Ouais bon, c'est bien joli les conneries blagues sur Rahan, les âges farouches et les prises électriques mais en fait ça va pas du tout. Pas du tout, pas du tout. Ouais pasque bon depuis une semaine mon amour-à-bidon-arrondi est arrêtée (dans son travail, je veux dire, hein, pas par la police, on en est pas encore à revendre des caddies(r) à des ferrailleurs pour financer l'aménagement de la chambre) à cause de son bidon qui se contracte. C'est marrant un bidon qui se contracte, au début il est tout mou, puis il gonfle et devient dur comme un casque de moto. Et en fait c'est pas marrant pasque dans le même temps mon amour-pauvre-princesse blêmit faut voir comme rapport que ça lui fait un peu mal la contraction. Pour le coup on dirait qu'elle vient de l'avaler le casque de moto.

Donc lundi dernier, elle s'est retrouvé aux urgences de l'hôpital. bah maintenant on connaît la chanson, faut pas nous la faire, l'hôpital on connaît les trucs hein. Moi j'étais pas là, tout minable emmouscaillé dans mon travail qui me lâchait pas, pendu comme un con à mon téléphone, moi qui déteste ces trucs (oui, pasque parlez-moi d'un bon coutelas et là, je comprends le fonctionnement, tchac tchac, je te le dépèce le cuissot, mais un téléphone portable j'y arrive pas, je l'oublie, je ne le recharge pas, bonjour le fils des âges numériques). Le passage aux urgences, bon ça allait. C'est pas comme dans Urgences, hein, mon amour-à-bidon-casqué y est resté trois heures pour en ressortir avec un arrêt de travail, une obligation de rester allongée, un sermon, une facture commak et un petit mot pour moi qui me prévenait qui si je ne faisais pas ma reconnaissance en paternité illico presto, le grand type se déplacerait pour venir me casser l'autre rotule.

Bon. Moi qui me plaignait que rien ne se passe pendant cette grossesse, je vais finir me convertir et par rejoindre les rangs des grands adorateurs de la scoumoune et du porte-poisse réunis. Ayaye, j'ai dit qu'on s'emmerdait et paf vengeance divine, voilà le dieu Utérus qui se fâche. Et que je trépigne, et que je me tords, et que je mets en boule bien dure. [...] Comment ça, vous connaissez pas le dieu Utérus ? Ben quoi. Tout le panthéon des dieux de la grossesse ? Ben. Faut vous renseigner, les gars. Le dieu Utérus, dont on craint les orages, le dieu des (pertes d') eaux Panikabord, Patédkampagn' le dieu des envies, Batman le dieu des échographies, etc, etc... Ben moi vous voyez, tout apostat que je soye, ben maintenant je m'ai fait un petit autel dans la maison et tous les jours je prie le dieu Utérus de ne pas se réveiller. Voilà. C'est dit. Photo de l'autel si on me la demande. Sachez-le, les internes (ou les externes, je me rappelle jamais trop bien) de gynécologie sont les officiants du culte, et seuls eux sont habilités à délivrer le Spasfon sacré. Amen.

On en est là. Mon amour-allongée-sur-le-lit qui ronge son frein, la couette, l'oreiller, les livres et tout ce qui passe à sa portée, elle qui d'habitude n'arrête pas de vaquer et de zinzinnabuler dans la maison. Mon amour si tu me lis, courage. Tout va bien, tout est normal, j'en suis sûr.
Oui pasque le vrai problème, c'est que Sigmund bouge tout le temps comme un fou, maintenant. Avant, il ne daignait pas nous adresser le moindre soubresaut, une vraie feignasse comme son père. Et maintenant, un danseur de rumba qui se déhanche en permanence. On sait pas ce qui se passe, on est inquiet. Et si notre enfant ressemblait à Tito Puente avec des chemises à jabot et des longues manches pleines de dentelles, maracas, tchica-tchica ? Franchement tout ça me fout les boules. Je vais augmenter la dose de médicaments. En plus, je crois que nos vacances de février sont foutues. C'est con, on avait prévu du surf hors-piste avec larguage par hélicoptère. Pffff.

Attendons les résultats des prochains examens.