La semaine dernière on a fait une expérience vraiment bizarre que je suis sûr de la vie que personne il a jamais faite. On avait nos deux petits neveux à la maison (trois et six ans) et comme tous les sales adorables gamins de cet age, ils courraient partout comme des dingues dans l'appartement en tapant le plus fort possible sur la plancher, en hurlant un maximum d'imprécations sordides et en déplaçant un volume d'air maximum. Je les aime quand même pas mal beaucoup, notez bien, surtout pasqu'ils m'écoutent religieusement jouer de la guitare et de l'harmonica, et qu'ils en redemandent. Bref, y sont mignons tout plein. Evidemment, j'en ai profité pour tester un certain nombre de postulats éducatifs, et j'ai renforcé ma conviction qu'une bonne minute de tarte dans la gueule vaut mieux qu'une longue demi-heure de tergiversations. Mais c'est un autre problème. Ouais, pasque là, les gamins y couraient comme des demeurés et d'un coup on a allumé la télé et pouf : plus immobiles que des statues sur le divan les deux morpions. A croire que la télé leur avait volé leur anima.

Du coup je me suis posé la question de la télé pour Sigmund. A voir les deux petits légumes qu'on avait en face de l'écran chatoyant des aventures d'un chat et de trois gros cafards (j'invente rien, c'est juste après les cités d'or sur Gulli), ben je me dis que la télé est un espèce de valium pour enfant. Et que c'est sans doute pas très bon, comme pas mal de médicaments (je me suis laissé dire qu'un quart de cachet de valium dans le biberon d'un nourrisson bruyant pouvait fortement réduire le stress des parents, ah ah ah je blague, prenez pas ça au sérieux après je vais avoir des problèmes avec la ddass, déjà qu'ils me surveillent à cause de ce bloug). D'un autre coté, on s'en ait mangé de la télé quand on était petit, et ça nous a pas empêché de réussir brillamment dans nos études de croque-mort et de trapéziste. Non, par exemple, je veux dire, moi j'adore les documentaires animaliers, et par exemple je sais tout des bébés ragondins, comment ils jouent à se mordiller pour apprendre à se défendre, comment la maman ragondin leur jette de l'eau pour les habituer, comment ils trottinent pour découvrir leur environnement, tout ça. Et c'est grâce à la télé que j'ai découvert le monde fascinant des bébés ragondins.

En plus on peut pas vraiment prévoir à l'avance ce que seront les émissions quand Sigmund sera en âge de les regarder. Ca sera sans doute vachement incroyable, après les émissions à la télé n'ont fait que suivre des courbes de qualité croissante, regardez, avant on avait Champs-Elysées et maintenant on a la Star-Académy, ou bien avant on avait Stade 2 et maintenant on a Stade 2. Non. Mauvais exemples. Chais pas moi, mais maintenant y'a dix fois plus de trucs rigolos. Par exemple dans dix ans je suis sûr que les documentaires animaliers y seront encore plus mieux bien que celui que je viens de regarder maintenant sur les bébés zèbres, comment ils jouent à se mordiller la crinière pour apprendre à se défendre, comment la maman ragondin zèbre leur jette de l'eau pour les habituer à boire les pattes écartées, comment ils trottinent pour découvrir leur environnement, et à la fin y'a un lion qui mange Zoola, le gentil bébé zèbre.

En plus, c'est à peu près certain que Sigmund ne regardera plus la télé sur le bête écran cathodique de ses parents, mais directement sur les écrans portables de son téléphone ou je ne sais quoi qui aura remplacé d'ici là ces horripilantes petites machines vibrantes et sonnantes et péniblantes. Oh non, Sigmund aura a sa disposition bien d'autres moyens d'accéder aux émissions qui lui plairont, de trouver l'information rigolote sur la manière de faire des bébés (le premier sujet de recherche quand même, faut pas l'oublier), et d'en apprendre tant et plus sur la vie incroyable des bébés rat des palmiers. savez-vous que le bébé rat du palmier mordille ses congénères pour apprendre à se défendre des prédateurs, que la maman rat du palmier les arrose de lait de coco pour les habituer à boire quand il faut trop chaud, et que les bébés rat de palmier explorent en groupe leur environnement pour trouver des durians biens mûrs ? Incroyable. Et ben y'a gros à parier que Sigmund découvrira tout ça tranquillos allongé sur son pieu. La technologie n'a plus de limites, je trouve. Sauf quand on débranche la prise.

Bon c'est pas tout ça, hein, mais comme je suis encore en vacances je vais me mater peinard une bonne émission de télé.
Sur les bébés humains, tiens.