C'est un peu fatiguant toutes ces félicitations légèrement prématurées.

Non c'est vrai quoi. Je vois pas pourquoi on nous félicite. y'a sans doute une bonne raison mais laquelle ? Ca loupe pas en tout cas, dès que j'annonce le polichinelle dans le tiroir, pardon, la venue de Sigmund, pouf et que je te mouline du félicitations grand comme le bras, et que je te demande des détails, et des dates et quand c'est que vous l'avez conçu, etc.
Ouais c'est ça en fait. C'est presque comme si on te félicitait pour ta partie de jambes en l'air. Parce qu'après tout c'est à peu près la seule chose qu'on ait faite pour le fabriquer ce bébé, à part peut-être un calendrier super interactif pour savoir les bons jours (ceux où l'ovule fraîche et dispose se pavane dans les trompes de Fallope -fallope ! oups, pardon- à la disposition des millions de spermatozoïdes anxieux de bien réussir leur prime sous peine d'être éliminés, je vous le dit une fécondation c'est presque comme la starac).

Ouais, on a pratiquement rien fait, mais à chaque félicitation c'est comme si un présentateur sportif se mettait à nous crier dans les oreilles (genre cochonnet hystérique sur la 2, celui qui commente les courses) : Hé oui mesdames et messieurs magnifique figure libre du futur papa de Sigmund qui vient de placer une double clé aux jambes ce qui permet de voir très nettement la profondeur de la pénétration, oui, oui, c'est très bon pour la fécondation, oui, nous sommes peut-être sur la lancée pour une date historique, oui, c'est beau, c'est très beau, la cadence s'accélère, c'est parfait, attention à la sortie de piste, oholaaala, faut mettre des crampons, beau rétablissement du bout du nichon, ah oui je crois qu'on a une combinaison gagnante là, attention c'est vraiment le jour, oui, oui, quelle magnifique montée en puissance, ohlalala, c'est bien , c'est beau, quel spectacle, je crois que le sprint final s'amorce, oui c'est ça, encore, c'est bien, on est sur les base du record du monde, si ça nous fait pas un bébé, ça, oui c'est ça, ça y est, c'est l'orgasme, ouiiiiii, bravo, but, record du monde, record battu, ça y est, c'est la bonne, c'est sûr, on attends la confirmation officielle, quel grand moment mesdames et messieurs, un grand moment de sport en direct, ah non tiens, pas en direct, oui vraiment, félicitations !

Et encore je vous épargne la version anglaise avec l'autre insupportable, là, qui ne laisse personne en placer une : well, a great moment,this triple lutz with the dick, splendid, and now i am watching a lovely pair of balls balancing in a very charming way upon this recently feconded girl, warm greetings for your performance. Bref, là au moins j'aurais compris, juste avant de leur foutre mon poing dans la gueule (keskifoutraient dans ma chambre, d'abord ?). Mais non. On a les félicitations maintenant. Entre la naissance et la conception. Quasiment pour rien, pour ainsi dire. Attendez au moins qu'on l'ait pondu, le Sigmund. Qu'on voit si y'a de quoi féliciter, s'il n'a pas trop la tête de Sartre qui aurait percuté un trente tonnes (en encore, ce serait la faute à la génétique).

Ou alors, attendez vingt ans ! Qu'on voit si on est arrivé à en faire une femme ou un homme à peu près droit dans ses bottes (c'est à dire qui n'adhère pas à l'ump), capable de s'exprimer autrement qu'en phonétique, ayant lu au moins un Verne et un Zola avec plaisir, préférant la bouffe à l'ascèse et les culottes aux bénitiers et là oui, à ce moment là, vous pourrez nous féliciter. Et là probablement je vous raconterai sa conception et ce fameux triple lutz piqué sur la bite (ma spécialité).

Ouais c'est bien ça. Faisons comme ça, d'accord ?