C'est le Tonton de Sigmund qui a trouvé le truc. A cause du tricot de la Grand-mère de Sigmund, qui est jaune. Pas la grand-mère, le tricot. Enfin, si, l'autre grand-mère est jaune, mais c'est pas elle qui fait le tricot. Enfin si, elle fait du tricot aussi, mais pas jaune. Dans la famille, on aime bien le mélange jaune-blanc, c'est notre coté du Pastis en quelque sorte. Donc une grand-mère jaune qui fait du tricot blanc, une grand-mère blanche qui fait du tricot jaune. Oui je sais c'est pas super clair. En plus mon amour-à-bidon-de-travers-ça-dépend-de-Sigmund fait un tricot bicolore taupe-blanc, super compliqué. Mais top. Et taupe. Du tricot. Et je parle même pas des concours de chaussons. Après le concours sur le modèle, la forme, les semelles doublées, les bouts carrés, vlà que maintenant y'a concours sur la taille, j'espère que Sigmund chausse du 44 comme son père, sinon c'est foutu. Pas grave, je les mettrais. J'ai toujours eu envie de mettre des chaussons en laine jaune. Ouais, ouais. C'est dingue complètement cette histoire de tricot. Vous comprenez rien ? C'est toujours pas clair ? Ben c'est la faute au tricot. Le tricot est à la grossesse ce que la gaufre est à un bon dimanche après-midi : un point de passage indispensable.

Ouais, pasque je veux bien que la spécialisation sexuelle soit purement culturelle et acquise, peut-être ouais d'accord. Mais bon pour le tricotage ça m'a l'air d'être complètement génétique quand même. Je suis sûr que le gêne du tricot est porté par le chromosome X et qu'il ne s'exprime que dans les combinaisons XX. La preuve les tailles de tricot, hein ? XS, XL, XXL, hein, vous voyez des Y là-dedans, vous ? Cherchez pas, y'en a pas. Ah ! Je veux bien qu'on s'assure l'égalité des sexes devant la transmission culturelle, mais là quand le même le tricot, c'est pas possible. Déjà au temps des cavernes, Grmph partait tranquillement jouer à la playstation -1000 (un truc avec deux os, et une boule de craie, qui faisait ping, puis pong) pendant que Grmpha utilisait deux os très très pointus pour tricoter des crins de mammouth, "ô regarde les zoulis chaussons roux pour Grmphette" (en vrai ça faisait quelque chose du genre "Ô grmphou grmphok grmphag Grmphette"). Alors si c'est la preuve par l'histoire, ça.

Bon sang, le tricot, c'est pas possible je vous dit. Y'a que les Grand-mamans de Sigmund et la Maman de Sigmund qui ont attaqué des tricots géants pour ce pauvre mioche qui est allergique à la laine si ça se trouve. Les grand-papas, eux, en sont tranquillement restés à l'évaluation des dangers potentiels du nid de la maison (ah ouais vas-y les prises électriques, vas-y la bibliothèque à ne pas utiliser comme un escalier d'appoint, vas-y les objets contondants, répare-moi ça mon coco ou on te déshérite). Oui, pasque si la maman tricote, le papa fait le nid j'ai l'impression. J'ai réalisé ça ce week-end, alors que je m'arrêtais pour regarder l'avancement du tricot taupe, le dos chargé des vingt-cinq cartons que j'avais trié, et que je descendais à la cave avec les meubles à virer, les trucs inutiles, les machins qu'il a fallu ôter pour faire la place au gaufrier et au lit du bébé (par ordre d'importance). Ouais, le papa fait le nid, c'est dans les gènes. Et la maman elle tricote des chaussons. Enfin pour le nid le papa fait le gros ouvrage, hein ? Les fioritures, le duvet, les plumes, l'herbe et les brindilles c'est pour la maman. On fignole le nid, j'te jure, on dirait des piafs.

Enfin presque. Que si on faisait tout comme des piafs, la rigolade. On y est presque, pourtant. Bon manger des graines je dis pas ça me branche moyen. Quand j'avais fait le portrait en graines de ma maman j'en avais picoré au moins la moitié et j'avais été malade (à moins que ce n'est été la colle Cléopâtre, j'en bouffais au moins un pot par jour à l'époque, avec la petite languette rouge...). Mais le reste on est pas loin, hein ? On fait le nid pour l'arrivée de Sigmund comme la mésange commune d'Europe, on drague en roucoulant comme le pigeon gris des villes, on part où qu'il fait chaud en été comme la cigogne d'Alsace, on mange tout ce qu'on trouve comme le coucou glouton des carpates, on jacasse à perte de temps comme le passereau vert du Mexique, on se retrouve en bande pour picoler comme le grand Ara rose du Guatémala, tout pareil, quoi. Vous voyez bien qu'on est pas loin des animaux hein, presque : sauf pour la (putain de) poussette, bien sûr. Y'en avait pas des poussettes au temps des cavernes, les gamins y couraient dès qu'ils étaient nés, sinon y se faisait bouffer par les dinosaures. Ou brûlés par la montagne de feu... Bon d'accord je sais c'est pas crédible. Y'avait pas de dinosaures au temps des cavernes. Pffff. D'accord les mioches y couraient pas, comme les notres, y avaient peut-être des poussettes avec des roues en pierre super dures à plier ou alors y restaient dans la caverne à faire Grmph, grmph.

Pour en revenir au tricot... la photo qui tue.
Un bien bel ouvrage de la grand-maman de Sigmund, on dirait une veste de kimono pour poussin karatéka. Et là, si tu dis "c'est cromeugnon", tu as perdu, sauf si tu es une femme (pasque c'est génétique, je viens de l'expliquer, m'enfin faut suivre à la fin). Si tu es un homme et que tu t'exclames "C'est vraiment trop chou", tu es mûr pour le livret de paternité. Mon pauvre gars, tu ferais mieux d'envisager une fuite au Guatémala au lieu de dire des conneries. On va te faire des chaussons taille 44, on verra si tu trouves ça choupin tout plein.
En tout cas j'ai essayé le tricot, ben c'est vraiment trop dur. Chais pas, mes doigts y arrivaient pas. J'avais l'impression que mon corps entier criait "occupe-toi du nid d'abord, grmph, grmph", j'avais les yeux qui me piquaient, le nez qui coulait, les bras qui me faisaient mal. Comme une allergie programmée. Génétique je vous dit. Le tricot. C'est pas fait pour les hommes, voilà tout.
En tout cas Sigmund y va être super beau en jaune.