Il faut qu'on le dise à tout le monde. D'accord, d'accord, ne criez pas, je sais qu'il ne faut pas le dire tout de suite. Attendre d'abord les trois mois fatidiques, et la deuxième prestation de notre Batman échographe. Pour qui me prenez vous, d'abord, je me suis renseigné, je suis presque un père responsable. Je ne frémis plus en disant le mot "père". Aaaargh !

[Deux minutes d'interruption]

Bon bref, qu'est ce que je disais ? Ah oui bon, l'annoncer. Je vois déjà le truc d'avance. Tout le monde va comprendre qu'on a fait l'amour. Enfin, plutôt baiser, comme des pécaris en plus. Ouah, la honte. Annoncer ça comme ça ? Je veux dire, aux copains, d'accord, mais à mes parents ? Leur raconter que j'ai introduit mon pénis dans le vagin de mon amour libidineuse, et que par un va et vient sensuel, ponctué de coup de reins ravageurs et de ralentissements suaves, j'ai fini par déverser quelques centilitres de semence parfaitement fertile, et que... non j'oserais jamais. Je vais plutôt employer une métaphore, genre les fleurs et les abeilles. Ca devrait coller.

Et mes beaux parents, hein, qu'est ce que je vais leur dire, hein ? Désolé m'sieur-dame, je crois que j'ai mis votre fille en cloque, la brioche est au four, le petit jésus dans la crèche, le polichinelle dans le tiroir ? Autant me couper la bite tête tout de suite (la moitié de ma belle-famille est affiliée aux triades asiatiques). Je vais laisser mon amour fécondée le faire, je pense, elle s'en sortira mieux que moi. Dur d'être père. Aaaargh !

[Deux minutes d'interruption]

Ou alors je peux envoyer un mail sybillin, avec une photo de tiroir et un dessin de polichinelle. C'est bon, ça. Suffisamment allusif pour que je puisse m'en tirer si ça tourne au vinaigre. Genre "Ah non, c'est pour vous annoncer que je me reconvertis à l'ébénisterie et à la comédia dell'arte". Hum.

Je le sens mal. Plus que deux mois de tranquillité.