducation littéraire de base.

Alors bon j'y lis de la poésie tous les soirs. Sigmund si tu m'entends, dans le creux de ce ventre / Il faut que je te cause, c'est pour ton bien futur/ Ecoute ton paternel, ou tu peux être sûr / Qu'à peine éclos du jour tu prendras une trempe. Ouaip, pasque il faut aussi donner des rudiments d'autorité quand même. Alors faut le former. Un peu de Charles, un peu d'Arthur, ça peut pas faire de mal. Le Tonton de Sigmund penchait pour les chants de Maldoror, mais bon pour un bébé, je trouvais que c'était un peu long, faut pas croire quand même la capacité de concentration elle est pas énorme à cet âge. Déjà je vois bien quand on attaque les cours de maths ; il décroche dès qu'on arrive aux intégrales de Lebègue, et pourtant il faudra bien qu'il comprenne s'il veut maîtriser les espaces de Sobolev (le grand échec de son père). Pareil pour la physique c'est hyper-dur, surtout la physique quantique j'aurais pas dit. Ca va être dur pour les grandes écoles après. Bon sinon la musique ça va. It ize oké for ze musik (pas oublier l'anglais non plus). Ouaile you si, vis ize the great brassens, it ize goude, and all ze rest is crap. Crapoteux même des fois. Une éducation complète pour ce petit qui promet déjà. A la pointe du progrès prénatal. Sans oublier les réflexes primordiaux : clean your nose and say hello to the dame ; this is a waffle, this is nutella and this whipped cream, and then it is comme the intégral from Lebègue, you si, you take the waflle and schalf, schurp, miam, y'a bon.

Voilà, j'espère qu'il va pas tout mélanger. De toute façon vous verrez ça sur le faire-part de naissance, hein. Peut-être ça sera genre un petit gommeux crâneur : "Oui je m'appelle Sigmund et je suis né sous la double étoile de Rimbaud et de Poincaré. Je fais la bonne taille et le bon poids, idéaux. Maman va très bien, elle est ravissante et ses gênes sont heureusement dominants. Mon père est, comment dit-on en français, well, je ne trouve pas le mot, yes, let's say crap to be polite. Quelqu'un peut me le changer ? Merci."
Petit con, va. Déjà une éducation à refaire.

dimanche 18 mars 2007

C'est parti.

Ah ouais, c'est parti. Y parait que les trucs là, comment ça s'appelle déjà, ah ouais, les bébés, ben ça arrête pas de salir des habits tout le temps par tous les moyens possibles. Que ça peut pas manger une innocente gaufre nutella chantilly sans tartiner l'intégralité des murs blancs de l'appartement de trainées marronnasses, ainsi que la figure de ses géniteurs (enfin celui qui est en train de lui donner à manger, pas celui qui est à Puerto Quetzal, en train de siroter un pisco sour bien tassé). Sans parler des autres trainées marrons, bref, restons léger pour cette fin de week-end. Et donc la grande terreur des parents de nouveaux-nés, c'est la lessive. La terrifiante, paralysante, terrassante, fulgurante, étouffante avalanche de lessive d'habits tâchés. Enfin, quand je parle d'habits, entendons-nous, c'est pas vraiment des habits, plutôt des trucs ridiculement petits complètement mal coupés, avec des bras beaucoup trop courts et un gros cul, pas du tout pour une personne normale. Ah je te jure les trucs pour bébés c'est pas le défilé de Karl Lagerfeld pour Chanel, mais plutôt celui de Paco Rabanne pour la galerie des monstres (je dis ça mais j'y connais rien, peut-être que les bébés y se trouvent très beaux à agiter leurs petits moignons posés sur leur fesses lestées comme des culbutos).

Ah ouais pasque évidemment on a commencé à acheter des trucs pour Sigmund, genre le plus gnan-gnan possible. Ben oui c'est un bébé, après tout, alors si on peut plus s'exclamer "Oh la la c'est cromeugnon" sur un bébé où va-t-on. Perso je le dis plutôt sur une gaufre, oh la la la chantilly c'est cromeugnon, barf, bouarf, miam, bourf, mais bon ça marche aussi avec les bébés. Donc on a acheté en gros pas cher, fabriqué par des bébés chinois (y'a qu'eux qu'ont des doigts suffisamment petits et agiles pour coudre les petits boutons pressions). Environ quarante-cinq pyjamas une pièce (je sais pas comment ça s'appelle, on dirait des combinaisons d'astronautes qui auraient voulu faire une farce à Cap Canavéral en s'habillant en clown en apesanteur), cent-quarante-trois tee-shirts pour bébés (y sont tout petits et y'a pas marqué Metallica dessus, c'est nul) et trois-cent vingt paires de chaussettes ridiculement petites, c'est fastoche j'en ai mis une sur chaque doigt et j'ai raconté pendant dix minutes à mon amour-à-bidon-contractile les aventures du posse de rappeurs partis violer la belle au bois dormant mais y tombent sur un os pasque c'est la nouvelle fiancée de Nicolas Sarkozy, et les crs les tabassent, et après le ministère de l'identité nationale dit que Clichy-sous-bois c'est pas bien français-français et on les renvoie dans leur pays le guatémala par charter. Une chouette histoire (j'suis hyper fort pour les histoires, malheureusement pas pour les bébés, c'est pas grave, Sigmund aura droit à Marcel et la gaufre magique, j'essaierai d'édulcorer).

Ah ouais donc on a plein de trucs pour Sigmund. Donc on s'est entraîné :



C'est bizarre pasque mon amour-à-bidon-mongolfière ben elle a absolument tenu à étendre la lessive sur ce coup-là. Et elle chantonnait des trucs pas super-clairs qui parlaient de bébé, de nid, d'abeilles, de fleurs et de romances espagnoles. Pas une seule référence à des voyous, des guns, des babes, des caisses surgonflées et des tueries j'tarrache la tête j'te nique ta mère zoom zoom comme quand elle écoute du rap. Et elle souriait tous le temps. Elle est un peu bizarre pour tout dire. Comme moi.
C'est pasque on est malade tous les deux, faut croire. Mal à la gorge et mal au ventre.
Ben j'vais me coucher, tiens.

vendredi 16 mars 2007

La poussette du Docteur Moreau

Non, non, je vais pas vous parler de la super poussette de la mort à roulette qu'on a acheté pour Sigmund, mais du Docteur Moreau. Enfin bon c'est de la métaphore, hein. Je fais partie des gens que le docteur Moreau a traumatisé. Enfin, pas lui personnellement. Ca serait difficile. Non, c'est plutôt le concept du Docteur Moreau. Ah la la, voilà déjà que je m'embrouille. J'ai plus tous mes neurones, c'est pas possible. Et pourtant j'en ai pas donné la moitié à Sigmund, moi, comme mon amour-à-bidon-tendu-comme-un-tambour qui débloque à fond la caisse en ce moment (oui, c'est une théorie que j'ai, j'ai l'impression que le bébé capture la moitié des neurones de la maman, pendant la grossesse, y doivent passer par le cordon ombilical. J'explique pas autrement le comportement bizarre de mon amour-à-coté-de-ses-pompes). Ouais donc le Docteur Moreau. En fait, c'était juste pour faire un joli titre. Enfin quand même y'a un rapport. Bon c'est fini d'ergoter, oui ? Donc voilà le truc.

Les parents parfaits, tout le monde en a vu. Mais ouais, bien sûr, vous voyez ce que je veux dire, les parents parfaits. Genre les mioches bien rangés, les jouets bien lavés. L'éducation parfaite. Toujours la bonne méthode à la bouche pour vous l'asséner définitivement. Genre "Ah quand vous aurez Sigmund, voilà les trois-mille cinq cent quatre vingt sept règles à respecter absolument, passons-les en revue ensemble si vous le voulez bien". Ben ouais pasque eux forcément ils les appliquent et leurs moutards sont parfaits, extras, gentils, sans poux, sans tics, sans cris, sans pleurs et sans reproches (désolé). Bon à la limite ils acceptent de reconnaître que leur petit Alphonse préfère torturer son ours en peluche en le tartinant d'excrément que regarder les aventures de Pom le poney, mais sinon tout va bien. Oui, oui, tout va bien, car ils suivent à la lettre les préceptes d'un éducation saine telle que définie dans les pages "Astro-bricolage-éducation" de Famili (bon dieu, que je déteste ce magazine. Ou alors c'est Neuf mois ? Chais plus, je le lis aux gogues pour m'aider).

Et pourquoi on n'aurait pas droit aux expérimentations sur les gamins, hein ?
On le fait bien dans tous les autres domaines, pourquoi on n'aurait pas droit de tâtonner un peu et surtout de se fendre la banane avec le bébé-Sigmund (à condition de pas lui fendre le citron, bien sûr) ? A entendre les parents parfaits, élever un môme c'est encore plus chiant que de passer son permis (tiens ça me rappelle qu'à 17 ans, lorsque j'ai quitté ma province bien décidé à empoigner la vie j'ai passé mon code, sur la photo classique où on voit une poussette engagée sur un passage clouté, j'avais répondu "Je fonce" au lieu de "Je m'arrête". Comme le temps nous change, hein ? Maintenant je répondrais "Je m'arrête pour regarder la marque de la poussette et savoir si elle est pratique". Bref). Ouais c'est vrai, on a des boulots où on essaye des trucs, des loisirs où on essaye des trucs, des nouvelles positions qu'on essaye tout le temps (très bon reportage dans le dernier "Neuf mois" sur Dix-huit positions au lit avec un gros bidon), des jouets pour adultes (genre la nouvelle Wii ou le dernier téléphone portable), une vie sociale où l'on essaye sans arrêt des nouveaux trucs ("Et si on invitait les Duschnock du boulot à manger un soir ? Ah non tu rigoles vous allez encore parler boulot toute la soirée, c'est mortel. Quoi c'est pas ma faute si je travaille dans les Pompes Funèbres". "Et si je votais à droite cette fois ? Hein ? Comment ça, plus de sexe pendant cinq ans ?"), on essaye tous ces trucs, alors pourquoi pas on n'essayerait pas des trucs sur les bébés, hein ?

Oui mais quoi ? Ben chais pas moi, des trucs. Essayer de lui apprendre à bricoler des prises à cinq mois...ok j'arrête avec les prises. Sérieusement. Essayer de lui inculquer des trucs différents du Kevin tout-venant qui connaît la liste complète des participants à la nouvelle-académy. Et encore ça c'est pour après, quand il va s'intéresser au monde extérieur, mais avant, rien que sur la manière dont on s'en occupe, on peut tenter des tas de machins, non ? Bricoler des méthodes expérimentales pour la vie de tous les jours. Foutre en l'air les poncifs que l'on nous répète en se disant que le bébé, c'est fait pour ça, réussira bien à s'adapter. Non ? C'est pas possible ? Je me leurre ? Ben chais pas. Déjà on se dit qu'on va nettement plus improviser que ce qu'on avait prévu, pasque les parents qui ont tout bon avant la naissance dans le moindre détail, franchement, ben franchement. Déjà le caddie(r) ça a foiré, on acheté une poussette à la place. Je suis très déçu. Moi je dis halte au conformisme. On va faire au fil de l'eau. Sans écouter les conseilleurs. Nos parents (les grands parents de Sigmund) ont bien fait ça, et ça a donné deux garçons exceptionnellement intelligents (même s'ils portent le collier des dents de tigre et le slip en peau de Rahan).

Bon voilà, on va faire les Docteur Moreau de l'éducation de bébé-Sigmund. Des trucs rigolos y'en a plein.. On va se marrer je sens. Dans vingt ans Sigmund nous remerciera (je vais lui garder ce blog dans un coin). Il clamera à la face du monde ébahi son amour du genre et la qualité de la non-éducation qu'il aura reçu. Il brandira un poing vengeur (armé d'un couteau de rahan) pour réclamer sa part de la grande gaufre du monde. Ah ouais en vérité je vous le dit, on va bien se marrer. Laissons tomber la chambre d'enfant gnan-gnan avec des dizaines de peluches et des murs couleurs pastel. Du blanc, du design, une carte de la terre-de-feu. Des objets simples et utiles, par exemple une console de jeu (ah non, on me dit dans l'oreillette que la console de jeu ça va pas être possible, mais que c'était bien tenté). Non, vraiment, réfléchissons à un autre monde pour Sigmund qui ne soit pas le reflet de cette enfance formatée et simplificatrice que l'on nous propose à longueur de catalogue en papier glacée. Inventons, bordel !
Mais pourquoi je m'énerve, moi ? Je dois avoir l'incisure protodiastolique qui déconne.
C'est la faute au Docteur Moreau.

mercredi 14 mars 2007

L'attaque du poussin karatéka

C'est le Tonton de Sigmund qui a trouvé le truc. A cause du tricot de la Grand-mère de Sigmund, qui est jaune. Pas la grand-mère, le tricot. Enfin, si, l'autre grand-mère est jaune, mais c'est pas elle qui fait le tricot. Enfin si, elle fait du tricot aussi, mais pas jaune. Dans la famille, on aime bien le mélange jaune-blanc, c'est notre coté du Pastis en quelque sorte. Donc une grand-mère jaune qui fait du tricot blanc, une grand-mère blanche qui fait du tricot jaune. Oui je sais c'est pas super clair. En plus mon amour-à-bidon-de-travers-ça-dépend-de-Sigmund fait un tricot bicolore taupe-blanc, super compliqué. Mais top. Et taupe. Du tricot. Et je parle même pas des concours de chaussons. Après le concours sur le modèle, la forme, les semelles doublées, les bouts carrés, vlà que maintenant y'a concours sur la taille, j'espère que Sigmund chausse du 44 comme son père, sinon c'est foutu. Pas grave, je les mettrais. J'ai toujours eu envie de mettre des chaussons en laine jaune. Ouais, ouais. C'est dingue complètement cette histoire de tricot. Vous comprenez rien ? C'est toujours pas clair ? Ben c'est la faute au tricot. Le tricot est à la grossesse ce que la gaufre est à un bon dimanche après-midi : un point de passage indispensable.

Ouais, pasque je veux bien que la spécialisation sexuelle soit purement culturelle et acquise, peut-être ouais d'accord. Mais bon pour le tricotage ça m'a l'air d'être complètement génétique quand même. Je suis sûr que le gêne du tricot est porté par le chromosome X et qu'il ne s'exprime que dans les combinaisons XX. La preuve les tailles de tricot, hein ? XS, XL, XXL, hein, vous voyez des Y là-dedans, vous ? Cherchez pas, y'en a pas. Ah ! Je veux bien qu'on s'assure l'égalité des sexes devant la transmission culturelle, mais là quand le même le tricot, c'est pas possible. Déjà au temps des cavernes, Grmph partait tranquillement jouer à la playstation -1000 (un truc avec deux os, et une boule de craie, qui faisait ping, puis pong) pendant que Grmpha utilisait deux os très très pointus pour tricoter des crins de mammouth, "ô regarde les zoulis chaussons roux pour Grmphette" (en vrai ça faisait quelque chose du genre "Ô grmphou grmphok grmphag Grmphette"). Alors si c'est la preuve par l'histoire, ça.

Bon sang, le tricot, c'est pas possible je vous dit. Y'a que les Grand-mamans de Sigmund et la Maman de Sigmund qui ont attaqué des tricots géants pour ce pauvre mioche qui est allergique à la laine si ça se trouve. Les grand-papas, eux, en sont tranquillement restés à l'évaluation des dangers potentiels du nid de la maison (ah ouais vas-y les prises électriques, vas-y la bibliothèque à ne pas utiliser comme un escalier d'appoint, vas-y les objets contondants, répare-moi ça mon coco ou on te déshérite). Oui, pasque si la maman tricote, le papa fait le nid j'ai l'impression. J'ai réalisé ça ce week-end, alors que je m'arrêtais pour regarder l'avancement du tricot taupe, le dos chargé des vingt-cinq cartons que j'avais trié, et que je descendais à la cave avec les meubles à virer, les trucs inutiles, les machins qu'il a fallu ôter pour faire la place au gaufrier et au lit du bébé (par ordre d'importance). Ouais, le papa fait le nid, c'est dans les gènes. Et la maman elle tricote des chaussons. Enfin pour le nid le papa fait le gros ouvrage, hein ? Les fioritures, le duvet, les plumes, l'herbe et les brindilles c'est pour la maman. On fignole le nid, j'te jure, on dirait des piafs.

Enfin presque. Que si on faisait tout comme des piafs, la rigolade. On y est presque, pourtant. Bon manger des graines je dis pas ça me branche moyen. Quand j'avais fait le portrait en graines de ma maman j'en avais picoré au moins la moitié et j'avais été malade (à moins que ce n'est été la colle Cléopâtre, j'en bouffais au moins un pot par jour à l'époque, avec la petite languette rouge...). Mais le reste on est pas loin, hein ? On fait le nid pour l'arrivée de Sigmund comme la mésange commune d'Europe, on drague en roucoulant comme le pigeon gris des villes, on part où qu'il fait chaud en été comme la cigogne d'Alsace, on mange tout ce qu'on trouve comme le coucou glouton des carpates, on jacasse à perte de temps comme le passereau vert du Mexique, on se retrouve en bande pour picoler comme le grand Ara rose du Guatémala, tout pareil, quoi. Vous voyez bien qu'on est pas loin des animaux hein, presque : sauf pour la (putain de) poussette, bien sûr. Y'en avait pas des poussettes au temps des cavernes, les gamins y couraient dès qu'ils étaient nés, sinon y se faisait bouffer par les dinosaures. Ou brûlés par la montagne de feu... Bon d'accord je sais c'est pas crédible. Y'avait pas de dinosaures au temps des cavernes. Pffff. D'accord les mioches y couraient pas, comme les notres, y avaient peut-être des poussettes avec des roues en pierre super dures à plier ou alors y restaient dans la caverne à faire Grmph, grmph.

Pour en revenir au tricot... la photo qui tue.
Un bien bel ouvrage de la grand-maman de Sigmund, on dirait une veste de kimono pour poussin karatéka. Et là, si tu dis "c'est cromeugnon", tu as perdu, sauf si tu es une femme (pasque c'est génétique, je viens de l'expliquer, m'enfin faut suivre à la fin). Si tu es un homme et que tu t'exclames "C'est vraiment trop chou", tu es mûr pour le livret de paternité. Mon pauvre gars, tu ferais mieux d'envisager une fuite au Guatémala au lieu de dire des conneries. On va te faire des chaussons taille 44, on verra si tu trouves ça choupin tout plein.
En tout cas j'ai essayé le tricot, ben c'est vraiment trop dur. Chais pas, mes doigts y arrivaient pas. J'avais l'impression que mon corps entier criait "occupe-toi du nid d'abord, grmph, grmph", j'avais les yeux qui me piquaient, le nez qui coulait, les bras qui me faisaient mal. Comme une allergie programmée. Génétique je vous dit. Le tricot. C'est pas fait pour les hommes, voilà tout.
En tout cas Sigmund y va être super beau en jaune.

lundi 12 mars 2007

Livret de paternité

Paraîtrait que le livret de paternité est un article introuvable et jamais vu par certains papas. Peut-être qu'ils ont signé tout de suite quand le gars à l'hôpital leur a dit "Signe cette reconnaissance de paternité, ordure, ou je t'enfonce ce flingue jusqu'à l'incisure proto-diastolique". Peut-être que de toute façon ils ne l'ont pas reçu pasqu'ils étaient déjà partis au Guatémala. Chais pas, moi. Peut-être que la mairie a perdu leur adresse, les veinards. En tout cas ils sont passés à coté d'un témoignage inégalable qui leur aurait permis une prise de conscience et peut-être qu'ils seraient revenus de l'aéroport de Roissy en courant pour embrasser leur femme en leur criant "oh mon amour soyons fous j'ai lu mon livret de paternité dans la salle d'embarquement et je suis là maintenant près de toi, prêt à être le père de ce bébé, oh mon amour, ok, ok je crie moins fort dans ton oreille." Heureusement ils étaient en surbooking pour Guatémala-City, si ça se trouve. Tout est bien qui finit bien grâce au livret de paternité.
Bon donc comme il y en a qui l'ont pas lu, je vous l'ai scanné pasque hein quand même je voudrais pas désespérer les futurs pères et leur donner des raisons de s'enfuir d'espérer. Donc ça commence comme ça :



C'est très beau. On voit bien la tête à Marianne, les couleurs de la France qu'il faut porter haut, le futur ministère de l'identité nationale qui se profile, tout ça bon. Y'a quand même pas de place pour écrire son nom, c'est un peu con ça fait genre t'es le père mais toi ou un autre, hein bon, qu'est qu'on en a à fout'. Bon, dès le départ on parle de droits, de devoirs (pour l'enfant je comprends avec les devoirs de maths et tout ça, mais pour les adultes, hein, quels devoirs d'abord ?) ça rigole pas du tout, et la poésie dans tout ça ? Et l'humanité dans cet étalage administratif ? Et la beauté de la procréation, hein ? Ouais ok on s'en fout, d'accord. La suite est croquignole :



Bon je vous laisse lire, hein, c'est vachement instructif. En tout cas moi j'ai appris plein de choses. Des fois quand même j'ai trouvé qu'ils étaient un peu familier dans le ton, mais le ton c'est bon. Alors bon. Et après ça continue :



C'est intéressant, quand même, non ? Surtout les "Paroles de pères". Y'en a d'autres avant ces deux-là, on se demande bien où qu'ils sont allés les chercher ceux-là, sûrement pas à Guatémala-City. Ah ça ! Et que je te fais mon crâneur sur que je suis ravi d'être Papa et que avoir un bébé c'est drôlement bien, drôlement mieux que la dernière playstation III. N'importe quoi. Vendus ! Bon d'accord, le gars avec sa fille handicapé, là, c'est pas rigolo du tout. Mais vu la tonalité des autres témoignages, on dirait bien du chiqué quand même. Ca fait chiqué, y'a pas à dire. Vers la fin, ça donne ça :



Ah ouais quand même ils ont glissé une "Parole de mère" histoire de rappeler que le père on s'en fout. C'est pas avec un livret de paternité qu'on va se faire acheter quand même, ni même avec un gaufrier (quoique). Les adresses je ne dis pas ça peut être assez pratique.
Globalement je suis déçu quand même. Je m'attendais à quelque chose de plus significatif, plus tape à l'oeil, genre un peu format portefeuille, en cuir avec des pages à bord dorés, des entrées gratuites au Pink Naked Lady, des consos pour le bar du Macumba de Garges-les-gonzesses, un truc un peu sympa pour faire passer la pilule, quoi. Peut-être un bon pour une Wii gratuite ç'aurait été cool. Mais bon là on est carrément dans l'administratif, hein, pas dans le festif. Non pasque le livret de maternité c'est autre chose, hein. Décoré faut voir comme, avec un bon pour soirée chippendales open-bar, des tickets gratos pour autant d'échographie que tu veux chez Batman, une carte à gratter pour gagner une péridurale, une carte de priorité dans les transports, un bristol "Je suis enceinte et je t'emmerde" pour les passages en caisse rapide, enfin plein de trucs super. Franchement le père personne en a rien à foutre, c'est pas croyable.
Je suis écoeuré, tiens.

Ou alors c'est les gaufres nutella chantilly.

samedi 10 mars 2007

Pierre blanche

Aujourd'hui est un jour à marquer d'une pierre blanche. Ben oui, absolument. Aujourd'hui c'est le jour où nous avons étrenné notre nouvel achat essentiel (en fait c'était hier soir, mais bon), celui dont on on peut dire avec certitude qu'il marque une étape majeure de notre avancée dans la vie, un jalon important sur le chemin qui nous mène actuellement de nos vies égoïstes de citadins névrosés et avides vers notre nouvelle vie de couple épanoui et primipare. Ouais, ouais, c'est pas pasque j'emploie des gros mots qu'il faut froncer les sourcils, mais là pour le coup on a acheté l'objet le plus important de quand on va avoir un bébé, le truc dont on rêvait en secret depuis notre entrée dans la vie active, l'essence même de la possession qui laisse dire aux amis ou aux gens qui vous rencontrent "Ah ça y est les Dugenou-Dourrichon y sont installés cette fois", le graal nécessaire quand on veut avoir des enfants (bioniques ou pas).

Ouais pasque bon, dans la vie y'a quand même des étapes à franchir. On a tous eu nos premières fois, parfois douloureuses, parfois extatiques, parfois humiliantes, parfois motivantes, parfois foireuses, parfois... ouais ok j'arrête. Donc voilà, y'a aussi des premières fois qui te marquent et qui te font te dire "ah ouais là franchement j'ai franchi un cap. Maintenant, j'suis fort comme un roc. Balèze comme un..., comme une... péninsule ? Mais comment veux-tu." Ouais donc, par exemple le premier salaire que j'ai reçu (je trimballais de la soupe dans une usine de soupe. Sigmund, mange ta soupe. Oui mais Papa il la mange pas. Papa est allergique à la soupe. Oui mais pourquooooii ? C'est une longue histoire. Genre.) j'étais tellement content de l'avoir gagné à la sueur de mon front (qui dégoulinait dans la soupe, je précise, ha ha) que je savais pas quoi faire de tout cet argent (à part payer mon loyer, la cantine de l'usine (y'avait de la soupe), des pneus pour mon vélo, bref). Du coup je m'en rappelle bien de cette première fois là pasque avec les trente francs qui me restait (le prix de la soupe) j'étais allé chez Flunch prendre une glace dix boules, ouais dix boules vous avez bien lu. OK, on a les fantasmes qu'on peut, j'suis d'accord ; mais moi j'étais ouvrier dans une usine de soupe en plein été, alors hein.

Donc ouais. Ces premières fois là, on les oublie jamais. La première fille qu'on a pris dans ses bras, ça je suis d'accord c'est le genre de truc qu'on oublie. Mais le goût de cette glace dix boules chez Flunch, je m'en rappelle encore. Pourquoi je raconte ça déjà ? Ah oui. Pasque quand on envisage d'avoir un enfant et qu'on imagine les étapes importantes qui vont marquer l'arrivée du lardon dans votre vie, on pense berceau, on pense (putain de) poussette, on pense biberon bien sûr. On pense également, pour peu qu'on ait l'esprit légèrement bucolique et imaginatif, a ses premières sorties dans la boue de la campagne, son premier livre lu sur une terrasse avec le bruit des cigales, sa première partie de foot avec une boule de chaussettes dans la maison. On pense aussi aux assiettes de soupe qu'il va falloir ingurgiter pour donner l'exemple, hum, heurgh, bref. On pense aussi aux valeurs essentielles qu'il va falloir transmettre : pas les doigts dans le nez ou alors faut pas qu'on te voit, dire merci et bonjour, être respectueux des autres et ne pas voter pour un facho, manger sa soupe (heurgh), respecter la nature, et patin couffin.

Donc c'est dans cette optique qu'on a fait notre achat prodigieux, tellement on sait que c'est important pour le développement d'un enfant et pour le bien-être de ses parents. Franchement ça valait le coup ; je me suis endetté pour cinq ans avec un crédit à la consommation, mais on a rien sans rien. Mais nous l'avons enfin reçu. Je tape cette note d'une main en caressant sa belle carrosserie chromée de l'autre (c'est hyper dur, d'ailleurs). Depuis le temps que j'en rêvais.

Mon beau gaufrier.

jeudi 8 mars 2007

La tête à Sigmund

Ouais bon, pasque on a été obligé de faire un détour par chez Batman pour cette histoire d'incisure-protodiastolique-sors-de-mon-corps, on en profité pour faire faire une série complète de clichés souvenir pour mettre sous cadre à la maison (et puis dans mon larfeuille aussi comme ça je peux crâner au boulot dans les concours de bébés "oh regardez les photos de mes deux petits y sont trognons" et pouf je sors aussitôt l'échographie de Sigmund, ça fait père concerné, ça en jette. En même temps j'ai l'impression d'être grillé au boulot. C'est pas grave. Comme c'est pas grave que cette parenthèse dure depuis plusieurs lignes. Je la ferme. La parenthèse.) Donc on a des photos supers où Sigmund est super trognon. Notamment celle-là :



Je peux pas m'empêcher de contempler son mignon petit crâne et son front délicat qui brille sous la lumière des ultrasons de Batman (mouais venez pas me chercher pour m'expliquer que les ultrasons ne sont pas de la lumière, je m'en tape, je sais ce que je dis j'ai un diplôme d'ingénieur en ultrasons lumineux) en me disant que vraiment c'est le plus beau bébé du monde et tout ça. Ouais c'est vrai quoi, il est pas mignon ? En plus il a un gros boulard comme son père et le délicat front viet de sa maman, ainsi que le menton volontaire de son arrière-grand aïeul Georgi le boucher de roumanie. Ce qui me chiffonne par contre c'est qu'il a le pif de son tonton, mais bon. On peut pas tout avoir, aussi. Et donc je m'extasiais sereinement sur cette photo en sirotant un verre de whisky maison (concocté à base de mytosil) quand un détail est apparu à mon oeil plus scrutateur que celui de l'aigle royal des carpates quand il n'a pas mangé depuis dix jours d'innocent petit lapin.

Ouais, un gros détail.

Vous voyez pas ?

Je vous mets l'image en plus gros alors :



Bon sang vous voyez rien ? Au niveau de l'oeil ???

Ouais, exactement. C'est un oeil bionique.

La vache ! Mon fils c'est Steve Austin. L'homme qui valait trois milliards. L'homme qui courait plus vite qu'une voiture. L'homme qui courait en faisant tchicatchicathic tchoutchoutchtchtchtchtchtch!. Si c'est pas une preuve évident de paternité, ça ! Moi qui ai passé la moitié de mon enfance à ponctuer le moindre de mes déplacements de tchicatchicatchic tchoutchoutchtchtchtchtchtch! exaspérants en rêvant que je pouvais voir de mon oeil perçant le dessous des jupes des filles à cent mètres de distance (et, soyons honnête, battre à la course ce connard de Jean-Claude Martin de la 5èmeB) . Ah ça, me fait plaisir, tiens. Ca valait le coup cette incisure protodiastolique, finalement.
Du coup ça explique aussi quand il bouge comme un forcené dans le bidon de sa mère à lui faire croire qu'il fait des tours de piste sur l'intérieur de son ventre. Forcément des jambes bioniques il doit falloir s'en servir en permanence sinon la batterie elle se décharge ou un truc comme ça. Bon, après tout il faut savoir souffrir pour être la mère de Steve Austin.
Ce soir je vais faire un test : je vais crier "Super-Jaimie" dans le bidon de mon amour-à-potentiel-de-trois-milliards et je vais voir si Sigmund réagit. Ca sera la preuve. Putain.

Steve Austin. C'est à peine croyable.

mardi 6 mars 2007

Foutu

Ah la vache je suis foutu. Repéré. Traqué. Prisonnier. Ca y est, ils m'ont dégoté malgré toutes mes manoeuvres dilatoires. J'ai beau avoir donné un faux nom, un faux prénom, un faux age, une fausse adresse, un faux prélèvement adn, de fausse empreintes digitales, un faux-fuyant, un faux diplôme, un faux-filet, un faux-col, un faux-frère, hum, pardon je disais, j'ai beau avoir tenté toutes les esquives possibles pour ne pas être associé à cette pénible affaire de grossesse, "ils" m'ont retrouvé, m'ont cerné, m'ont identifié, m'ont entré dans leurs fichiers de la mort et m'ont envoyé ça :



Putain ça y est c'est officiel, je vais être papa ! Aaaaargh !
J'ai plus le choix maintenant, faut que je fasse la reconnaissance de paternité à la mairie, où sinon je les vois déjà à ma porte. Qui ? Ben les nervis de la structure sociale, les charognards de la reproduction, les reitres du dogme parental : alors le frisé, on a foutu sa copine en cloque et maintenant on songe à s'exiler ? On n'assume pas ? On n'a pas envie d'être saigné à blanc et lié pour la vie ? Qu'est-ce que ça veut dire, hein ? Oh pardon je t'ai brisé deux doigts avec ma ranger. Heureusement c'est la main gauche, avec la droite y va pouvoir signer sa reconnaissance de paternité. Hé oui mon vieux, fallait réfléchir avant de baiser. Signe maintenant ou je te casse l'autre genou. Allez signe bordel.

J'suis foutu j'vous dit. Fini le Nicaragua, envolé le Brésil. Fini la révolution, fini de vouloir foutre le système à bas. J'suis papa maintenant. J'ai plus qu'à voter Royal, au pire Bayrou, et à attendre la paye de la fin du mois pour faire vivre tout le monde. Foutu.

Sinon c'est très bien fait ce petit livre, y'a tout dedans pour être un père modèle genre travail, famille, patrie. Ca tombe bien c'est exactement mon état d'esprit actuel. Juste un petit regret, ils ne parlent pas assez des réductions d'impôts auxquelles Sigmund va nous donner droit, ni des problèmes de succession, qui sont assez terribles en France, c'est bien vrai. Vivement un candidat pour nous changer tout ça !

Tiens, je vais l'ajouter dans la boîte où je range amoureusement mon brevet des collèges, mon CAP, mon bac, mon diplôme ("plôme") supérieur, mon certificat de service militaire, mon certificat de concubinage, mon certificat de bonne moeurs et mon diplôme du plus gros mangeur d'andouillettes du concours de la ville de Caen.

dimanche 4 mars 2007

Ghost Story

Ce week-end c'est Ghost Story à la maison. Pas du tout pasque on se la joue comme dans le film ringard des années 80 au moins (que j'ai toujours pas vu en plus, pas les années 80, le film, pasque les années 80 je les ai vues, ça oui monsieur, je me les suis même mangé en pleine gueule alors merci j'ai déjà donné) où y'a le gars du film le plus nazebroque de tous les temps (Dirty Dancing) et la brune dont je me rappelle jamais le nom (mais qui n'est pas une demi-portion). Non pas du tout, comme la scène avec la fameuse poterie, je t'en foutrais, t'as déjà essayé de faire de la poterie avec une femme enceinte, tout ce que t'auras c'est l'empreinte de son bide dans la glaise.

Ouais donc c'est Ghost Story pasque mon amour-à-bidon-exponentiel à une extinction de voix. Quand elle parle on dirait Tom Waits qui se serait tranché la gorge, ou Darth Vader qu'aurait oublié de régler le volume de son casque. Combinée à sa fatigue qui la rend plus languide qu'une baleine saignée par un chalutier japonais, ça veut dire qu'elle erre sans bruit dans la maison avec une grâce lente et sépulcrale, dans un silence absolu que seul vient troubler le bruit des aiguilles de tricot qui s'entrechoquent.

OK, faut bien ça pour se reprendre du coup de l'incisure protodiastolique. Surtout que toutes les femmes enceintes à qui on a posé la question nous ont dit qu'elles savaient même pas ce que c'était. Ah ah ah, si ça se trouve leur moutard est en train d'atteindre le développement d'une crevette marinée et elles le savent même pas. Les parents démissionnent de nos jours, c'est pas croyab'.

Brèfle, ça me permet d'en placer une sur les futurs choix éducatifs de Sigmund. J'peux dégoiser tout ce que j'veux sur les décisions concernant son futur, officialiser tout de suite Bourrichon-Dugenou, choisir le prénom, choisir le (putain de) modèle de (putain de) poussette, elle peut rien dire. C'est trop chouette. L'éducation de cet enfant repasse donc dans de bonnes mains, sages. Quoi ? Comment ça y'à peine cinq mois je savais même pas ce que c'était un cosy, alors je vais pas la jouer père modèle maintenant ? Ben si. Avec toute la doc que je me suis tapé, y'a intérêt à rentabiliser. Et puis on change.

Faut que j'en profite avant qu'elle n'ait retrouvé sa voix de stentor...

vendredi 2 mars 2007

Incisure

J'ai du vague à l'âme l'incisure protodiastolique. Ouais je sais, vous n'avez aucune idée de ce que c'est. Ben moi non plus jusqu'à ce qu'on me dise que c'était un truc qui disparait à la vingt-quatrième semaine de grossesse, mais que là c'est pas parti dans le bidon de mon amour-à-bidon. Alors elle est partie chez Batman fait un examen de contrôle, et moi je suis tout seul au boulot comme un con à me demander si tout va bien. Le truc que j'ai compris à peu près c'est que cette incisure protodiastolique, en plus de porter un nom à coucher dehors, est responsable d'un manque d'afflux sanguin vers Sigmund, et ce que si ça reste, ça pourrait ralentir son développement. Mouais. Ca crée ce qui s'appelle un Notch dans le transfert sanguin. Re-mouais.

Moi déjà je me demande dans quelle mesure on peut faire confiance à des médecins qui ont donné à un truc hyper-sérieux de la mort qui te fout les boules le nom d'un héros de série américaine à deux francs. Notch ? Bon sang, mais ça fait encore moins sérieux que Mitch ou Butch ! "Oh Notch, serre-moi fort, tu m'as sauvé la vie, oh comme tu es musclé !" "Ah Notch, cet homme a été lacéré avec un coupe-coupe géant, qu'est-ce que vous en pensez ?" "Allez Notch, tu vas réussir à prouver que si on veut, on peut !". N'importe quoi, hein ? Ca vous fait le même effet qu'à moi ? Bon, ça me rassure. Entre l'incisure protodiastolique qu'on dirait une injure tout droit sortie de l'Exorciste ("Sors immédiatement de ce corps, ô infâme incisure protodiastolique !") et le Notch de mes deux couilles américaines (excusez ma grossièreté, j'extériorise), ben c'est pas gagné de se faire une tranquillité d'esprit et là franchement ça fait un moment qu'elle aurait du m'appeler, bordel. Mais qu'est-ce qu'elle fout ?

Pouf, pouf.

Bon on va attendre gentiment sans s'énerver. C'est pas grave si Sigmund est trop petit à la naissance, y rentrera mieux dans le caddie(r), c'est tout. Et puis les gros bébés, c'est lourd. Ouais, vous voyez bien ceux dont je veux parler, les gros joufflus, là, qu'on dirait qu'ils sont ripolinés au vernis transparent tellement ils luisent de graisses bouffies qui tendent leurs joues improbables. Et si nous on a envie d'avoir un bébé malingre et souffreteux comme un cloporte kafkaïen ? C'est vrai, quoi. Et puis si il faut on lui filera de la blédine supplémentaire, comme un canard qu'on gave, pour rattraper le retard, tiens je vais commencer à bricoler un entonnoir. Et pour le développement mental, ce sacré Sigmund prend déjà des cours de rattrapage de toute façon. Hé ouais : musique, poésie et claquettes. Tous les jours il a droit à un disque différent pour reconnaître les styles musicaux, à une poésie différente pour apprendre le rythme de la langue et à une séance de claquettes pour savoir faire la différence entre le bien et le mal.

[...]

Ah ben, voilà les résultats : incisure à gauche complètement fermée, incisure à droite encore ouverte mais toute petite. Pas de risque a priori de retard de développement. Nous v'là rassurés, mais bon je vais sans doute aller vérifier le sens exact de a priori pour un médecin (si nécessaire en pétant une rotule à Batman, qui ne nous en avait pas parlé la dernière fois pour ne pas nous inquiéter, laissant le soin à la sage-femme de se poser mille questions à haute voix devant nous sur cette anomalie bizarre). Ayaye. Quelle angoisse pour un si petit motif. En tout cas je note que ça va mieux à gauche qu'à droite, du coup je vais voter pour Ségolène Royal. Une bonne chose de faite.