Ben ouais, je l'ai fait. Et pas pour céder à l'intimidation du gars de la maternité qui broie les bonbonnes d'oxygène à mains nues, non. Mais pasque bon, le pauvre Sigmund démarrant dans la vie sans père, ben ça m'a pas trop paru possible. C'est pas mon genre, genre. Bon, ça veut pas dire que je renonce à mon inscription au CEFPEC, hein ? Mais juste que j'abandonnerais légalement Sigmund en cas de besoin. Bon voilà, donc on est allé à la mairie pour que je signe une reconnaissance de paternité ; oui bon pasque mon amour-à-bidon-planitrogyre et moi ben on est pas mariés, juste on est des concubins que si tu découpes les syllabes c'est pas joli. On vit dans le péché quoi, comme dirait ma grand-mère (pas la grand-mère à Sigmund, hein, qui elle s'en tape comme de sa première paire d'aiguilles à tricoter qu'on soit concubins et pas mariés).

Donc on s'est pointé à la mairie, au bureau de l'état civil, tout ça bien, c'est drôlement rigolo les mairies de paris, c'est des vieux immeubles super beaux dehors et dedans il s'ingénient toujours à faire les trucs les plus moches possibles par exemple nous ben là c'était des sièges en fil de fer dur dur dur qui étaient vissés dans le mur. Ca paraît anodin, mais comme tu poireautes un moment dedans, à la fin non seulement t'as mal aux fesses mais comme t'as pas de pied sous le siège ben ça bouge et t'as aussi mal au coeur. Ca la foutait un peu mal, pour une fois que je faisais une démarche officielle, j'étais tout vert, bref, pas glorieux. Mais bon. Donc au bout d'un moment on nous appelle, on était le numéro quatre mille sept cent quatre vingt trois, et on nous guide dans un petit box avec une dame accorte qui nous dit moui c'est pourquoi. Mais gentiment, hein. Sympa. Pas revêche pour un sou, et puis sans crier, franchement ça nous change de l'hôpital.

Donc là on lui explique pour Sigmund, tout ça, première surprise elle nous dit rien pour l'histoire de vivre dans le péché, sympa, et on lui sort nos passeports pour les histoires d'identité qu'il faut prouver, et puis aussi ma carte fréquence plus, mais là deuxième surprise et ben les bébés ça te rapporte même pas des miles. Moi j'étais un peu vénère pasque je comptais là-dessus pour mon histoire de billet d'avion pour le Guatémala, j'ai failli dire allez viens on s'en va, laissons tomber cette histoire de bébé (c'est vrai quoi, même pas cinq cent malheureux miles) mais mon amour-à-bidon-transplanétaire m'a fait le regard et bon j'ai plus moufté. J'ai décliné mon état civil prénom : Papa, Luc, Robert, nom : de Sigmund (ouais parfaitement, un nom à particule si je veux), né "oulala comme le temps passe" dans un très joli endroit ousque les fruits y sont super bons (pas le genre durian si vous voyez ce que je veux dire).



Bon en tout cas, voilà. Vous avez la preuve que j'ai reconnu Sigmund, et faut pas croire, j'ai à peine trafiqué les noms pour préserver notre anonymat. En tout cas c'est un poil bizarre maintenant, j'ai l'impression que y' a des tas de gars qui me surveillent pour être sûr que je suis un bon père maintenant. Quand je vais me faire gauler pour le bloug si ca se trouve y vont me casser les doigts "tiens connard pour t'apprendre à écrire des immondices sur ton futur enfant ;t'apprendras à changer des couches avec les dents, ça te fera les pieds". Franchement je fais le mariolle avec des gars qui me surveilleraient mais le contrôle social et ben c'est presque la même chose. ouais, ouais, ouais j'me comprends, faut pas déconner, le truc avec les bébés là c'est quand même vachement contrôlé. Si tu brailles dans la rue l'intégrale de Dirty Dancing on te prend pour un doux illuminé (bon, d'accord, si tu danses en plus ben t'as droit à ta camisole) mais par contre si tu fais le moindre truc rigolo avec un bébé (genre jongler avec trois bébés enflammés) ben là t'as tout de suite la dass, les flics et tutti quanti sur le dos. Ca rigole pas avec les bébés. Et tout ça est bien encadré, bien cliché, achtung pas mélanger les rôles. Je veux dire, à la maternité lors de la fameuse réunion, la sage-femme elle a prononcé le mot papa pour la première fois au bout de trois quarts d'heure pour rappeller que le papa il devait s'entraîner à fixer le siège auto avant de venir chercher sa moitié et son rejeton. Lamentable.

Comme le dit une blogueuse connue pour être particulièrement enceinte, quand est-ce qu'on passe à la parentalité bordel (je cite de mémoire). Pasque la paternité vue par notre société, et ben elle m'a pas l'air très aboutie. Limite rancie, avec des festons modernistes pour faire passer la merde au chat par dessus. Et après on s'étonne qu'il y ait des CEFPEC. Mais bon. Notre prochain président va changer tout ça, je suis sûr.
Et si en plus il pouvait filer cinq cents miles pour chaque reconnaissance , ce serait nickel.