Suite de et .

Aussitôt sortis des griffes de Gorgone, mon amour-à-bidon-gélifié et moi on retourne dans la salle d'attente. Pour faire quoi ? Mystère, personne ne nous a rien dit. Confusément, on se doute que c'est pas fini. Apparemment, y'à une prise de sang à faire, et un dossier administratif à remplir, ainsi qu'un rendez-vous à prendre. Le problème c'est qu'on ne sait pas qui doit faire la prise, à quoi sert le dossier administratif et quel est le rendez-vous qu'on doit prendre. Pourtant on est plus pas plus mal-comprenant que les autres, je pense. Mais j'ai l'impression que cet hôpital s'est chargé de nous faire comprendre l'inverse. Ce doit être un malédiction cosmique, un oracle caché qui a brandi la terrible malédiction : "CHA-QUE SI-E-CLE, IL Y AURA" (bon j'arrête la majuscule c'est trop relou à taper mais vous voyez le genre, quoi) IL Y AU-RA un pauvre couple choisi au hasard sur lequel les avanies de décades de frustration se passeront, tiens bong comme ça de manière purement gratuite. Pour les siècles des siècles. Amène ta gamelle pour ramasser tes dents . Et boum, là c'est nous. Je crois qu'on a pas encore pris la mesure de la malédiction, genre accouchement par césarienne inversée, mise au monde de quadruplés que Batman avait raté (ah merde, désolé j'avais pas vu ils étaient alignés) ou pire encore la roue avant qui tourne sur le caddie(r) au moment de partir pour la clinique.

Bon pasque mon amour-tout-court et moi faut vous dire qu'on est affreusement normaux. On a jamais de problèmes graves, toute notre vie passe comme dans du beurre ouaté, on passe à travers de toutes les avanies modernes (impôts, accidents, aggressions, terrorisme de masse, démarcheurs par téléphone) sans tuile notable. La semaine dernière on m'a remboursé un trop payé d'impôt par exemple. Hé oui. Je l'ai aussitôt reconverti en couches (j'ai rempli la cave en prévision de l'arrivée de Sigmund) et en poussettes. A part ça, il ne nous arrive jamais rien de spécial. Bon les décès je ne dis pas. Comme tout le monde. Mais je travaille quand même dans les pompes funèbres donc c'est normal. Mais le reste, rien. Même limite on se fait chier un peu, quoi. Donc c'est possible que la grande roue du karma cosmique se mette à tourner comme... comme... mince c'est con la seule image qui me vienne à l'esprit c'est cette roue de caddie(r)... ah non, tiens, comme la roue de la fortune. Faudra bien qu'on tombe sur banqueroute à un moment donné, non ? Faudra bien qu'on paye, en bon judéo-chrétien.

Et peut-être que la facture hé ben c'est l'hôpital.
P'têt ben que j'aime pas les hôpitaux, aussi.
En tout cas on était comme des moules dans la salle d'attente, et puis au bout d'un moment (une heure) on s'est dit qu'il fallait qu'on lutte tous seuls contre la malédiction. On s'est levé et on est allé dans le bureau des prises de sang. J'ai ligoté l'infirmière et on s'est fait nos prises de sang nous-mêmes. On a mêlé nos sangs dans l'éprouvette et j'ai gravé dessus Bourrichon-Dugenou pour la vie avec un coeur dessus. Je l'ai laissé en évidence sur la desserte en métal, comme la marque de zorro. Puis j'ai répandu le reste du sang des autres éprouvettes sur le sol en sacrifice à la pacha-mama, dès fois que ça lèverait la malédiction.
Et puis on est parti dans les bureaux administratifs. On est rentré de force dans plusieurs bureaux avant de trouver le bon. Dans le doute, on a rempli à chaque fois un dossier et obtenu des autorisations. On a bien récupéré notre prise en charge de maternité par la Ville de Paris. Au bout du septième bureau. Si vous avez besoin d'un formulaire tamponné d'internement de force, j'en ai un. Si vous avez besoin d'une prothèse de jambe gauche, j'ai un bon de commande signé. Si vous avez besoin de quinze tonnes de compresses stériles, j'ai le duplicata de la commande. Si vous avez besoin de billets d'avion pour le nicaragua, j'en ai (celle-là, je sais pas si elle travaillait vraiment). Bref. On était presque au bout de nos épreuves. Le problème c'est qu'il y avait quand un certain nombre de personnes qui nous cherchaient, avec des camisoles à la main et des seringues remplis de liquide tranquillisant. On s'est déguisé avec des blouses, personne ne nous rien demandé. Trop facile. Dommage, j'avais pas de stéthoscope, on aurait pu jouer à Urgences. Bref.

Au bureau des rendez-vous, comme j'avais une blouse on a pas eu de problèmes. On a eu tout ce qu'on voulait. J'ai réservé un rendez-vous par mois jusqu'en 2008, dès fois que la grossesse dure plus longtemps que prévu. Au nom du docteur Carter, la classe (ah ouais, j'aurais du faire gaffe pasque le vrai docteur Carter il est venu dans un épisode la série, celui où il passe de l'assemblée à la tour Eiffel en une minute de taxi avant d'achever sa course trois minutes après à l'hôpital Saint-Antoine). Bref. Voilà. Tout était bouclé, iltait pas loin de 23h00 (j'exagère à peine).
On a pas pu récupérer le caddie(r), y'avait des infirmiers balaises comme ça autour qui nous attendaient. C'est pas grave j'en achèterais un autre, ça coute que un euro. Le problème, c'est qu'on est un peu tricards à l'hôpital, pour le coup. Faudra qu'on se déguise la prochaine fois.
Tiens, une idée. En Abbé Pierre, c'est cool, ça devrait marcher !