Ah ben ça mon bon monsieur, l'instinct d'une mère c'est ce qu'il y a de plus fort au monde. Un lien incroyable. Patiemment construit. Une connexion échappant à la logique, à la raison, voire à la science, une sorte de septième sens (je rappelle que le sixième c'est çui pour savoir si on est confusément enceinte). Nul homme ne peut comprendre.

Ou plutôt, il le comprend ce fameux instinct maternel quand sa maman vient de l'appeler pour la huitième fois de la journée au boulot pour lui demander s'il a bien mis son suppositoire pour soigner cette vilaine toux, avec le haut-parleur branché par un collègue facétieux. Enfin je suppose, hein, parce que moi évidemment ma maman est pas comme ça, pas du tout. Adorable qu'elle est. En plus elle se sait se servir de gougueule, alors ne prenons pas de risque...
Bref pour les autres que moi, dès fois c'est pas de chance, rapport à cet instinct maternel qui nous les brise menu, surtout quand le répondeur se déclenche à la maison avec un long message concernant le sirop qu'il faut ajouter au suppositoire au moment même où Pamela, la jeune stagiaire affriolante vous autorise à lui enlever son chemisier beaucoup trop serré et pfiou avec cette chaleur c'est pas possible.

Bon, et ben moi j'ai justement choisi mon amour-rugueux pour sa capacité à ne pas me materner (sauf quand je suis balade, mais là c'est pas du jeu). J'aime bien qu'on me pousse, qu'on me maltraite, qu'on me malmène, oh oui, oh oui. Bah, et puis quand ça se passe comme ça on est plus inventif, créatif. le fameux truc de travailler sous pression, vous voyez ? Oui, oui, je parle bien de cette méthode scientifique que vous avez appliqué pendant vos études, genre je fais mon rapport de stage la veille au soir ou bien je révise mes contrôles dans les transports. Bon ben dans la vie ça marche comme ça. En tout cas pour moi. Quand je fais la buse, je n'écris rien. Quand je suis à la bourre, ça marche. La preuve c'est que n'ai plus rien écrit sur mon bloug depuis je sais pas combien de mois et là paf, il suffit de me faire un enfant dans le dos et floush je te fais un blog sur mes angoisses et tout ça. Incroyable. Qu'est ce que je racontais déjà avant de tartiner sur ma vie inintéressante ?

Ah oui donc l'instinct maternel. Mon amour-allez-bouge-toi en manque complètement, à part quand y'a des bébés (d'où le rapport avec le truc de Sigmund qu'elle m'a fait) qui sont tellement mignons avec leurs petites mains et leurs grand yeux - et si on achetait plutôt un chaton - non un bébé - bon va pour le bébé alors. Mais c'est en train de changer. Une autre preuve de sa grossesse et de la réalité de Sigmund.
La petite cousine - 19 ans quand même- de mon amour-oooh-regarde-ses-petites-mains-potelées est restée chez nous pour une semaine de vacances parisiennes. On lui a fait le coup de la vie parisienne pendant ce temps. Sympa. Cool. Elle s'est baladé, piercing au vent, et épaules roulantes. Ah oui parce qu'elle est plutôt costaud, voyez. Gentille, mais costaud. pas le genre petit chaton en peluche à grandes mirettes. Pas du tout.

Hé bien voyez-vous, sur le quai du TGV qui la ramenait vers son Roussillon natal, voilà-t-y pas mon amour-en-guimauve qui se met à courir tout à coup le long du wagon, éperdue. Est-ce qu'elle est bien installée ? Est-ce qu'elle a pu poser son sac ? Est-ce qu'elle est dans le sens de la marche ? Est-ce qu'elle a bien pris son mercalm pour le vomi ? Et que je tapote sur la vitre pour attirer son attention, et que je colle les deux mains sur la fenêtre pour essayer d'apercevoir la petite (dixit) dans le wagon, et que je tourne en rond sur ce quai qui n'en peut mais.
Et moi qui la regarde, légèrement stressé d'un coup d'un seul. Ah oui la vache, ça commence tôt.
ET pourquoi je suis pas dans cet état-là, moi aussi ?