Alors bon je savais bien que ça allait arriver à un moment ou à un autre, mais bon voilà c'est tombé ce week-end. Oui, oui, ce week-end de fin d'année où la plupart des gens ne pensent qu'à se baffrer tout ça, sauf ceux qu'ont rien à bouffer eux y pensent qu'à survivre et c'est pas gagné. Mais la majorité des gens restent calfeutrés dans leurs maisons douillettes, et en particuliers les gynécologues qui n'ont pas que ça à faire de s'occuper de leurs patientes en souffrance vu que y'a quand même les huîtres à ouvrir.

Bon d'ailleurs c'est vrai que c'est très surfait les douleurs imaginaires des bonnes femmes pendant leur grossesse, faut voir comme elles s'écoutent trop, allez voir dans les autres pays comment qu'elles sont actives à cinq mois et vous m'en direz des nouvelles, alors franchement, hein. C'est quand même pas pasque une patiente n'arrive plus à respirer et qu'elle a mal au coté droit du bidon qu'on va s'arrêter de réveillonner, merde alors le champagne va se réchauffer et les langoustes se refroidir, alors bon. Moi perso je ne dis rien, c'est normal, hein, tout le monde a droit a des vacances.

Non c'est plutôt mon amour-à-bidon-magique (un coup je sors, un coup je rentre) qui fumassait à grand renfort d'imprécations. Pardon, je veux dire qui essayait de fumasser, vu qu'elle ne pouvait pas en débloquer une à cause de sa respiration coupée. Et qu'elle avait trop mal pour se lever. Alors on s'est résolu à débouler aux urgences pour voir si Sigmund nous ferait pas un petit coup de Calgon. C'était pas facile vu que j'ai pas encore bricolé le caddie(r) alors j'avais rien pour emmener mon amour-l'injure-à-la-bouche. Alors on y est allé à pied, répétition de juin prochain, comme deux petits vieux à pas comptés, mesurés...

Alors là c'était très pro aux urgences, y'avait quatre personnes qui rigolaient très fort à l'accueil et qui ont commencé par nous demander une photocopie de la carte d'identité de mon amour-qui-pense-à-tout (elle en avait une), mais pas la mienne parce que le père ils s'en foutent. En plus j'ai essayé d'expliquer que j'avais pas fini de bricoler le caddie(r) et j'ai vu un des infirmiers qui téléphonait discrètement. Bref. Ils ont pris mon amour en consultation, avec un externe (mais attention, on est resté à l'intérieur, je sais c'est un peu compliqué, surtout qu'après y'a l'interne qui est arrivé et qui m'a demandé de sortir). Et que je te pose dix milliards de questions (quand c'est que vous avez mangé du cèleri pour la dernière fois, pour la plus simple). Un quart d'heure de blablas comme ça pour finir par aller chercher le médecin de garde. Ah ouais, et puis me virer aussi.

Pasque à l'hôpital je sais pas pourquoi mais le père ils s'en battent les roubignolles avec un défibrillateur. Déjà quand je suis sorti de la salle pour attendre, y'avait le grand type de la dernière fois (c'est l'infirmier qui avait du l'appeler) qui m'a regardé avec un petit sourire en mimant des coups de batte sur les genoux (ou alors il faisait semblant de jouer au ping-pong dans un couloir d'hôpital, ce qui n'est pas très malin, convenez-en). J'étais pas trop rassuré. Puis aussi y'avait un engin genre sonar qui faisait des grands pings, ça résonnait dans le couloir. Et puis y'avait des panneaux qui disait qu'on devait être polis s'il vous plaît et pas lancer des injures au personnel soignant.. Bref c'était pas la joie, mais bon personne est vraiment à l'aise dans un hôpital (sauf le malade avec sa batte, je suppose).

Et puis l'interne et l'externe sont sortis dans le couloir (je suppose que c'est le seul endroit où ils ont le droit de parler) et se sont à parler devant moi en m'évitant soigneusement du regard, comme si j'étais un plateau de compresses stériles usagées. Et de disséquer le cas de mon amour-à-bidon-douloureux sans m'accorder la moindre attention. Et que je dégoise, et que je cancane. Qu'elle avait rien la petite. Que ouais peut-être un truc à la vésicule mais que Sigmund (y disaient pas Sigmund, hein, ils le savent pas, forcément) allait bien, alors la vésicule ça a rien à voir avec de l'osbétrick obsébstriqu hobbesthé des trucs de femmes enceintes, qu'ils allaient la rexpédier recta aux autres urgences dans son caddie(r), que ça allait pas traîner. J'ai essayé de faire mon regard "Hé les gars j'existe" mais tout ce que j'ai obtenu c'est un rire retenu du grand type qui était en train de malaxer une bouteille d'oxygène à mains nues, je vous jure.

Et puis finalement on a eu droit a une ordonnance de Nouvel An pour le réveillon. Du paracétamol à ajouter à notre demi-endive et au quart de yaourt. Champommy interdit. Allez, au-revoir et bonne année, hein. N'oubliez pas votre caddie en partant, hein ? On est partis, mon amour-au-point-de-coté et moi la respiration coupée, du coup. On partage les symptômes, maintenant. Mais je vous le dit, pour l'instant, l'hôpital j'ai pas beaucoup aimé. J'ai peut-être pas assez distribué de poulets pour graisser les pattes.

En tout cas je vous souhaite une bonne année !
J'espère que vous avez bien profité de votre réveillon.
Vous.