Cette nuit, très gros cauchemar. Donc réveil très matinal, et agitation dans le lit dans une espèce de torpeur angoissante et de malaise persistant. Mes rêves sont toujours détaillés et mes cauchemars rares. cela faisait longtemps que je n'avais eu un tel voyage dans les petits tas de boue des coins de mon cerveau.
Pour résumer, dans ce cauchemar empreint d'implacabilité un tapis roulant (vous savez, ceux des bars à sushis ?) protégé par des grilles amenait des objets divers vers une déchiqueteuse assez obscure. Je ne vais pas tourner autour du pot : l'obscurité voilée dans laquelle elle baignait ressemblait à cette pénombre habituellement merveilleuse dont rêvent les les jeunes hommes. Cette pénombre qui entoure le graal tant désiré, et que nous trouvons au bout de maintes aventures (et que nous découvrons une fois le dernier obstacle-une culotte de coton- franchi dans le ravissement et la stupeur pour les siècles des siècles, amen.)
Un sexe broyeur et dévorant, donc. Et des objets inanimés de toute nature en route pour être détruits. Trois sections protégeaient le tapis : une section de grilles aux barreaux carrés largement écartés, une section de barreaux ronds de type prison, une section de barreaux fins couvert d'une plaque de plexiglas (rendant le tapis inaccessible). Possibilité d'intervenir sur les deux premières sections, donc, mais pas sur la troisième, comme la métaphore d'un écoulement temporel sur lequel on peut ne peut plus agir à partir d'un point de non retour (vous me voyez venir, je pense).
La première période du rêve autour du tapis est confuse, je trafique des choses avec mon frère, peut-être faisons-nous de la peinture sur les barreaux (une peinture un peu épaisse, blanche, qui laisse des gouttes rondes et dures en séchant). La seconde est très claire, et c'est là que le cauchemar débute : un chien arrive sur le tapis roulant, un petit chien presque manga tant ses yeux sont grands, un chiot de cocker peut-être, assis, ne bougeant pas, l'air interrogatif et humain, un bébé plutôt qu'un chien, je dirais. Dans la première section, je le regarde passer tandis que l'on me presse d'intervenir, mais je sais qu'il reste la deuxième section. Dans la deuxième section, une panique m'envahit je sais qu'il faut intervenir et que je ne pourrais bientôt plus rien faire. On me parle, on me presse. Je regarde le chien qui me regarde.
Et je le laisse passer dans la troisième section, derrière le plexiglas.
Le tapis roule en suite et le chien disparait dans l'ombre vers la déchiqueteuse. Il y passe, ce qui ne la ralentit pas une seconde. Peut-être un peu de rouge sur les rouages, à peine.
Et je sors du cauchemar lentement. Pas comme d'habitude en sursaut, le coeur battant. Non, lentement. Le temps de réfléchir et de constater que je viens de vivre une naissance doublement inversée : le chien/bébé retournait vers la matrice, et le processus s'achevait par sa mort. Et moi, je laissais faire tout ça, passif.
Je m'étais promis de rester léger sur ce nouveau blog, mais il semble que quelques angoisses soient réellement en train de me travailler. Promis, je reviens au mode déconne dès le prochain billet.