Ahlala. L'autre jour après le boulot j'avais retrouvé mon amour à bidon-qui-pointe dans un grand magasin de fringues pas chères pasqu'elle avait envie de s'acheter des fringues de grossesse (que je te dis pas les système pour s'adapter aux bidons, c'est pas croyable : pour la braguette et la ceinture c'est comme des fausses fringues qui seraient collées sur un espèce de tube qui remonte sur le bidon. C'est terriblement pas sexy, mais au moins Sigmund reste au chaud). Donc c'était une espèce de grande surface déserte à cette heure-ci, avec un rayon "future maman" (et pourquoi y'a jamais de rayon "futur papa" avec des trucs anti-angoisse pour se détendre, hein ?) parfait pour mon amour-je-change-de-taille-toute-les-semaines. Et vas-y que je choisis une jupe, et vas-y que je t'essaye dix pantalons dans les cabines désertes. Bref. Des trucs de fille. Enceinte. Je n'dis rien. Juste je hoche la tête de temps en temps pour faire genre la jupe est jolie ou le pantalon beaucoup, beaucoup trop court.

Donc au bout d'un moment mon amour-indécise-bordel-on-va-pas-y-passer-la-soirée finit par se décider pour une jupe, deux pantalons, trois collants spécial femme enceinte, quatre paires de chaussettes spéciales femmes enceinte (là je crois que c'est de l'arnaque, mais bon laissons chauffer la carte bleue). ET nous nous rendons à la caisse, où un sympathique caissier nous attend. Un sympathique caissier qui commence à compter les achats tranquillement avec son sabre laser qui fait bip, là, mais si le truc avec du rouge où doit y avoir un lutin qui regarde vite-vite les étiquettes pour savoir les prix, bref. Et donc le gars nous regarde, regarde mon amour-à-bidon-caché-sous-le-manteau, regarde les achats, me regarde, sourit.

Et là, déclare : "comment y va le papa ?"

Ca me troue le cul.

Oui pasque bon le vendeur c'était un couillon faut voir comme. On l'entendait discuter avec l'autre vendeur qui rangeait les fringues dans les rayons et ça volait pas vraiment haut. En plus après il a commencé à nous raconter des trucs sur les femmes qui décidaient de tout avec les hommes qui perdaient leur virilité (je l'écoutais en rigolant, tout en prenant les dix sacs d'une main après avoir rangé ma carte bleue à moitié fondue dans mon portefeuille) et le monde qui perdait ses repères. Bon. N'importe quoi. Mais en même temps, son petit sourire, hein, c'était bien tapé. Il a bien vu que le papa n'était pas trop flambard. Qu'il avait des doutes. Des angoisses.

Putain, ça se voit sur ma gueule que le fait d'avoir un mioche me bouleverse ?
Ou alors c'est un lecteur de ce blog et il m'a entendu quand je sussurais à mon amour-habillée-pour-l'hiver que Sigmund n'aurait pas froid au moins. En tout cas je suis resté scotché. En plus c'est la première fois que quelqu'un que je connais pas me qualifie de "papa". Alors franchement je suis resté comme deux ronds de flan (bordel, mais pourquoi on dit toujours deux ronds de flan) qu'on aurait écrasés sous un piano. Pas très vif, quoi. Et on est parti au ralenti, mon amour-rigolarde me traînant par la main comme un gone mal réveillé.

Faut vraiment que je m'habitue, quoi.