Hier on est allé essayer d'avoir une place à l'hôpital juste à coté de la maison pour l'accouchement. Evidemment c'est un très grand hôpital alors la maternité c'est quasiment une annexe ridicule, mais bon y'avait quand même pas mal de monde à l'entrée, les femmes avec leur petits bidons agressivement pointés en avant du genre j'ai priorité parce que je suis enceinte sauf que là ça marchait pas des masses, et les hommes avec cet air angoissé que je connais maintenant bien, vu que je le vois tous les jours dans la glace. La première angoisse d'ailleurs en arrivant à l'hôpital c'est comment qu'on va faire le jour J, vu les sens interdits et les culs de sac entre les bâtiments, impossible d'arriver en voiture jusqu'à la maternité tant pis je la porterais sur mon dos s'il le faut, je ne la laisserai pas accoucher dans la bagnole surtout que bon je viens d'acheter des nouveaux couvre-sièges imitation croute-de-cuir et je sais pas si vous savez combien ça coute les yeux de la tête ces trucs-là (environ 12 mois/couches, c'est dire ! Ah oui, je vous ai pas dit, désormais je compte tout en équivalent mois/couche comme ça je me fais moins peur et je recentre mes priorités financières, avant je comptais en équivalent bière/jeux vidéos).

Donc bon la maternité. C'est fastoche, c'est comme au rayon charcuterie d'une grande surface (c'est un exemple, j'aurais pu dire le rayon poissonnerie ou le guichet de la sécurité sociale), sauf que tu fais la queue pour avoir le ticket au lieu de prendre le ticket pour faire la queue. Donc tu fais la queue sagement avant de passer au guichet pour l'inscription. Quand c'est ton tour et que tu as fini de lire les milliers de mise en garde sur ce qu'il ne faut pas faire quand on est enceinte (genre se bourrer la gueule avec tes copines en souvenir de la fois avec l'équipe de rugby à la mjc de Melun) et sur ce qu'il faut faire quand tu es un papa responsable (style faire ta reconnaissance de paternité pour qu'on soit sûr que tu ne vas pas t'enfuir), tu as le droit d'être prise en charge par une accorte infirmière qui te pose des questions pendant que deux de ses copines à coté parlent d'une dame qui s'est vidée de son sang suite à une épisiotomie où le médecin avait un peu ripé. L'infirmière fait semblant de rien, te prend tes papiers, ouvre un énorme classeur et prend l'air très embêtée.

Elle consulte plusieurs fois son disque pour être sur que le mois de juin sera le bon (je m'attendais presque à ce qu'elle dise "si vous étiez des dauphins, le gestation serait plus longue"). Et d'un coup elle te dit bon ben non juin c'est pas possible, vous pouvez pas nous le pondre pour fin juillet plutôt Ah Ah Ah rassurez-vous je plaisante, alors voilà pour début juin vous avez le numéro 53. Remarquez si vous étiez des dauphins ça tombait pile pour juillet. Ah ah ah.
Apparemment c'est des farceurs à l'hôpital.
Après y'a quelques formalités légères pour la femme, on lui pose des questions sur le suivi médical et tout ça, si l'échographie était bien, si elle continue à faire du sport, à nager un peu, si elle n'a pas de douleurs ou les nageoires raides, si elle mange bien tout son hareng et tout. Pour l'homme c'est beaucoup plus long. Comme ils veulent être sûr que tu ne vas pas abandonner la parturiente, ils prennent tes empreintes digitales, ton ADN, tes empreintes de l'iris, toutes tes mensurations, ils te confisquent ton passeport, ta carte bleue, ta carte de membre du Pink Naked Lady, ils te retirent tes lacets, ta ceinture et t'attachent les mains dans le dos. Pour te faire comprendre que c'est du sérieux, un médecin taillé comme un malabar de gymnase vient de briser la rotule avec un petit rictus qui signifie que ce sera beaucoup plus sérieux la prochaine fois.

Du coup j'ai préféré lui filer le poulet que j'avais apporté pour graisser la patte à l'infirmière. Mon amour-a-moyen-bidon peut accoucher dans les poubelles, je m'en fous du moment que l'autre monstre ne revient pas me voir pour me briser la colonne vertébrale. Je file doux comme un agneau et je ne fais plus de gestes brusques dès fois qu'ils croient que je vais essayer de m'échapper (je suis sûr qu'ils me surveillent). D'un autre coté c'est dur de courir avec des chaussures sans lacets. Non, non. Désormais, mon soutien est sans faille, je vais arrêter de me moquer des femmes enceintes. Je vais brûler ce blog aussi, des fois que le malade mental en blouse blanche saurait se servir de gougueule.
Voila. Désormais, je suis le numéro 53 et fier de l'être. Qu'on se le dise !