Parmi les raisons qui vous poussent à faire un gamin, enfin à concevoir l'idée d'un gamin pasque bon le faire c'est pas vraiment l'idée de le faire qui nous traverse l'esprit, sur le coup, pour nous les hommes, faut le dire, mais plutôt l'idée d'en tirer un bon, mais bref, donc je disais dans les trucs qui nous pousseraient à faire un gamin quand on y réfléchit, oh de manière purement théorique, hein, genre si j'avais un fils/une fille ben voilà ce que je ferai, donc ouais y'a les trucs qu'on aimerait partager avec lui. Bon d'accord on y pense quand on est saoûls ou qu'on a du vague à l'âme pasqu'on est tout seul à cause de cette foutu ligne adsl qui marche et pour meetic c'est niqué c'est pas ce soir qu'on va chopper. Ouais bon donc c'est quand on n'a rien d'autre à penser par exemple, qu'il y a pas de foot à la télé ou que Turbo est fini, ou bien je sais pas, qu'on a fini de potasser les dépliants sur le Guatémala, bref, on s'emmerde comme un ragondin (pas comme un bébé ragondin, hein, eux y ont une vie super rigolote) et on imagine des trucs.

Bien sûr, ces brefs instants de bonheur imaginaires s'effacent immédiatement devant la montagne d'emmerdes parfaitement réalistes, elles, qui s'affichent devant nos rétines soudainement saturées, les petites et grosses contraintes, la responsabilité, l'engagement, le boulet, les chaînes de la vie tout ça, qu'il y a de quoi te rendre neurasthénique qu'heureusement Internet est revenu n'y pense plus mon gars il est encore temps de sauver ta peau, ce soir c'est grognasse sur meetic ou pizza quatre-fromages-chorizo-salami supplément oeuf et viande haché devant un bon match de boule ou bien un film de foot, faut voir. Donc, souvent, les bonheurs fugaces à peine entrevus ne pèsent pas bien lourd devant l'horrible réalité des faits. Mais bon quand t'es coincé grâce aux manoeuvres particulièrement retorses de la femme de ta vie pour qui avoir un bébé c'est un peu l'équivalent technicolor de la pizza double-pepperoni saucisse piquante poivrons merguez double fromage plus mozzarella, ben la réalité cruelle tu te la prends dans la face sans rien dire, et tu essaies de penser très fort aux dix petits moments de bonheur qui arriveront forcément un jour ou l'autre dans les dix prochaines années.

Ben moi parmi ces trucs y'a la pâtisserie. Sans rigoler, je me vois bien avec Sigmund en train de faire de la pâtisserie. Pasque j'aime bien ça, et que c'est rigolo d'en foutre partout, et qu'à la fin tu manges des petits délices que t'as fait toi-même. Bon je sais que la pâtisserie ça n'a qu'un temps, trop petits les gamins ils ne sont qu'à te foutre de la farine plein la cuisine (mais moi aussi j'aime ça, et et je trouve que si la cuisine n'est pas maculée à la fin ben j'ai pas réussi ma recette) et quand ils sont trop grands ben franchement faire de la cuisine avec les parents, trop relou. Mais va bien y'avoir quelques années où il va aimer ça, non ? Des années où je vais pouvoir lui mettre les doigts dans le beurre fondu, le nez dans la pâte de pistache, lui faire presser des citrons et hacher de la cardamome et façonner des fonds pour faire par exemple notre goûter de cet après-midi :



d'après une recette de Charline que j'espère une fois croiser dans le restaurant indien où nous avons choisi les vrais prénoms de Sigmund. Et oui, pasque c'est bien à Sigmund que je pensais en faisant ces petites tartes. Moutard, tarte, l'association me semblait bien choisie. En tout cas on a fait des tartelettes pistache-citron-cardamome aujourd'hui, en l'honneur de Sigmund-le-bientôt-là. On a fait des gaufres aussi, mais c'est une autre histoire.

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Naissance de Sigmund-le-bébé-en pâte-à-chou prévue dans 8 jours.