En ce moment avec mon amour-à-bidon-bondissant, on se fait des films. Des vrais films je veux dire, pas genre on se fait peur en imaginant que Sigmund va débouler au débotté, tiens paf, par exemple pendant que je suis comme un couillon au bureau en train de rédiger ce billet. Non, non des vrais films amateurs avec Sigmund en premier rôle rigolo de bébé qui bouge. Ben ouais. Ah ça, bien sûr, c'est pas du Fellini, et puis comme les suppositoires (vous savez par quel bout on les met ? Quand je pense que je me suis trompé de sens pendant trente-cinq ans) c'est vraiment à usage interne.

Ben ouais, pasque ça nous fait marrer comme des bossus de voir les ondulations provoquées par Sigmund sur le bidon de sa môman. Non, sans blaguer, c'est vraiment cromeugnon, limite fascinant. On essaie d'imaginer ce qu'il peut bien fabriquer et la cause de son agitation. Par exemple quand ça bouge rythmiquement, c'est qu'il a le hoquet. Quand il donne des coups répétés de haut en bas, c'est qu'il s'étire après une contraction. Quand il tape sur la paroi du ventre en gueulant "Nân mais ho, ça va pas la tête" c'est que mon amour-à-bidon-orbital a mis son disque de Abba beaucoup trop fort.

Donc on fait des petits films avec les moyens du bord, c'est à dire avec un petit appareil photo numérique, c'est pas une steadycam, ça bouge un max quand on rigole, mais bon. Et pis y'a pas d'effets spéciaux ni tout ça, hein. J'aurais peut-être du ajouter de la musique pleine de cuivres et quelques combats de l'espace vu la nature véritable de Sigmund, mais bon (vous vous rappelez que Sigmund c'est un chevalier Jedi, hein ?). Ouais, j'aurais peut-être du ajouter quelques combats au sabre laser, ou chais pas quoi. Remarque, avec la coupe de cheveux que je me paye, je peux facilement passer pour le wookie, en plus depuis dimanche soir je parle uniquement en grognant, on s'y croirait. Mais bon ça va pas durer, vu que je vais voir mon coiffeur du front national demain (oui, j'ai un coiffeur qui adhère aux thèses du borgne, ça me fait toujours du bien de me confronter à la réalité concrète d'un partisan du, je cite, "renvoi des mal-blanchis dans leurs pays respectifs". ). Je me demande ce qu'il a pensé de la soirée de dimanche, lui. Mais bon, bref.

Donc du coup on se prend pour Georges Lucas et George Romero réunis (forcément, y 'a un coté gore qui n'échappe à personne, j'espère). On te fait de ces plans-séquences remontée du bidon pour suivre la trace de Sigmund qui déchirent leur race, c'est vrai quoi. Je te fais un de ces commentaires en direct, on dirait du documentaire géographique. Hé oui, nous sommes donc en direct en survol libre du bidon où nous pouvons découvrir actuellement toute une topographie changeante, car comme les plissements hercyniens qui déterminent de fortes ondulations de la couche terrestre, le beau Sigmund provoque actuellement une monté plissatoire qui n'est pas sans rappeler la collision continentale responsable du surgissement des himalayas... Ou alors genre animalier, et voici que le jeune Sigmund, tout épris de sa nouvelle liberté, et fermement décidé à remettre sa tête vers le haut, entreprend un retournement périlleux qui ne va le mener nulle part. Car la force musculaire nécessaire à la détente des parois de l'utérus maternel est trop grande, et le frêle bambin ne maîtrise pas suffisamment la force pour nous la jouer Obi Wan Kenobi...

Bon, voilà, on s'amuse bien quoi. Bon évidemment, je ne nie pas qu'on dérape parfois une peu. Que le réalisateur de documentaire animalier qui n'a jamais jeté un innocent bébé zèbre en pâture à un lion affamé me jette la première pierre. Des fois, on remue un peu le bidon de mon amour-à-bidon pour que Sigmund gigote de façon plus télégénique. Bah, c'est pas la mer à boire, hein, mais y doit se demander ce qui se passe. Et puis je peux pas passer Abba tout le temps dans la maison, quand même. C'est pas très grave, hein, on n'est pas des parents indignes de s'amuser comme ça avec notre futur nouveau-né. L'essentiel, c'est qu'on puisse ajouter à la fin du film : "aucun bébé n'a été blessé pendant ce tournage".