C'est pas possible cette grossesse. On s'ennuie. Il ne se passe rien. Je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus spectaculaire que ça, franchement.
Neuf mois, c'est long, mais en même temps c'est très court ; depuis que je travaille les semaines passent comme mes jours d'étudiant. A peine les cinq chemises repassées qu'il faut déjà les laver, si vous voyez le genre. Donc neuf mois, c'est quand même pas très long. Et puis la rengaine habituelle sur les gosses "c'est fou comme il grandit vite", je l'ai déjà entendue tellement de fois que je m'attendais à passer ces neuf mois de grossesse dans une apocalypse technicolor d'angoisses, de courses effrénées, d'alertes inopinées et de médicalisation intense.

Ben non, pas du tout. La vie suit son cours. Youhou ? Les trucs spectaculaires, vous êtes là ? Ben non, on n'est pas là. On n'existe pas. Et moi qui m'attendais à un remake de l'exorciste revu par Laurence Pernoud. Avec des gerbes de matières organiques, des cris, des sanglots, des fraises ramenées de Rungis à pied à trois heures du matin (alors que là j'ai juste acheté du pâté au casino en bas, je vous jure), tout le saint frusquin des films à la télé, de ces séries crétines où la grossesse passe en un demi-heure et laisse l'héroïne le teint frais comme une rose fraise (alors qu'en vrai elle doit ressembler plutôt à une tranche de pâté).

Pour peu, je reviendrais à ma théorie initiale du complot. Mais bon. Après mon cauchemar d'hier, je n'ai plus de doute sur ma future paternité. Je me console (du morne déroulement actuel de cette grossesse, pas de ma future paternité, je précise) en me disant que tout s'accélère sans doute ensuite. Et avec encore moins de doute après la naissance. Oui mais je serai parti au Brésil, donc je n'en saurai rien, donc c'est maintenant que j'aurais voulu vivre un peu du truc sportif. Allez, quoi, mince, il ne peut pas se passer un tout ch'ti truc ?

En même temps, je crois que je fais une boulette, là. Justement, pendant les premiers mois, il faut qu'il ne se passe rien, rapport aux f...-c... (c'est le mot que l'on a pas le droit de dire sous peine d'attirer le malheur, ayaa, tu l'as pensé ça va arriver, ayaa). Bon je vais dire faux-cul, les lettres de début dont les mêmes, d'accord ?
Bon, hé bien la crainte des faux-culs nous paralyse, ça doit être pour ça que le sujet est plus ou moins occulté en ce moment. Ce faux-cul de gynéco (attention, c'est pour de vrai là) a dit à mon amour-en-pleine-maturité-sensuelle que quand on était vieille le risque était plus grand. Quel tact et quelle délicatesse. Batman de mes deux, va.
Donc il me l'a toute traumatisée, elle pleure dès fois le matin quand elle se réveille (ou alors c'est à cause des crampes au mollet, va savoir avec les filles). Bon voilà quoi, c'est pour dire qu'on en est pas encore à choisir le prénom. Ayaa ! Ca porte malheur aussi ! J'te jure, c'est pas possible la superstition autour de la grossesse, on va finir avec des gousses d'ail autour du cou pour réussir à passer le cap des trois mois.
Bon je vais profiter de la fête des morts (ayaaa !) pour potasser un peu. Dès fois qu'un truc arriverait.