Non, non, je vais pas vous parler de la super poussette de la mort à roulette qu'on a acheté pour Sigmund, mais du Docteur Moreau. Enfin bon c'est de la métaphore, hein. Je fais partie des gens que le docteur Moreau a traumatisé. Enfin, pas lui personnellement. Ca serait difficile. Non, c'est plutôt le concept du Docteur Moreau. Ah la la, voilà déjà que je m'embrouille. J'ai plus tous mes neurones, c'est pas possible. Et pourtant j'en ai pas donné la moitié à Sigmund, moi, comme mon amour-à-bidon-tendu-comme-un-tambour qui débloque à fond la caisse en ce moment (oui, c'est une théorie que j'ai, j'ai l'impression que le bébé capture la moitié des neurones de la maman, pendant la grossesse, y doivent passer par le cordon ombilical. J'explique pas autrement le comportement bizarre de mon amour-à-coté-de-ses-pompes). Ouais donc le Docteur Moreau. En fait, c'était juste pour faire un joli titre. Enfin quand même y'a un rapport. Bon c'est fini d'ergoter, oui ? Donc voilà le truc.

Les parents parfaits, tout le monde en a vu. Mais ouais, bien sûr, vous voyez ce que je veux dire, les parents parfaits. Genre les mioches bien rangés, les jouets bien lavés. L'éducation parfaite. Toujours la bonne méthode à la bouche pour vous l'asséner définitivement. Genre "Ah quand vous aurez Sigmund, voilà les trois-mille cinq cent quatre vingt sept règles à respecter absolument, passons-les en revue ensemble si vous le voulez bien". Ben ouais pasque eux forcément ils les appliquent et leurs moutards sont parfaits, extras, gentils, sans poux, sans tics, sans cris, sans pleurs et sans reproches (désolé). Bon à la limite ils acceptent de reconnaître que leur petit Alphonse préfère torturer son ours en peluche en le tartinant d'excrément que regarder les aventures de Pom le poney, mais sinon tout va bien. Oui, oui, tout va bien, car ils suivent à la lettre les préceptes d'un éducation saine telle que définie dans les pages "Astro-bricolage-éducation" de Famili (bon dieu, que je déteste ce magazine. Ou alors c'est Neuf mois ? Chais plus, je le lis aux gogues pour m'aider).

Et pourquoi on n'aurait pas droit aux expérimentations sur les gamins, hein ?
On le fait bien dans tous les autres domaines, pourquoi on n'aurait pas droit de tâtonner un peu et surtout de se fendre la banane avec le bébé-Sigmund (à condition de pas lui fendre le citron, bien sûr) ? A entendre les parents parfaits, élever un môme c'est encore plus chiant que de passer son permis (tiens ça me rappelle qu'à 17 ans, lorsque j'ai quitté ma province bien décidé à empoigner la vie j'ai passé mon code, sur la photo classique où on voit une poussette engagée sur un passage clouté, j'avais répondu "Je fonce" au lieu de "Je m'arrête". Comme le temps nous change, hein ? Maintenant je répondrais "Je m'arrête pour regarder la marque de la poussette et savoir si elle est pratique". Bref). Ouais c'est vrai, on a des boulots où on essaye des trucs, des loisirs où on essaye des trucs, des nouvelles positions qu'on essaye tout le temps (très bon reportage dans le dernier "Neuf mois" sur Dix-huit positions au lit avec un gros bidon), des jouets pour adultes (genre la nouvelle Wii ou le dernier téléphone portable), une vie sociale où l'on essaye sans arrêt des nouveaux trucs ("Et si on invitait les Duschnock du boulot à manger un soir ? Ah non tu rigoles vous allez encore parler boulot toute la soirée, c'est mortel. Quoi c'est pas ma faute si je travaille dans les Pompes Funèbres". "Et si je votais à droite cette fois ? Hein ? Comment ça, plus de sexe pendant cinq ans ?"), on essaye tous ces trucs, alors pourquoi pas on n'essayerait pas des trucs sur les bébés, hein ?

Oui mais quoi ? Ben chais pas moi, des trucs. Essayer de lui apprendre à bricoler des prises à cinq mois...ok j'arrête avec les prises. Sérieusement. Essayer de lui inculquer des trucs différents du Kevin tout-venant qui connaît la liste complète des participants à la nouvelle-académy. Et encore ça c'est pour après, quand il va s'intéresser au monde extérieur, mais avant, rien que sur la manière dont on s'en occupe, on peut tenter des tas de machins, non ? Bricoler des méthodes expérimentales pour la vie de tous les jours. Foutre en l'air les poncifs que l'on nous répète en se disant que le bébé, c'est fait pour ça, réussira bien à s'adapter. Non ? C'est pas possible ? Je me leurre ? Ben chais pas. Déjà on se dit qu'on va nettement plus improviser que ce qu'on avait prévu, pasque les parents qui ont tout bon avant la naissance dans le moindre détail, franchement, ben franchement. Déjà le caddie(r) ça a foiré, on acheté une poussette à la place. Je suis très déçu. Moi je dis halte au conformisme. On va faire au fil de l'eau. Sans écouter les conseilleurs. Nos parents (les grands parents de Sigmund) ont bien fait ça, et ça a donné deux garçons exceptionnellement intelligents (même s'ils portent le collier des dents de tigre et le slip en peau de Rahan).

Bon voilà, on va faire les Docteur Moreau de l'éducation de bébé-Sigmund. Des trucs rigolos y'en a plein.. On va se marrer je sens. Dans vingt ans Sigmund nous remerciera (je vais lui garder ce blog dans un coin). Il clamera à la face du monde ébahi son amour du genre et la qualité de la non-éducation qu'il aura reçu. Il brandira un poing vengeur (armé d'un couteau de rahan) pour réclamer sa part de la grande gaufre du monde. Ah ouais en vérité je vous le dit, on va bien se marrer. Laissons tomber la chambre d'enfant gnan-gnan avec des dizaines de peluches et des murs couleurs pastel. Du blanc, du design, une carte de la terre-de-feu. Des objets simples et utiles, par exemple une console de jeu (ah non, on me dit dans l'oreillette que la console de jeu ça va pas être possible, mais que c'était bien tenté). Non, vraiment, réfléchissons à un autre monde pour Sigmund qui ne soit pas le reflet de cette enfance formatée et simplificatrice que l'on nous propose à longueur de catalogue en papier glacée. Inventons, bordel !
Mais pourquoi je m'énerve, moi ? Je dois avoir l'incisure protodiastolique qui déconne.
C'est la faute au Docteur Moreau.