Ah ah ah, voyons voir. Comment ça, enceinte ? Tu veux dire un bébé ? Un polichinelle dans le tiroir ? Mais comment est-ce arrivé ? Oui, non, je sais, arrête avec tes abeilles et tes fleurs. Mais quand ? J'étais d'accord ? Vraiment ? OK, disons que j'étais d'accord. Oui je me rappelle, maintenant que tu le dis. Cette histoire de prendre la pilule ou d'arrêter la pilule. Hum. Si j'avais su que ça nous mènerait là.

Mais non, je te fais marcher, j'adore les enfants et j'ai toujours voulu en avoir. Je n'ai que 37 ans c'est l'âge parfait pour le premier. C'est une décision mûrement réfléchie. Je le vois déjà, tout petit, courant vers moi les bras tendus (il sera très en avance bien sûr) riant aux éclats à l'idée de faire une bagarre avec son papa d'amour. Je nous vois en famille heureuse.

En même temps, j'ai comme une angoisse. A voir les litres d'amours dégoulinantes et mièvres qui suintent des jeunes parents que je connais, je me demande ce qui va advenir... Faire un enfant est tellement facile et banal, n'importe quel imbécile remuant sur n'importe quelle crétine y arrive ; et le fruit (mais pourquoi le fruit, bon sang ? Y'à des pépins dans un bébé, ou quoi ? Faut que je vérifie ça rapidos.) de leur copulation est toujours exceptionnel. Toujours. Hum, c'est louche.

Pourquoi les parents parlent-ils sans arrêt de puces et de bouchons ? Pour les puces je me doute que les bébés ayant grosso-modo la même taille que les chiens, ils doivent être bourrés de puces. Mais pour les bouchons, hein ? C'est à cause de l'interdiction de boire de l'alcool pendant la grossesse ? Ca va être dur, tiens, je ne sais pas comment je vais faire.

Et pourquoi le bébé parle tout le temps dès qu'il est naît ? "Bonjour, je m'appelle Jasmine et je suis né il ya deux heures, je vais bien et Maman me déteste. Papa s'est évanoui dans la salle de travail." "Bonjour, je m'appelle Kevin et franchement j'ai pas de bol, vu le prénom qu'on m'a choisi." Je ne comprends pas ce qu'ils ont à dégoiser ces mômes. Il faut que je me renseigne, il doit y avoir une raison.

Comment va-t-on l'appeller, d'abord ? Hein ? Je n'en ai aucune idée.

Pour l'instant, appelons-le Sigmund.